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Citation de anna10


Ce midi, alors que la mosquée Bakir-al-Olum était la cible d’un attentat causant la mort de 28 personnes, je lui ai téléphoné à Saigon. Elle a dit que c’était épouvantable. Toute une partie de sa rue embaumait le durian, mais dès que son amant est rentré de Kaboul, l’odeur de la guerre a tout éclipsé. Tout son attiral, les milliers de photos qu’il avait prises, les milliers de lignes qu’il avait écrites, tout sentait la guerre et les morts. Elle est remontée chez elle en courant, en claquant la porte. Elle a dit, comment faire l’amour avec quelqu’un qui a vécu trois mois dans une gigantesque morgue à ciel ouvert ? Comment ne pas penser à ces trois mois, où chaque jour il sentait l’odeur des morts, mangeait, buvait, travaillait, pensait, dormait, rêvait et pensait à elle, tout cela à côté des cadavres en décomposition. Elle avait compris alors, pourquoi durant tout ce temps, elle n’avait rien pu écrire de valable, même les lettres qu’elle lui écrivait avec le plus grand soin. C’étaient les lettres d’amour les moins douces qu’elle ait écrites, bien qu’elle ait pensé à lui à chaque minute, de la façon la plus douce qui soit. Pema me les a lues. Elle commençait toujours par parler de la pluie, comme si elle cherchait à consoler et à provoquer son amant, qui se trouvait dans une ville où à longueur d’année, hiver comme été, le bon Dieu ne fait jamais tomber la moindre goutte de pluie : Kaboul.
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