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Citation de Partemps


IOUNG IE.

1. Le Maître dit : Ioung (Tchoung koung) est capable de régler les affaires publiques, le visage tourné vers le midi, (c-a-d., d'exercer l'autorité souveraine). Tchoung koung interrogea Confucius sur Tzeu sang Pe tzeu. Le Maître répondit : « Il a de bonnes qualités ; il se contente aisément. » Tchoung koung dit : Être soi-même toujours diligent, et ne pas exiger trop de son peuple, n’est ce pas louable ? Mais être soi-même négligent, et, dans l’administration, exiger peu des autres, n’est ce pas se contenter trop facilement ? Le Maître répondit : « Ioung, vous dites vrai. » Si un officier prend la ferme résolution d’être diligent, il a une détermination, et se gouverne lui-même avec sévérité. Si de plus il exige peu du peuple, les charges imposées ne sont pas nombreuses, et le peuple n’est pas molesté. Mais s’il se propose avant tout de se contenter aisément, (de faire peu de choses), il n’a pas de détermination, et il est très indulgent envers lui-même. Si de plus, dans les affaires, il se contente de peu, n’est ce pas une négligence excessive et l’abandon de toutes les lois ? Dans les Traditions de famille (sur Confucius), il est rapporté que Tzeu sang Pe tzeu ne portait à la maison ni tunique ni bonnet. Confucius l’a blâmé d’avoir voulu que les hommes vécussent comme les bœufs et les chevaux.
2. Le prince Ngai demanda à Confucius quels étaient ceux de ses disciples qui s’appliquaient avec ardeur à l’étude et à la pratique de la vertu. Confucius répondit : « Ien Houei s’y appliquait avec ardeur. Lorsqu’il était justement irrité contre quelqu’un, il n’étendait pas injustement sa colère à un autre. Il ne tombait jamais deux fois dans la même faute. Malheureusement, il a peu vécu. A présent, il n’est plus personne qui lui ressemble. Je n’ai entendu citer aucun homme qui aimât véritablement la sagesse. »

3. Tzeu houa était dans la principauté de Ts’i chargé d’une mission (qui lui avait été confiée par Confucius, alors ministre de la justice dans la principauté de Lou.). Jen tzeu (ami de Tzeu houa) demanda à Confucius du grain pour la mère de Tzeu houa. Le Maître dit : « Je lui en donne six boisseaux et quatre dixièmes. » Jen tzeu en demanda davantage. (Confucius) dit : « Je lui en donne seize boisseaux. » Jen tzeu lui en donna de son chef quatre cents boisseaux. Le Maître réprimanda Jen tzeu, et lui dit : « Tzeu houa est allé à Ts’i dans une voiture traînée par des chevaux magnifiques, et avec des vêtements garnis de fine fourrure. J’ai entendu dire que le sage secourait les indigents ; mais n’ajoutait pas à l’opulence des riches. »

Iuen seu était gouverneur d’une préfecture. (Confucius) lui donna neuf cents mesures de grain. Iuen seu, jugeant que c’était trop, refusa. Le Maître dit : Acceptez ; vous le distribuerez aux pauvres dans les hameaux, les villages, les villes et les bourgades de votre préfecture. Un officier ne doit pas refuser le traitement ordinaire. S’il a du superflu, il fera bien de le distribuer aux pauvres et aux indigents.

4. Le Maître dit en parlant de Tchoung koung : « Si une génisse, née d’une vache au poil varié, est de couleur rousse et a les cornes bien régulières, quand même on ne voudrait pas l’offrir en victime, les esprits des montagnes et des fleuves n’exigeraient ils pas qu’elle leur fût immolée ? » Sous la dynastie des Tcheou, les victimes de couleur rougeâtre étaient les plus estimées ; on immolait des bœufs roux. Sans doute une génisse ou un taureau qui n’est pas d’une seule couleur ne peut servir comme victime ; mais la génisse ou le taureau né d’une vache ou d’un taureau aux couleurs variées peut être immolé, si sa couleur est rougeâtre ou rousse. Le père de Tchoung koung était un homme méprisable et vicieux. Confucius se sert d’une comparaison tirée de la couleur des victimes, pour montrer que les vices du père ne détruisent pas les bonnes qualités du fils ; que si Tchoung koung a des vertus et des talents, on doit lui confier une charge dans l’intérêt du pays.

5. Le Maître dit : Ien Houei passait trois mois entiers sans qu’aucun mouvement de son cœur s’écartât de la plus haute perfection. Mes autres disciples atteignent la perfection au plus une fois par jour ou par mois, et ils s’arrêtent.

6. Ki K’ang tzeu demanda si Tzeu lou était capable d’administrer les affaires publiques (en qualité de grand préfet). Le Maître répondit : « Iou (Tzeu lou) sait prendre une décision ; quelle difficulté aurait il à administrer les affaires publiques ? » Ki K’ang tzeu dit : Seu (Tzeu lou) est-il capable d’administrer les affaires publiques ? Confucius répondit : « Seu est très intelligent ; quelle difficulté aurait il à administrer les affaires publiques ? » Ki K’ang tzeu dit : K’iou (Jen lou) peut-il gérer les affaires publiques ? Confucius répondit : « K’iou a beaucoup de talents ; quelle difficulté aurait il à administrer les affaires publiques ? »

7. Le chef de la famille Ki fit inviter Min Tzeu k’ien à exercer la charge de gouverneur dans la ville de Pi. Min Tzeu k’ien répondit à l’envoyé : « Exprimez poliment mon refus à votre maître. S’il m’envoie un second messager, je serai certainement au delà de la Wenn (non plus dans la principauté de Lou, mais dans celle de Ts’i). » Min Tzeu k’ien, nommé Suenn, disciple de Confucius. Wenn, rivière qui passait au sud de la principauté de Ts’i, au nord de celle de Lou. Le chef de la famille Ki était grand préfet ; il gouvernait la principauté de Lou avec un pouvoir absolu. La ville de Pi lui appartenait, et lui servait comme de citadelle pour résister à son prince. Lorsque Confucius était ministre de la justice, il voulait toujours la démolir. Un jour Ki fit inviter Min tzeu à exercer la charge de gouverneur dans cette ville. Il n’avait d’autre dessein que de se l’attacher. Mais Min tzeu était un disciple vertueux et sage du plus sage des philosophes. Comment aurait il consenti à suivre le parti d’un sujet qui avait usurpé tout le pouvoir ? Il répondit à l’envoyé : « Le grand préfet veut se servir de moi ; mais les honneurs et les riches appointements n’excitent pas mes désirs. Vous, parlez pour moi à votre maître doucement et adroitement. Dites lui mon désir de n’exercer aucune charge, et détournez le de me confier un emploi. Si l’on revient me faire une seconde invitation, certainement je quitterai la principauté de Lou, et me réfugierai au delà de la Wenn. »

8. Pe gniou étant malade, le Maître alla lui faire visite. Il lui prit la main à travers la fenêtre, et dit : « Nous le perdrons. Le Ciel l’a ainsi ordonné. Se peut il qu’un tel homme soit ainsi malade ! Se peut il qu’un tel homme soit ainsi malade ! »

Pe gniou était l’un des disciples de Confucius. Son nom de famille était Jen, et son nom propre Keng. Les anciens lettrés ont pensé que sa maladie était la lèpre. La fenêtre dont il est ici parlé regardait le midi. D’après les usages, celui qui était malade se tenait auprès d’une fenêtre tournée au nord. S’il devait recevoir la visite d’un prince, il changeait de place et se tenait auprès d’une fenêtre tournée au midi, afin que le prince en le visitant eût le visage tourné vers le midi. Les personnes de la maison de Pe gniou voulurent faire le même honneur à Confucius ; mais le Philosophe n’osa pas l’accepter. Il n’entra pas dans la maison, prit la main du malade par la fenêtre, et lui dit un éternel adieu.

9. Le Maître dit : « Que la sagesse de Ien Houei était grande ! Il demeurait dans une misérable ruelle, n’ayant qu’une écuelle de nourriture et une cuillerée de boisson. Un autre, en se voyant si dépourvu, aurait eu un chagrin intolérable. Houei était toujours content. Oh ! que Houei était sage ! »

10. Jen K’iou dit : « Maître, ce n’est pas que votre doctrine me déplaise ; mais je n’ai pas la force de la mettre en pratique. » Le Maître répondit : « Celui qui vraiment n’a pas assez de forces tombe épuisé à moitié route. Pour vous, vous vous prescrivez des limites (que vous ne voulez pas dépasser ; ce n’est pas la force, mais la volonté qui vous manque). »
11. Le Maître dit à Tzeu hia : « Soyez un lettré vertueux et sage, et non un lettré sans vertu. »

12. Lorsque Tzeu iou était gouverneur de Ou tch’eng (ville de la principauté de Lou, à présent Kia siang hien), le Maître lui dit : « Avez vous trouvé des hommes qui méritent votre confiance ? » Tzeu iou répondit : « Il y a T’an tai Mie ming. Il ne va jamais par les sentiers écartés et cachés. Jamais il n’est allé à mon prétoire que pour des affaires publiques (jamais il n’y va pour avancer ses propres affaires). »

13. Le Maître dit : « Meng Tcheu fan ne se vante pas lui-même. L’armée ayant été mise en déroute, il est revenu le dernier. Arrivé à la porte de la capitale, il frappa son cheval, en disant : « Ce n’est pas que j’aie eu le courage de me retirer après les autres ; mais mon cheval ne marche pas. » Meng Tcheu fan, nommé Tche, était grand préfet dans la principauté de Lou. La onzième année de Ngai, l’armée de Ts’i envahit la frontière septentrionale de Lou. Les troupes de Lou rencontrèrent celles de Ts’i non loin de la capitale de Lou. Elles furent mises en déroute. Meng Tcheu fan resta seul derrière tous les autres, revint le dernier et, en se retirant, il résista encore à l’ennemi, afin de sauver l’armée. On peut dire qu’il a bien mérité de son pays. Arrivé à la porte de la capitale de Lou, au moment où tous les regards étaient tournés vers lui, il fouetta son cheval, et dit : « ]e n’aurais pas eu le courage de rester le dernier ; mais mon cheval ne peut avancer. » Non seulement il n’eut aucun orgueil de sa belle action, mais il essaya même de la cacher.

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