Or la grande faute, la faute impardonnable des "Particules élémentaires", c'est justement d'enfreindre ce contrat de l'optimisme malgré tout, de ne pas céder à l'injonction morale ambiante qui plie sous son joug, sous sa joie, avec la complicité d'une critique devenue la police des bonnes pensées, la plus grande part de la production littéraire contemporaine, et d'adopter devant le monde, ou mieux : de retrouver, de réinventer, dans toute sa force à la fois magnifique et impitoyable, le regard véritable du romancier, le regard de ce "déserteur de la société", de cet "abstentionniste actif" qu'est par définition tout vrai romancier, comme le dit si bien Philippe Muray dans ses "Exorcismes spirituels". (I, p. 242).
François Ricard, p. 76