« Décoiffé, le front moîte, souriant et ivre,
col déchiré, poème en boucle et verre en main
Le regard querelleur et la lèvre ironique
Hier, à minuit, il il vint me voir et s’asseyant,
Penché sur moi, il demanda d’une voix triste :
« Dors tu, ô toi qui m’aimes depuis si longtemps ? »
L’amant auquel, la nuit, on vend un pareil vin :
Qu’il s’en enivre ! ou qu’en amour, il soit païen !
Va dévot, et ne donne pas tord aux ivrognes :
boire est leur destinée, et ils n’y peuvent rien !
Pour moi, je bus ce qu’Il versa dans ma coupe
Que ce fut vin d’ivrogne ou vin du Paradis
Combien, pour Hâfez et d’autres, ont brisé de repentirs
La Beauté, avec ses boucles, et la Coupe, avec son rire ! »
- Hâfez de Shiraz, Le Divân, l’apparition–