Les voeux de Jacques BREL, 1er janvier 1968 (Europe 1)
Je vous souhaite des rêves à n'en plus finir et l'envie furieuse d'en réaliser quelques uns.
Je vous souhaite d'aimer ce qu'il faut aimer et d'oublier ce qu'il faut oublier.
Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences,
Je vous souhaite des chants d'oiseaux au réveil et des rires d'enfants.
Je vous souhaite de respecter les différences des autres,
parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir.
Je vous souhaite de résister à l'enlisement, à l'indifférence et aux vertus négatives de notre époque,
Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l'aventure, à la vie, à l'amour,
car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille.
Je vous souhaite surtout d'être vous, fier de l'être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable.
L'écriture, c'est comme une course au large. On savoure tous les instants avec un seul but: revenir au port. Une fois à terre, on ne pense qu'à repartir.
Chevauchement du temps, version longue:
Le temps est mouvance. Dès que les secondes s'égrainent, le changement s'engendre. Toutefois, sans matière ni espace le témoignage de l'évolution disparaît. Dès lors, le temps existe-t-il encore ? Dans le néant total, le temps a-t-il une signification ? Il semblerait que le temps, tel que nous le connaissons, soit lié à l'existence de l'espace et de ce qu'il contient. Fort de cet axiome, nous pourrions penser que le début des temps soit le big bang et la fin des temps peut-être le big crunch. Et pourtant, s'il y avait un avant et un après, un avant avec un temps en gestation ou bien d'autres temps avec d'autres mœurs et un après où nos atomes rejoindraient dans une dissolution plasmatique la soupe populaire pour un nouveau départ !
Bref, à notre échelle, le temps est un don du destin. Il faut le prendre et non le perdre. Enfin, tout en le chevauchant, prenons garde de ne pas perdre l'équilibre, c'est tout l'art de vieillir !
Vieillir, c'est chevaucher le temps sans perdre l'équilibre.
Les noms d'oiseaux ne valent pas mieux que les noms de poissons, or ceux qui les utilisent, même en altitude, côtoient les profondeurs.
Nous sommes nés poussière, nous retournerons poussière, curieuse façon de faire le ménage !
La réalité ne serait-elle pas un frêle esquif qui navigue sur l'océan du temps ?
Faire la révolution, c'est quand même autre chose que de tourner en rond !
Le rêve est la confidence de l'âme !