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Critiques de Pene Elungu A. Elungu (1)
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L'Éveil philosophique africain

En 1984, pour Elungu, les grands courants de la pensée africaine sont au nombre de trois : les philosophes ethnologiques (Tempels, Kagame), qui se fondent sur une croyance dogmatique initiale (l'être africain est prélogique, il est intuitif, il est animé par une ontologie, etc.) ; les philosophies idéologiques (Panafricanisme de Nkrumah, Négritude de Senghor) inspirées d'un même dogme, mais de nature idéale (l'unité socialiste africaine chez Nkrumah, la culture à la base de la société et de la politique chez Senghor) ; et les philosophies critiques qui dénoncent les deux premières mais sont accusées de compromission avec la pensée de l'ex-colonisateur européen puisqu'elles en sont issues.



Elungu revient alors sur la notion de philosophie. Il identifie deux étapes de la pensée philosophique : Socrate et Descartes, dont la pensée naît chaque fois après une période de doute et de scepticisme, fonde une connaissance nouvelle qui mène à la construction de la connaissance compréhensive de l'univers. Socrate, par son existence, représente cette évolution en trois périodes qui mène à placer l'individu et le discours au coeur de la connaissance et du savoir. Le XVIIème siècle reproduit cette pensée qui mène à la notion de culture comme autonomisation de la société. La philosophie, c'est donc la prise de conscience de la séparation du sujet et de l'objet, le dépassement du scepticisme par l'éveil de l'esprit vers la parole fondatrice (connais-toi toi-même, cogito) et l'organisation du dialogue perpétuel. En ce sens, la philosophie n'est ni plus ni moins européenne que grecque ou universelle et le "miracle" grec n'en est pas un mais plutôt la conséquence d'une évolution économique, sociale et juridique.



La philosophie, qui est la quête de la liberté par la science, mène à la technique. L'Europe, après sa révolution industrielle, exporte sa philosophie. En conséquence le seul fait que les Africains utilisent des techniques européennes et se forment aux sciences marque déjà leur adoption de la philosophie critique. En d'autres termes, il est inutile de se demander de quelle origine est la philosophie, elle est tout simplement humaine puisqu'elle vise à la liberté, et son adoption ou son refus ne dépend que du projet de la société en question. S'il s'agit pour les sociétés africaines de s'orienter vers la liberté, alors la philosophie critique ne peut qu'être adoptée. Et son refus ne peut qu'engager un projet de société qui s'éloigne de la liberté universelle.



Quant à la difficulté que semblait représenter vis-à-vis des croyances traditionnelles l'emploi des outils des philosophies critiques elle s'efface puisqu'il ne s'agit plus d'opposer, comme le font les philosophies ethnologiques et idéologiques, la modernité et la tradition, mais d'opérer le mouvement qui, à partir de la tradition, met en oeuvre la modernité. La recherche de la liberté universelle implique donc l'adoption de la philosophie critique, qui ne porte pas d'autre certificat de provenance que celui de la pensée humaine universelle et n'engage de changement dans la société que dans l'abandon des pensées précritiques, mais non nécessairement des modes de vie, des cultures, des coutumes et de la singularité des traditions.
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