Le cas des Phéniciens met en lumière la manière dont la conception universitaire traditionnelle d'un sens de l'identité collective au niveau d'un "peuple", d'une "culture" ou d'une "nation" dans le monde cosmopolite et entremêlé de la Méditerranée de l'Antiquité, est le résultat de la place privilégiée accordée à un très petit nombre de sociétés sortant tout à fait de l'ordinaire, disposant, en particulier, d'une écriture.
[...] même si les historiens ont, en permanence, fait les poches des morts à la recherche de leur identité, on ne sait pas comment ces derniers se voyaient eux-mêmes, ou de combien de façons différentes, ni même s'ils accordaient la moindre importance à cette question.
L'emploi continu de la langue punique dans tout l'ouest de la Méditerranée constitue un [...] exemple pertinent de persistance et de diffusion des pratiques culturelles des colonies phéniciennes.
On a attribué bien des découvertes aux Phéniciens de l'Antiquité, de l'étoile polaire au cornish cream tea, et il est incontestable que les marins, marchands et colons issus de cette étroite bande côtière au-dessous du Mont Liban - que les Grecs nommaient Phénicie -, ont eu une énorme influence sur la Méditerranée de l'Antiquité. (p.7)
Au début du XIXe siècle, les Britanniques continuent à s'identifier parfois à Carthage, mais sur un mode plus négatif, ce que leur rendent avec enthousiasme les Français pour souligner l'absence de fiabilité des Britanniques. (p.248)
En Afrique [les] langues servaient à des usages différents : l'évergétisme s'exprimait en latin depuis très longtemps, on utilisait le punique dans les dédicaces funéraires ou votives et le lybien sur les tombes et monuments royaux.