On n’est jamais très sûr de parler juste lorsqu’on évoque André Derain (1880-1954). Artiste complexe, il a montré tant de revirements dans sa trajectoire qu’il laisse l’observateur dérouté et troublé. Un commentaire de Alfred H. Jr. BARR, directeur du MoMA de New York, résume, en 1963, ce malaise : «Il y a quarante ans, dans les années 1920, on considérait souvent qu’André Derain appartenait au triumvirat des peintres qui dominait l’art moderne à Paris et, donc, en Occident. Les deux autres étaient Matisse et Picasso. Mais quand il mourut en 1954, on regarda avec condescendance, parfois même avec mépris, son travail des 30 dernières années ; et c’est encore bien souvent le cas ».
Tout est dit. Retracer sa vie c’est, dès lors, remonter le fil de ce discrédit et s’interroger sur le nombre important de ruptures qui ont marqué son travail : reniements répétés ou fidélité à un mystérieux engagement originel ?