Parfois ce sera un marécage d'apathie, la léthargie du réveil ou de la pleine digestion, quand la classe est molle et lente, quand le bulot vous semble un monstre d'hyperactivité comparé aux élèves et que, pour contrer cette impression d'avoir à soulever votre propre poids en fonte avec la dernière phalange du petit doigt, il vous faudra manier bâton et carotte.
Et dans chaque paquet, je retrouve deux ou trois copies sans nom. Malgré les menaces de ne pas noter, de ne pas compter la note, d'enlever des points, de brûler la copie dans un barbecue avec du camembert ou d'en faire un origami représentant un sanglier enragé – toutes choses qu'en réalité je ne suis pas censée faire.
Ce que je vais vous conter, c'est ce « et pourtant je suis prof ». Un plaisir et une jubilation quand je pénètre dans ma classe et revêts mon costume de prof, quand je jongle avec des copies, dompte des élèves et fais un tour de piste un feutre triomphant à la main.
Etre prof, c'est avoir en soi un peu de don Quichotte et de chevalier blanc à partir chaque jour à l'assaut d'une réalité complexe qu'il faut coûte que coûte améliorer en sachant qu'il n'y aura pas de succès franc à la fin de l'histoire.
J'avais perdu plusieurs élèves en route, le simple terme de « méthodologie » fait fuir l'élève aussi rapidement qu'une gousse d'ail un brahmane.
Etre prof présente, dans les aspects les plus concrets du métier, plusieurs facettes simultanées.
OUI, JE SUIS LE NICOLAS FLAMEL DE L'EDUCATION NATIONALE
Soyons honnêtes: même les profs, êtres de savoir et de lumière, ont des fantasmes.
Le stagiaire est un padawan, le néotitulaire un jedi junior.