« Le Japon est le pays des fantômes. Une brume perpétuelle y règne mais c’est une brume lumineuse et j’aurais presque envie de dire numineuse ( du latin nûment signifiant sacré ). »
Paul Claudel, ambassadeur de France au Pays du Soleil-Levant entre 1922 à 1928.
Les plus belles armures ont une aura. On peut les comparer à des sculptures, car au Japon, il n’y a pas de clivage entre l’utile et le beau, le fonctionnel et l’artistique.
( Armures de daimyos- Musée Guimet )
Peintre et chrétien, et non peintre chrétien, c’est cette nécessité intérieure qui lui fait représenter un pain comme un visage. Pour Couty toute réalité charnelle trouve dans l’alchimie de la peinture un moyen de transcendance lui permettant d’exprimer le sens profond de chaque être et de toute chose pour parvenir à ce qu’il appelle « le réel dépassé »
Le mouvement, au XIXe siècle, c'est le déplacement des corps dans l'espace mais aussi les dernières grandes explorations, l'évolution des espèces, Darwin autant que Bergson, le ballet des cellules et les aventures de la psyché. Degas et Valéry sont pleinement de leur temps, quand bascule le siècle : à la fois admirateurs d'Ingres et de Delacroix et attentifs à la transformation globale du monde. Degas Danse Dessin est une sorte de palimpseste qui se redéfinit sans cesse, une oeuvre en perpétuel mouvement. Le cinéma invente vingt-quatre images par seconde, Valéry et Degas nous livrent quasiment, au fil des pages et du récit, vingt-quatre dessins par seconde. En définitive, cette exposition peut être vue comme un "rush" de ce grand film que livre le siècle.
Marine Kiesel, p. 10
Degas par Valéry, propos recueillis par Valérie Bougault.
Peintre de l'élite mondaine de son temps, Boldini est lui-même une figure en vue du Tout-Paris.Son désir d'arriver dans le monde remonte à son enfance ferraraise.Dans le salon de sa grand-mère, il commença "à diviser le monde en deux catégories : celle des pauvres et celle des riches; et dès lors, il décida que seule la seconde catégorie lui convenait" (La Nuova Italia, 25 novembre 1942)
La vie a pris l’allure d’un poème de Paul Eluard, « tout a la couleur de l’aurore », et le destin s’amuse à ramener sur ces terres Pablo Picasso, l’artiste que me monde entier envie à la France.
Visitant en 1946 avec Françoise Gilot, l’exposition annuelle des potiers de Vallauris, il s’arrête sur le stand de Suzanne et Georges Ramié. On lui tend, par tradition, comme à tout nouveau venu, une boule de terre souple. Il modèle un petit faune et deux taureaux…..

Aujourd’hui, à 70 ans, elle affirme vouloir faire émerger un Gesamt-kunstwerk, une œuvre d’art totale. Dans son atelier blanc méticuleusement rangé de la Moontower Foundation, elle met la dernière main, avec l’aide d’un assistant, à une sculpture motorisée : Between the Knives the emptiness (Entre les couteaux, le vide), qui donne son nom à une exposition à la galerie Lelong à Paris. L’œuvre, constituée de trois couteaux et d’un gros pinceau japonais, fait référence à la notion bouddhiste de vacuité, « le degré le plus élevé de l’énergie » selon Rebecca Horn. Le concept d’énergie est essentiel dans l’œuvre de l’artiste. En 2002, elle avait transformé la piazza del Plebiscito à Naples en un espace traversé par l’énergie magnétique, en plaçant en hauteur des anneaux lumineux exactement au-dessus de crânes en fonte enchâssés dans les pavés, sur le modèle de ceux que l’on trouve dans les catacombes de la ville (Spiriti di Madreperla). « Ainsi, l’énergie négative des crânes s’élève vers la lumière et la mort devient un apaisement », pense-t-elle.
(!! ?)

Dans les années 1930, Fautrier renonce au visage et à la représentation de l'être humain : les sujets deviennent des objets. A travers cette nouvelle thématique, l'artiste met en oeuvre le style qui sera baptisé informel, créant des images-reliefs obtenues à partir d'empâtements et de couches de couleur pétries et labourées. Ce malaxage de la matière donnera lieu à la série des Otages, qui va asseoir définitivement la renommée de Fautrier, consacrée par les écrits d'André Malraux, de Jean Paulhan ou de Francis Ponge. L'histoire est connue : en 1943, inquiété par la Gestapo, le peintre doit fuir Paris et trouve refuge à Chatenay-Malabry, en banlieue parisienne. Marqué par l'Occupation nazie et par les exactions - certaines exécutions de prisonniers, amenés par camion, se déroulent dans un bois tout proche de sa maison -, le peintre, comme d'autres artistes qui ont vécu le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale, cherche à inventer une nouvelle figure humaine. Face à ce que l'écrivain britannique Henry James appelle "l'imaginaire du désastre", Fautrier réalise des corps sans tête, des têtes sans corps. Exécutées de 1943 à 1945, moment de leur exposition à la Galerie Drouin, elles sont la réaction la plus immédiate aux récentes horreurs, à la violence de l'Histoire. Plusieurs tableaux de cette série se nomment Tête d'otages, cette partie du corps qui englobe face et boîte crânienne. La matière de ces petits empâtements plus ou moins blancs aux contours anthropomorphes évoque autant le bas-relief que la peinture. (p. 36)
Itzhak Goldberg - Portraits, visages, têtes
Méditation : Dieux hindous, bouddhas et bodhisattvas, grands maîtres du jainisme, moines taoïstes, ascètes et yogis… Peintes ou sculptées, les figures en méditation sont d’autant plus présentes que cette pratique est au cœur de maintes philosophies et religions du continent asiatique.
Dans l’esthétique indienne, le « sentiment de sérénité » (shanta) compte parmi les neuf émotions fondamentales (rasa) que peut ressentir le spectateur devant une œuvre d’art.
Pamphlets politiques
Les ténèbres qui s'abattent progressivement sur l'Europe au cours des années 1930 métamorphosent le peintre errant en émigré politique: en 1934, il rejoint la Tchécoslovaquie voisine. L'expansionnisme nazi en Europe centrale obligera cependant Kokoshka à se réfugier à Londres dès 1938.
Ce sentiment de menace conduit l'artiste à user de la peinture comme d'un " instrument de guerre", selon la formule de Picasso.
( p.54)