« Tout est chimique. Tout résulte d'une chimie extraordinaire. Même le beau.
Un arc-en-ciel n'est que le résultat d'un phénomène chimique, des particules d'eau mélangées à des ultraviolets. Et les nuages, si évocateurs, si propres à la rêverie, ne sont que de la vapeur d'eau. La chimie est donc belle, elle est poétique. Pourquoi n'apprend-on pas à l'école la poésie de la chimie ? Les écoliers ne voient en elle que manipulations de produits dangereux, qu'une matière fastidieuse et compliquée. Elle n'attire que les chercheurs et les matheux.
Et les rêveurs, les poètes, les observateurs vague à l'âme, qu'en fait-on ? Je vais créer une matière scolaire qui s'appellera La Chimie Poétique. Dans mon cours, on étudiera la couleur des sols et des océans, les nuages qui ressemblent à des crocodiles, les arcs-en-ciel, les gouttes de pluie, les tièdes, les légères et les grosses qui donnent au sol d'été cette odeur magique, on observera des reflets de montagnes dans des lacs ronds, on lira des poèmes sortis de crânes composés de chimie poétique.
Les artistes sont peut-être artistes parce qu'ils n'ont pas le choix : leur cerveau est composé de telle manière qu'ils obéissent tout simplement à leur chimie corporelle. Il existe une chimie du bonheur, de l'angoisse, du chagrin. Bien sûr, les événements de la vie modifient notre comportement ou notre vision du monde, mais je pense qu'il y a des prédispositions à tout. »
« Le cerveau, l'intelligence, le passé, la conscience sont le cancer de l'être humain. Cancer dont la seule thérapie reste le suicide. Je comprends Jacques BREL quand il chante qu'il aurait voulu être « beau, beau, beau et con à la fois ! ». Être con, quel bonheur ce doit être ! Mais alors, vraiment con, con vrai et authentique, quotient intellectuel d'une limace !
Se contenter d'être ce qu'on est, être heureux d'être là, croire que la vie est une chance, qu'elle vaut d'être vécue, croire en Dieu, rire des programmes télé de la première chaîne, suivre la mode coûte que coûte, croire au Père Noël, s'embrasser la face à la Saint Valentin, même si on se méprise, même si on se hait, se reproduire pour avoir le sale sentiment que l'on devient immortel, croire qu'on est là pour autre chose que pour mourir et disparaître.
Être con. Mais heureux, finalement. »