Connaissance des Art, n°730 de
Connaissance des arts
Picasso reste dérangeant, voire toxique.
« Le parcours est globalement chronologique mais comporte des ensembles thématiques et des sortes de raccourcis, qui permettent de comprendre le processus de travail et la complexité de la démarche de Picasso. Un découpage strictement chronologique aboutit à une vision qui peut en fausser la perception. Ainsi, par exemple, les salles « néoclassiques » mettront en avant la complexité des références simultanées, de Manet à Ingres, mais aussi le recours à la photographie, au chromo, à la culture populaire.
Entre 1914 et 1924, Picasso développe à la fois une œuvre cubiste et une œuvre naturaliste, et sa recherche se nourrit de cet antagonisme. Enfin, le concept de « sur-réalisme » constitue pour cette période un élément fondateur. L’exposition comprendra aussi une grande salle inaugurale Trans chronologique réunissant des portraits virils et des autoportraits de 1895 à 1972. Elle permettra de construire une vision globale, sur un mode accéléré, des transformations et mutations de la peinture de Picasso.
Là encore l’objectif poursuivi est d’appréhender l’œuvre dans sa totalité.
La simultanéité de ces différentes facettes témoigne que l’artiste a été porté dès 1900 par une volonté de se réinventer sans cesse. A mon sens, c’est cela que le musée doit montrer. Aujourd’hui encore, Picasso reste dérangeant, voire toxique, et son musée, loin de se figer dans une vision académique, officielle et convenue de son art, doit porter ce message de subversion et d’ »insurrection de la peinture », pour citer André Breton, comme celui d’un déplacement continuel des moyens plastic et des objectifs scientifiques et culturels de l’institution… »
(Anne Baldassari, Commissaire de l’exposition inaugurale)
+ Lire la suite