Hujwirî

Véritable traité de Malâmatiyya, le Kashf al-Mahjûb, est de ces bouquins que je dévore en marmonnant à chaque page : "c'est cela ! c'est exactement cela !". Il y en a beaucoup d'autres que j'aime. Au fond, je les aime tous, même les Aristotéliciens purs et durs, même Maïmonide, même Averroès, même Ghazalî et son côté moralisateur indécis dont se moque si justement le précédent. Là dessus, je suis comme Boris Serguine de L'Age de raison, à propos de la philosophie qu'il étudie : "C'est vrai qu'il aimait ça bien fort. Même Kant." J'aime ça bien fort. Même Kalabadhî. J'ai mes favoris, ce qui ne veut pas dire que je crois corps et âme à leur système. J'aime les néo-platoniciens pour leur lumière incisive, j'aime les ismaéliens pour leurs idées belles et dures, sans indulgence ni faille et leur fascination pour l'ombre qu'ils combattent. Mais de Hujwirî et des vrais Malâmatî, je n'ai même pas à les aimer : chaque parole me semble avoir déjà été prononcée en moi. C'est donc avec des bonds de joie que je les reconnais.


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