" 2.2. Démarche utilisée
Notre étude sur la zakàt, dans ce chapitre, sera approchée selon ses diverses dimensions :
1. qui est visé par la zakàt : quelles sont les conditions sur les personnes pour qu'elle s'applique. S'applique-t-elle aux entreprises ?
2. Quels sont les biens visés par la zakât : tous les biens de la personne, ou seulement certains. Nous détaillerons la zakât de ces biens dans des chapitres dédiés qui suivront.
3. quels sont les critères sur ces biens pour qu'ils soient imposables :
a. Le critère d'appartenance et de disponibilité.
b. Le critère de croissance potentielle.
c. Enfin les critères du seuil imposable (ni}âb) et son échéance (hawl) à respecter.
3. QUI EST VISÉ PAR LA ZAKAT
Les personnes soumises à la zakàt (sujets fiscaux) sont les personnes physiques musulmanes à travers (ou avec) leurs biens, c'est un culte rendu à Dieu.
Pour cette raison, toute autre entité juridique que les personnes musulmanes, n'y est pas assujettie. Les personnes morales (sociétés de capitaux comme les SA. Sarl) n'en sont pas assujetties, cependant, elles peuvent donner la zakât par délégation des actionnaires.
Toute personne musulmane, quel que soit son sexe, y est soumise. Mais il y a une divergence entre les savants sur la question de I 'âge et de la capacité de discernement.
3.1. La personne obligée par la zakât
3.1.1. L'islam
Tout musulman, homme ou femme, est visé individuellement par la zakât (aux conditions supplémentaires que nous évoquerons plus bas). Il y a consensus général (ijmâ' sur cette obligation individuelle (fard 'aynî 03') comme le précisent l'imam Nawawî et Ibn Rushd en particulier. Trois cas sont posés sur cet aspect : l'enfant et l'incapable de discernement, le non-musulman vivant en terre d'islam, le nouveau musulman.
2. La question de la licéité des biens
Parler de la relation de l’islam et de l’argent (les biens de manière générale) passe obligatoirement par l’aspect fondamental de la licéité de ces biens. Cette dernière regarde plusieurs dimensions en même temps :
L’aspect normatif : ce qui est licite de ce qui ne l’est pas : sur les façons de s’approprier les biens ou de les consommer. Ce thème (fiqh) dépasse très largement le cadre de cet ouvrage. Nous en avons traité une partie dans le cadre de notre livre sur le halâl dans la consommation et particulièrement des viandes.
L’aspect spirituel : tout aussi important, traité plus bas, dans un chapitre dédié.
L’aspect éthique : que nous traitons plus bas aussi, de manière sommaire.
L’aspect finalités et objectifs suprêmes de la possession des biens que nous traitons dans le dernier chapitre.
De ce fait, nous essaierons d’éviter les redondances dans toute la mesure du possible. Dans les paragraphes qui suivent, nous voulons mettre l’accent sur les principes fondamentaux du licite et sa relation avec l’argent (les biens). Pour cela, nous donnerons quelques idées sur le harâm (l’illicite), puis nous aborderons ces principes. Une bonne partie de ce qui suit est abordé avec plus de détails dans notre livre susmentionné.
2.1. L’illicite (HARÂM)
L’illicite peut prendre des formes diverses. Mais sous quelque forme qu’il se présente, il constitue un poison dans le cœur et les biens de l’individu. Raison pour laquelle il faut s’en éloigner, s’en détourner et ne pas l’approcher.