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Citation de enkidu_


« Il n’est pas possible que l’univers se subdivise en choses vivantes et en choses qui ne le sont pas. Pour nous, il est vivant en totalité. » Traitant dans le chapitre 558 du Nom divin Al-Muhyî, le Vivificateur, il [Ibn ‘Arabî] écrit encore : « C’est lui qui donne la vie à toute chose ; car il n’est point de chose qui ne soit vivante parce qu’il n’est point de chose qui ne loue Dieu : or seuls les vivants – qu’ils soient vivants ou morts selon notre perception – peuvent louer Dieu. » Les appuis scripturaires ne manquent pas à cette notion de louange par la totalité des créatures, fussent-elles inertes à nos yeux (Ibn ‘Arabî se réfère généralement à ce sujet à la sourate 17 : 44).

On va voir, cependant, que nous n’avons pas simplement affaire ici à une subtile exégèse. Dans un autre de ses livres, le Rûh al-quds, Ibn ‘Arabî, citant une parole du Prophète relative au mont Uhud (« Cette montagne nous aime et nous l’aimons »), ajoute : « Les minéraux eux-mêmes, pour nous, connaissent Dieu… ils constituent une communauté parmi les autres », affirmation qu’explicitent diverses confidences recueillies dans les Futûhât (« Nous avons entendu, au début de notre vie spirituelle, les pierres glorifier Dieu et L’invoquer »), ou l’allusion relevée plus haut à son union nuptiale avec les étoiles et les lettres de l’alphabet.

Il s’agit donc en tout cela d’une perception immédiate de la réalité secrète des choses et non pas d’un concept élaboré par une réflexion sur les textes. Fort de cette certitude, Ibn ‘Arabî affirme donc, et ce n’est pas un des aspects les moins singuliers de la doctrine exposée dans le chapitre 2, que les lettres, elles aussi, constituent une « communauté » (umma), qu’elles ont elles aussi leurs Envoyés (rusul), leur Loi (sharî’a), qu’on distingue parmi elles le « commun » (‘âmma), l’élite, l’élite de l’élite comme dans les sociétés humaines. Quand il traite du dâl ou du jîm et de la prédominance en eux de telle qualité, de tel tempérament, ce sont des êtres qu’il décrit et non pas des signes abstraits.

Entre ces deux univers – ou ces deux Livres – il y un intermédiaire : l’homme – il s’agit bien sûr de l’insân kâmil – qui participe de la nature de l’un et de l’autre (il est « frère du Coran » et il est aussi ‘âlam saghîr, « petit monde », microcosme). C’est à lui que s’adresse le discours divin sous cette double forme ; c’est à lui qu’il revient de le déchiffrer, d’être à la fois tarjumân al-qur’ân et tarjumân al-‘âlam, l’interprète du Coran et l’interprète du monde créé, celui qui leur donne sens. (introduction de Michel Chodkiewicz, pp. 50-52)
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