Les quatre dernières années furent plutôt difficiles pour les gens de Bellesroches qui espéraient toujours voir débarquer un médecin capable de remplacer le bon vieux docteur Doiron malgré les oppositions de Didier Langevin qui, lui, ne parvenait pas à oublier la fameuse nuit des jumelles. Nul n’osait le contrarier. Il avait la mainmise sur les décisions du Conseil municipal, savait le manipuler et pouvait vous démolir son homme dans le temps de le dire.L’arrivée du nouveau médecin était prévue pour le deuxième dimanche de juin, et pour l’accueillir on pensa à la seule personne qui eût déjà tenu tête au gros conseiller, la seule encore capable de lui faire entendre raison: Marie Richer. On prit bien soin de lui préciser qu’il ne fallait surtout pas, cette fois, que le docteur s’en retourne, l’année 1952 devrait être celle où enfin on recommencerait à se faire soigner au village de Bellesroches.