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Citation de Nastasia-B


— Je ne pus trouver la patience nécessaire pour m'empêcher d'aller à la porte prohibée. Je me livrai au diable et ouvris le battant couvert de plaques d'or. À peine étais-je entré dans la pièce que je respirai une odeur extraordinaire, qui me fit tomber à terre de tout mon long et me tint évanoui une heure. Puis j'arrachai mon âme du fond de mes entrailles, fortifiai mon cœur et, me relevant, je pénétrai jusqu'au fond de la chambre. Elle était tapissée de fleurs de safran ; des bougies l'éclairaient, ainsi que des lampes en or et en argent, alimentées par une huile précieuse qui dégageait en brûlant un parfum pénétrant ; quant à la cire des bougies, elle était piquée d'aloès et d'ambre. Je vis d'énormes encensoirs, chacun de la grosseur d'un chamelon, remplis de braise ardente, qui laissaient échapper des volutes d'ambre gris mêlé d'encens, de musc, de cire parfumée et de safran. J'aperçus pour finir, ô dame, un cheval de belle race, noir comme une nuit aveugle, qui avait devant lui une mangeoire de cristal blanc, remplie d'un côté de sésame décortiqué, de l'autre d'eau de rose parfumée au musc. Ses rênes et sa selle étaient d'or rouge.
Tout ce spectacle ne laissait pas de m'étonner et je me dis que cette bête devait posséder une puissance peu commune. Alors Satan m'inspira l'idée funeste de tirer le cheval, de l'amener jusqu'à la porte du palais et de le monter. Je mis ce plan à exécution. Mais quand je fus installé sur le dos de l'animal, il ne bougea pas et resta fièrement campé à sa place. Je le piquai au talon : en vain. Plein de colère, je pris un fouet, dont je lui cinglai les flancs. Sentant le coup, il fit retentir un hennissement aussi puissant que le tonnerre. Il ouvrit alors deux larges ailes, et m'emporta dans les airs, si haut que je ne distinguai plus les objets au-dessous de moi, sur la surface du sol. Après un parcours d'une heure environ, il s'abattit sur la terrasse d'un autre palais et se débarrassa de moi d'une ruade. Puis il me fouetta de sa queue et m'atteignit au visage si cruellement qu'il me creva l'œil, le fit couler sur ma joue, et m'affligea de cette infirmité où vous me voyez maintenant.

4. LE PORTEFAIX ET LES DAMES.
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