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Citation de SZRAMOWO


Dom Garcie de Navarre

Dom Garcie
Je viens m’intéresser,
Madame, au doux espoir, qu’il vous vient d’annoncer.
Ce frère qui menace un tyran plein de crimes,
Flatte de mon amour les transports légitimes.
Son sort offre à mon bras des périls glorieux,
Dont je puis faire hommage à l’éclat de vos yeux,
Et par eux m’acquérir, si le Ciel m’est propice,
La gloire d’un revers que vous doit sa justice ;
Qui va faire à vos pieds choir l’infidélité,
Et rendre à votre sang toute sa dignité.
Mais ce qui plus me plaît, d’une attente si chère,
C’est que pour être roi, le Ciel vous rend ce frère ;
Et qu’ainsi mon amour peut éclater au moins
Sans qu’à d’autres motifs on impute ses soins ;
Et qu’il soit soupçonné, que dans votre personne
Il cherche à me gagner les droits d’une couronne.
Oui, tout mon cœur voudrait montrer aux yeux de tous,
Qu’il ne regarde en vous autre chose que vous ;
Et cent fois, si je puis le dire sans offense,
Ses vœux se sont armés contre votre naissance,
Leur chaleur indiscrète a d’un destin plus bas
Souhaité le partage à vos divins appas,
Afin que de ce cœur le noble sacrifice
Pût du Ciel envers vous réparer l’injustice ;
Et votre sort tenir des mains de mon amour,
Tout ce qu’il doit au sang dont vous tenez le jour.
Mais puisque enfin les Cieux, de tout ce juste hommage,
À mes feux prévenus dérobent l’avantage.
Trouvez bon que ces feux prennent un peu d’espoir
Sur la mort que mon bras s’apprête à faire voir ;
Et qu’ils osent briguer par d’illustres services,
D’un frère et d’un État les suffrages propices.
Done Elvire
Je sais que vous pouvez, Prince, en vengeant nos droits
Faire par votre amour parler cent beaux exploits.
Mais ce n’est pas assez pour le prix qu’il espère
Que l’aveu d’un État, et la faveur d’un frère.
Done Elvire n’est pas au bout de cet effort,
Et je vous vois à vaincre un obstacle plus fort.
Dom Garcie
Oui, Madame, j’entends ce que vous voulez dire,
Je sais bien que pour vous mon cœur en vain soupire ;
Et l’obstacle puissant qui s’oppose à mes feux,
Sans que vous le nommiez, n’est pas secret pour eux.
Done Elvire
Souvent on entend mal ce qu’on croit bien entendre,
Et par trop de chaleur, Prince, on se peut méprendre.
Mais puisqu’il faut parler, désirez-vous savoir,
Quand vous pourrez me plaire, et prendre quelque espoir ?
Dom Garcie
Ce me sera, Madame, une faveur extrême.
Done Elvire
Quand vous saurez m’aimer, comme il faut que l’on aime.
Dom Garcie
Et que peut-on, hélas ! observer sous les cieux
Qui ne cède à l’ardeur que m’inspirent vos yeux ?
Done Elvire
Quand votre passion ne fera rien paraître
Dont se puisse indigner celle qui l’a fait naître.
Dom Garcie
C’est là son plus grand soin.
Done Elvire
Quand tous ses mouvements
Ne prendront point de moi de trop bas sentiments.
Dom Garcie
Ils vous révèrent trop.
Done Elvire
Quand d’un injuste ombrage
Votre raison saura me réparer l’outrage ;
Et que vous bannirez, enfin, ce monstre affreux,
Qui de son noir venin empoisonne vos feux.
Cette jalouse humeur dont l’importun caprice,
Aux vœux que vous m’offrez rend un mauvais office,
S’oppose à leur attente, et contre eux à tous coups
Arme les mouvements de mon juste courroux.
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