Il y a ce rêve
Il y a ce rêve que nous portons en nous
qu'une merveille adviendra,
qu'elle doit advenir -
que le temps va s'ouvrir
que les coeurs vont s'ouvrir
que la montagne va s'ouvrir
que des sources vont jaillir -
que le rêve va s'ouvrir,
qu'un beau matin nous glisserons vers le havre
portés par une vague dont nous ne savions rien.
Le vieux poète a écrit un vers
Le vieux poète a écrit un vers
Et le voilà content, content comme une bouteille
de cidre quand le printemps y fait monter
une petite bulle de gaz
et que le bouchon va sauter.
Depuis cette nuit l'herbe est verte
Depuis cette nuit l'herbe est verte.
Un oiseau s'essaie à chanter,
la brume s'élève,
le soleil paraît au-dessus des cimes blanches.
De tout temps, au matin
la joie tambourine sur son bouclier de cuivre.
La nouvelle nappe
Jaune, la nouvelle nappe.
Et blanches, les pages neuves!
Sûr que les mots vont venir:
une si belle nappe,
un si beau papier!
La glace a recouvert le fjord,
les oiseaux viennent s'y poser.
Ne viens pas avec toute la vérité (1961)
Ne viens pas avec toute la vérité,
ne viens pas avec l’océan pour ma soif,
ne viens pas avec le ciel quand
je demande une lampe,
viens avec une étincelle,
de la rosée,
un flocon,
comme les oiseaux emportent
des gouttelettes après le bain
et le vent
un grain de sel.
Traduit du néo-norvégien par François Monnet - p. 55.
Ce matin, à mon réveil,
les vitres étaient couvertes de givre,
je me tenais au chaud dans les braises d'un bon rêve,
et le poêle répandait
dans la pièce
la chaleur
d'une bûche mijotée toute la nuit
Aujourd'hui et demain
Je ne suis qu'une étincelle
du grand feu. Et de même que je fus
allumé dans les ténèbres
je m'éteindrai un soir.
Je suis le murmure de la vague
à cet instant. Tandis que
d'autres naissent, s'emplissent,
et que leurs aînées dorment.
Je suis la feuille
qui tremble dans ce printemps.
Une autre année ,
tu vacilleras dans la tempête .(...)
Tu posséderas toute la beauté
sur cette terre quand je l'aurai quittée
depuis longtemps et que les traces
de mes pas auront disparu.
Océan
Voici l'océan.
La solennité même,
immense et gris.
Mais comme l'âme
dans un moment de solitude
s'ouvre toute entière
reflétant les mille facettes
des abîmes secrets-
ainsi l'océan
par un matin bleu
s'ouvre au ciel
et à la solitude .
Regardez, la mer scintille
j'ai , moi aussi, des étoiles
et des profondeurs bleues.
("Sous la falaise")
Sommeil
Glissons
dans le sommeil dans
le rêve paisible-
glissons
deux boules de pâte dans
le bon four de la nuit.
Réveillons - nous
au matin,
deux pains de blé dorés.
(" Janglestra")
...un bon poème
doit sentir le thé.
Ou la terre crue
et le bois fraîchement fendu.