Les corps de l'été est un livre court, mais qui se lit lentement, surtout au début. En effet, Martin Felipe Castagnet nous plonge dans un univers futuriste étrange, dont on comprend les éléments au fur et à mesure : les gens peuvent choisir de mourir définitivement ou que leur esprit flotte durant une durée plus ou moins longue dans le "réseau", sur internet, avant de se réincarner dans un autre corps.
Cette dystopie nous fait réfléchir sur un sujet presque classique : la mort. En effet, si cette société a réussi le rêve des humains depuis la nuit des temps, à savoir atteindre une forme d'immortalité, on découvre les conséquences éthiques au fur et à mesure : meurtres gratuits (puisque la mort n'a presque plus de conséquences), commerce de corps (le narrateur se réincarne ainsi dans un corps en mauvaise santé parce que sa famille a peu de moyens financiers), brouillage de générations (le héros, mort un siècle plus tôt, est réincarné dans un corps de l'âge de ses petits enfants), nouvelles formes de discriminations (avec la figure des "panchama", ceux qui sont réincarnés dans leur corps de départ, et que la société rejette)...
J'ai beaucoup apprécié ce roman original, qui propose une réflexion intelligente tout en étant très bien écrit. Les courts chapitres et le style sobre nous immergent dans cet univers particulier et dans les pensées de ce narrateur pas comme les autres, dont on découvre la vie progressivement. Les différentes péripéties rendent en outre le roman dynamique et nous donnent encore plus envie de tourner les pages - ce n'est pas une simple "description" d'une société dystopique.
Seul problème - mais de taille : la traduction catastrophique. Ou plutôt l'absence de traduction, puisqu'il ne s'agit que d'un mot à mot que n'importe qui aurait pu faire. La "traductrice" s'est-elle aperçue que ses phrases n'avaient aucun sens ?! Il n'y a pas besoin d'avoir fait des études de langue pour se rendre compte que si l'on obtient des expressions telles que "j'applaudis le sol" ou "je vais aux toilettes" juste après avoir parlé d'une douche, il y a un problème... Même les constructions grammaticales espagnoles sont respectées à la lettre, ce qui donne des formulations incorrectes en français ! Et comme ce livre publié par la MEET (très beau par ailleurs !) est une édition bilingue, rien de plus facile que d'aller vérifier dans le texte original...
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