5. « Laissez venir les mots, sans arrêt
Comme la vague qui vient, qui part
Mais qui revient, sans cesse.
Laissez venir les mots, les cueillir
Comme les coquillages laissés sur la plage par la vague.
Laissez venir les mots, les fixer
Les fixer pour soi, pour les autres
Laissez venir les mots pour les dire, pour les sons.
Laissez venir les mots, sans freiner,
Les laisser couler comme l'eau de la rivière
Les laisser passer en cascade
Lorsqu'ils arrivent en force et nombreux.
Les saisir tous, les beaux, ceux qui plaisent
Les vilains qui rebutent et les gros qui décoiffent.
Les accepter quand la plaine a devancé
Un peu la pensée, du moins celle perçue.
Les accepter, comme on accepterait les formes
Tracées à son insu croit-on et que l'on découvre.
Les découvrir. D'où sortent-ils ? D'où viennent-ils ?
Les connus, les moins connus.
Les relire, les laisser.
Mots d'un moment et non d'un autre.
Les apprécier.
Les revoir différemment, pas comme la première fois.
En saisir le sens, de tous, même des tout petits. » (Josette, p. 147)
3. « L'atelier vise à favoriser la rencontre avec d'autres personnes, des Autres, d'en avoir moins d'appréhension et d'en faire une expérience positive. Il me semble que l'on vient en atelier écrire à plusieurs pour chercher des altérités, d'autres voix que la nôtre ; on vient chercher à déplier, à reconnaître, à écouter et à laisser écrire les autres voix qui parlent en soi, ce qui n'est pas acceptable en soi, ce que l'on ne souhaite pas entendre, notre étrangeté. L'atelier est un lieu où l'on vient reconnaître ce que l'on dépose. Les autres voix de groupe permettent d'accepter la trace qui émerge de soi.
On cherche l'écho du groupe, le regard que l'autre porte sur nous et qui confirme notre existence et notre altérité. Ce regard qui s'adresse à nous, nous l'intégrons pour nous regarder autrement, et mettre de l'altérité en nous. La relation à l'autre, dans le groupe, conduit à percevoir la présence de l'altérité en soi, la relation aux autres en soi. » (Nathalie Eudes, p. 41)
1. « Écrire, c'est faire apparaître cette part d'étrangeté de nous-mêmes que Freud a qualifié d'"inquiétante".
Et si l'on souhaitait, au fond de soi-même, ne pas être inquiété ? Serait-ce alors la menace de l'inévitable mise en déséquilibre devant laquelle recule celui qui a du mal à écrire ? Si la difficulté d'écrire réside dans ce rapport à l'imaginaire, les "techniques" objectives sont de peu de recours pour celui qui se débat dans le fatras de ses implications subjectives. Ce n'est pas dans la textualité, dans la rationalité plus ou moins satisfaisante, qu'il faudra chercher des réponses à cette question, mais dans le contexte qui sous-tend le "passage à l'acte" d'écrire. » (Roland Gohlke, p. 11)
4. « Accepter que la langue me parle en même temps que je parle la langue, demande un certain renoncement. La volonté de l'auteur ne s'impose plus comme seule source du texte, la recherche du "mot juste" comme reflet de cette volonté se révèle vaine : le mot est toujours juste, quoi que je dise. C'est juste ce mot-là qui est venu s'écrire. Il exprime ce qui cherche à se dire. À nous d'entendre, d'ajuster notre écoute et notre entendement, qui sont parfois, eux, loin du sujet.
Le sujet du texte est l'auteur. » (Roland Gohlke, p. 48)
2. « La stratégie de l'animateur visera surtout à ce que, par le biais de ces retours, des mises en relations s'effectuent entre les participants, mises en relation égalitaires et réciproques visant à démentir toutes tentatives pour se dévaloriser. » (Valérie Covarel, p. 19)