MES OMBRES
Extrait 2
Du sursis de vivre, elles ombres se déshabillant en maillot
D'homme ou de femme, avant, pieds nus, d'aller à l'oblique
Se plonger aux vagues tandis que des toiles d'enfant conduites
Du poignet s'élevaient très haut au-dessus d'elles, jouant
À des jeux avec l'impalpable, et puis, baissant les yeux
À nouveau vers les rides du sable et les chenaux en miniature
Où l'eau refluait en bouillonnant, je ne les ai plus vues
Tout à coup, comme désailé d'eux, mais sans l'à vif d'une
blessure,
Courlis esseulé en déguisement d'homme me redressant
Sur mes échasses j'ai attendu, oreilles au vent, le retour de
leurs voix,
Vainement, mes ombres avaient quitté à nouveau l'enfance
De leurs ébats réels pour se réfugier dans une source
Connue d'elles seules, où la lune n'exerce plus d'influence,
Où les chars à voile s'appellent peut-être même chairs à voiles
Qui glissent non plus latéralement mais dans la profondeur,
De l'arrière vers l'avant, recoupant quelquefois nos dimensions
//Jacques Darras ( 11/12/1939 - ).