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Citation de Partemps


LES DIX-NEUF POÈMES
I
En marche, en marche toujours,
Je te quitte encore.
Séparés par dix mille li,
Chacun sous un coin du ciel.
La route est si longue !
Quand nous reverrons-nous ?
Les chevaux des Hou aiment le vent du nord,
Les oiseaux du Yué préfèrent les branches du sud 9
.
Nous nous éloignons chaque jour,
Notre ceinture devient trop grande 10
,
Les nuages voilent le soleil,
Le voyageur ne saurait s'en retourner.
Je vieillis en pensant à toi,
Le temps court si vite !
Enfin ne parlons plus.
Aie du courage pour te nourrir.

II
Sur le rivage, le vent berce les herbes vertes,
Au jardin, le saule s'incline et se balance...
Là-haut, il y a une jolie femme
Devant la fenêtre, elle est ravissante.
Comme ses joues sont roses ! Sa toilette est si belle
Et ses mains si fines ! Elle pense.
Elle était autrefois chanteuse ;
Aujourd'hui elle est maîtresse d'un « enfant prodigue »
Qui ne revient pas,
Dans un lit si vide, elle ne peut rester seule !
III
Sur la colline, les pins jettent deçà, delà,
Un ombrage mystérieux et sombre.
Dans les flots qui reflètent l'image
Se trouvent quelques cailloux transparents.
Oh ! les hommes au monde
Sont comme des voyageurs !
L'ennui nous tue, buvons toujours
Du vin fort et délicieux...
IV
Aujourd'hui, au moment où s'épanouissent
La grande paix et la joyeuse fête,
On lance au ciel des notes mélodieuses.
Qu'elle est adorable et bien rythmée,
La chanson nouvelle qui exalte la vertu.
En l'écoutant, les connaisseurs comprennent.
Nous avons les mêmes idées.
Mais cette voix reste insuffisante pour tout exprimer.
La vie d'ici-bas
Est comme la poussière qui passe.
Allez vite, allez vite !
Prenez une place importante !
Pourquoi rester longtemps pauvre ?
Pourquoi être toujours malheureux ?
V
Au nord-ouest, une gentille maisonnette
Enveloppée par les nuages, se dissimule.
Le brouillard se disperse.
On voit reparaître les belles fenêtres
Puis les salles et les escaliers.
Là-haut, on joue du khin, on chante.
Que la voix est triste mais spirituelle !
De qui sont ces chansons si mélancoliques ?
C'est pour Ki-lan que sa veuve a composé les notes antiques.
Le son, envoyé par le vent de feuille en feuille,
Apporte, au fond de la montagne, un faible écho.
Des soupirs et des gémissements
Font pleurer ceux qui les entendent.
On ne regrette pas l'effort du chanteur.
Mais qu'il est triste de rencontrer peu d'admirateurs
— Nous voudrions être deux petits oiseaux.
Pour voler ensemble jusqu'au ciel lointain...
VI
Je traverse le bassin pour cueillir les lotus.
Il y a tant de fleurs parfumées.
Les cueillir, pour qui ?
Celle à qui je pense est si loin de moi !
Mon regard erre pour voir mon pays,
Les routes lointaines barrent mon songe du retour.
Nos cœurs sont les mêmes, nos corps sont séparés.
L'inquiétude et la tristesse conduisent à la vieillesse.
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