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Citation de Ninie067


Erwann laisse son regard aux couleurs de l'océan errer sur le paysage urbain dévoilé par la grande baie vitrée du bureau qu'il partageait avec ses trois autres collègues du service des ressources humaines. Une chance d'avoir cette ouverture sur l'extérieur au lieu des salles borgnes où s'entassaient les autres employés de l'entreprise. Non pas que cela change vraiment quelque chose, comme s'il avait pu respirer de l'air pur, ou exposer son visage au soleil. Ou sentir les embruns déposer des baisers salés sur ses lèvres, comme lorsqu'il était chez lui. Enfin, son ancien chez lui, là où il avait grandi, là où flottait encore l'odeur des crêpes et du bonheur domestique. Sans lui. Parce que lui était là, ici et maintenant, dans cet environnement stérile, aseptisé, moquette beige, bureaux bruns, murs beiges, sièges bruns, tout ce brun et ce beige dans lequel il se sentait peu à peu disparaître, devenir transparent. Ses grandes enjambées de marin, son rire sonore, ses yeux d'océan n'étaient pas à leur place dans cette tour parisienne, alors il ne riait plus, ne regardait plus vraiment, et marchait à pas comptés et pressés, comme tous les autres, silhouette anonyme parmi les salariés de la tour, des usagers du métro, des piétons des grands boulevards.
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