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Citation de Chimere


36

La route forme une ligne droite, une trajectoire implacable. Je conduis, Jacques occupe la place du mort, impassible. Il ne remarque pas que j'accélère, pourtant c'est absolument évident, je nous précipite. Je ne le regarde pas, je ne devine pas ses pensées, j'imagine seulement que comme moi il se parle, se raconte des histoires, en modifie sans cesse la fin. Le silence dure depuis notre départ, je le brise en proposant d'ouvrir la fenêtre. Jacques se tourne vers moi, je suis prête à accueillir ses morts mais sa bouche ne s'ouvre pas. Ce mutisme est une fuite, c'est ce que j'affirme en silence. Je continue d'accélérer, j'ouvre la fenêtre. Il dit soudain, mais c'est un murmure, que l'odeur des champs de colza a quelque chose d'insupportable et d'enivrant. J'acquiesce et ralentis. Il me demande où nous allons, je ne sais plus, je veux que le colza soit notre destination. Je crois, à ce moment-là, que Jacques pourra comprendre, qu'il m'accompagnera. Cette pensée m'apaise. Plus loin sur la route qui file droit, j'aperçois le virage. Mes yeux quittent lentement la chaussée pour le ciel. Jacques hurle, se jette sur le volant. Nous évitons de justesse un hérisson. La voiture échoue au milieu des fleurs, nous sommes entrés par effraction. Je m'écroule sur le volant. Au bout de quelques instants, Jacques rit avec moi.
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