Kristian Bang Foss parle de "La mort roule en Audi".
Partie 1
le taureau continua droit devant lui avant de se figer lorsque le torero se releva. Je m'attendais à voir mes entrailles du jeune homme lui sortir de l' abdomen, comme dans un accouchement par césarienne, à les voir tomber dans le sable orange alors qu'il rendrait son dernier souffle. (...) La corne du taureau n'avait fait qu'accrocher l'étoffe de son costume.
Netto est un endroit que tout le monde connaît, un endroit où l'on fait ses achats au meilleur prix. Aldi, c'est autre chose, c'est la matérialisation de la déprime : la saucisse à cuire y est farcie d' une masse grise de cafard et d'angoisse, le roulé de porc est la tristesse en tranches, la caissière, le suicide en personne.
Un café nous accueillit pour attendre la nuit et dépenser, en deux expressos, le reste de notre monnaie. J'avais emporté un costume pour le voyage. C'était enfin l'occasion de m'en servir. Waldemar m'emprunta une veste de lin clair. Sous mes vêtements propres, je dégageais une vieille odeur de sueur et de gueule de bois - nous ne nous étions pas lavés depuis la Ferme. Je mis l'argent en sécurité dans ma poche intérieure.
- Tu l'as baisée au moins ? demandais-je à Waldemar.
- Non. Je dormais.
Semblables à de gros cachets blanc étincelants, les bateaux de plaisance mouillaient dans le port.
Clic-clic, clic-clic, clic-clic. Ce jour-là, il n'avait rien trouvé de mieux que ce cliquetis pour contribuer à une atmosphère collégiale.
- Hakon, tu ne voudrais pas arrêter de faire cliqueter ton stylo ?
- ça te gêne ?
- Oui.
- Excuse-moi, je réfléchis mieux quand je clique.
Au début, tout était normal.