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Citations de Tseng Tchong ming (43)


Devant nos coupes pleines.

Le vent du printemps qui court vers l’est,
Par hasard, nous rend visite.
Il frôle dans les coupes d’o r le vin qui ondule légèrement.
Les fleurs épanouies tombent de leurs tiges ;
Balancées par le vent amoureux, elles embrassent le sol.
La belle va se griser. Sa figure rosée devient vermeille.
Mais, hélas ! la beauté des fleurs de pêcher et de poirier est
éphémère.
Le temps trompeur nous dissimule ses traces, mais il passe,
rapide.
Vous, vous dansez, mais le soleil s’incline à l’ouest.

Vous gardez peut-être encore le caractère gai de la jeunesse,
Mais vos cheveux sont déjà tout blancs. Et à quoi bon vous
plaindre ?
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LES DIX-NEUF POÈMES

XIV
Ceux qui ont vécu s'éloignent peu à peu de nous.
Les survivants nous sont devenus plus chers.
J'erre tout seul, promenant ma tristesse.
Je ne vois que des cimetières et des collines,
Les tombes abandonnées sont nivelées.
Les sapins sont coupés pour faire du feu.
A travers les saules,
Le vent produit un bruit mélancolique,
Et la douleur nous tue.
Oh ! que je voudrais retourner dans mon pays.
Pas de route, où vais-je ?
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LES DIX-NEUF POÈMES

IX
Dans ce petit jardin, se trouve un arbre merveilleux
Dont le zéphyr fait frissonner les rameaux si frais.
Je casse quelques-unes des plus belles branches
Pour les envoyer à celle que mon cœur aime.
En les portant, mes manches en sont tout embaumées.
La route est si longue,
Comment les lui faire parvenir ?
Ces bouquets sont-ils dignes d'elle
Et méritent-ils de lui être offerts ?
Mais le temps passe et je pense à notre séparation !
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LES DIX-NEUF POÈMES
VIII

Au pied de la montagne Thaï,
Le bambou solitaire prend racine.
Seigneur, je vais vous épouser.
Mon cœur appartient à vous seul,
Comme le lierre parasite pousse
S'attachant au jeune sapin.
Nous nous verrons bientôt,
Il a fallu des milliers de li pour venir me chercher.
Monts verts et plaines brunes nous séparent,
Je vieillis en pensant à vous !
Pourquoi votre voiture arrive-t-elle lentement ?
Voyez ces orchis l'un à l'autre enlacés,
Comme leurs fleurs sont brillantes et fraîches !
Cueillez, cueillez-les à temps,
Pareilles aux herbes d'automne.
Le vent ternira leur beauté.
Seigneur, si vous ne m'écoutez pas,
Moi, pauvre femme, que ferai-je ?
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LES DIX-NEUF POÈMES


VII
La lune est claire, la nuit silencieuse.
Dans un trou du mur, les grillons frémissent.
Voici venir l'hiver !
Les étoiles brillent au firmament,
La rosée blanche mouille les herbes fanées.
C'est la saison qui change.
La cigale frileuse chante dans les arbres dépouillés ;
Où vont ces malheureuses hirondelles ?
Oh ! mon ami d'enfance que j'ai tant chéri
Est bien loin !
Il me délaisse, il m'oublie.
Il m'abandonne !...
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Poème d’adieu.

La nuit dernière, mon coeur était submergé par la mélancolie
de notre proche séparation ;
A la troisième veille, le givre blanc tombe, l’ouragan s’élève.
Que de lucioles dansent en l’air, que de feuilles bruissent en
tombant !
A cette heure, j’ai rêvé de celui qui va repartir vers l’ouest.
La cloche matinale sonne trois ou quatre coups.,
Je suis réveillé en sursaut par des hennissements qui sortent de
l’écurie de mon voisin de l’est.
p.146 Vite, je m’habille et franchis la porte pour vous dire adieu,
Mais je vois seulement, errant en tous sens, les nuages qui
reviennent à leur point de départ !
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Air du sud du fleuve

Quoique profond, le fleuve vert et limpide laisse voir son lit ;
Ses innombrables vagues bondissent vers le ciel.
J’ai l’habitude des bords du lac.
Même dans un esquif léger, je ne crains pas le vent.
Au crépuscule, sur le long fleuve,
Mes amis et moi, nous nous invitons à retourner vers le quai.
Comme si elles étaient sensibles, amoureuses,
Les fleurs flottantes accompagnent les bateaux.
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Aurore printanière.

Au printemps, endormi, l’on n’aperçoit pas l’arrivée de
l’aurore ;
Mais, réveillé, on entend partout le gazouillement des oiseaux.
Hier, la pluie et le vent bruissaient pendant la nuit,
Sait-on combien de fleurs sont tombées de leur tige ?
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CHANTS DE COQS

C'est l'heure où l'horizon commence à blanchir,
L'heure où les étoiles, au ciel, scintillent encore.
Les coqs de Lu-nin appellent les dormeurs.
Les chants des fêtes expirent, le temps passe...
Et, la lune pâlit, les étoiles s'évanouissent.
Enfin, l'aurore dissipe la nuit !...
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CHANSON D'ADIEU

Les branches du saule au feuillage vert et éploré
Tombent effleurant la terre ;
Ses fleurs si blanches et si légères
S'envolent emportées.
Quand on aura cassé toutes ces branches 19
Et quand ces fleurs ne seront plus,
Vous, voyageur, reviendrez-vous ?
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EN CASSANT UNE BRANCHE DE SAULE
I
Monté à cheval sans cravache.
Pour la remplacer, je casse une branche de saule.
Sur la selle, je joue de la longue flûte
Qui rend les voyageurs bien tristes !
II
Mon cœur est si morne !
Que je voudrais constituer moi-même la cravache de
mon ami !
Quand il va et vient, je serais près de lui :
Appuyée contre son bras et reposant sur son genou !
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POÈME DE MOULIN

Tsi-tsi, Tsi-tsi,
Mou-lin tisse devant les fenêtres.
Soudain, au lieu du bruit de la navette,
On entend des soupirs et des gémissements.
« A qui penses-tu ? »
« De quoi te souviens-tu ? »
Elle ne pense à personne,
Elle ne se souvient de rien.
« Mais, hier soir, j'ai vu, répond-elle, dans la gazette militaire,
Que Khan mobilise tous les soldats.
Et parmi les douze ordonnances impériales,
Mon père est mentionné, dans toutes, comme devant partir.
Mon père, hélas ! n'a pas de fils en âge,
Moi, je n'ai pas de frère aîné.
Ah ! que je voudrais acheter un cheval et un harnais
Pour prendre dès maintenant la place de mon père. »
Au marché de l'est, elle trouva la monture,
A celui de l'ouest, la selle.
Elle acquit, à la foire du midi, les rênes,
Et à celle du nord, le fouet.
Le matin, elle quitte ses parents.
Le soir, les troupes stationnent au bord du fleuve Jaune.
Là, plus d'appels de son père ni de sa mère.
Seul, retentit le bruit des eaux courantes
Qui murmurent tristement...
On repart le lendemain en disant adieu à ce rivage.
Au couchant du soleil,
Les armées bivouaquent près de « l'Eau noire 17 »
Là, on n'entend non plus les voix de ses bien-aimés.
Seuls les chevaux de Houng-nou 18
Hennissent si mélancoliquement
Sur la montagne de Yuen.
Ils font des milliers de li pour rejoindre leurs postes.
Les monts, les murailles, passent comme en volant.
Les armes dorées tremblent au contact du froid
Et la glace fait briller davantage les cuirasses étincelantes.
Après cent combats, les généraux furent tués.
Mou-lin leur succéda.
Après dix ans de cette vie de guerre,
L'héroïne retourna couverte de gloire.
Dès son retour, elle alla au-devant de l'Empereur.
Le souverain était assis sur son trône.
Douze décrets d'anoblissement allaient être décernés
à Mou-lin
Avec une donation de cent mille lingots.
Le Khan lui offrit encore d'autres dons
Mais Mou-lin dédaignait tout cela !
Elle souhaitait qu'on lui prêtât un excellent chameau
Pour pouvoir se rendre dans son pays natal.
Son père et sa mère, apprenant l'arrivée de la jeune fille,
Sont venus l'attendre à la porte du village.
Sa sœurette se pare coquettement
Pour la recevoir.
Son jeune frère l'apercevant de loin
Aiguise les couteaux et tue moutons et porcs.
Elle arrive, elle ouvre toutes les portes,
Elle s'assied et se repose.
Elle se dépouille de sa tenue militaire,
Elle reparaît dans son ancien costume.
Devant la fenêtre, elle arrange son chignon,
Elle y met des fleurs en se mirant.
Mou-lin sort pour voir ses compagnons d'armes.
Ils sont tous étonnés :
Pendant douze ans qu'ils étaient restés ensemble,
Ils ne savaient pas que Mou-lin n'était qu'une femme.
Un lapin mâle court vite,
La femelle passe les yeux tremblants ;
Quand ils filent rapidement.
Comment pourra-t-on les distinguer et deviner leur sexe ?
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CHANSON DE LA JEUNE FILLE DE CHIN-KI

Au coucher du soleil, le vent souffle tristement,
Les feuilles mortes voltigent encore ne voulant pas quitter
leurs branches.
Mon cœur est si fidèle, mes pensées si franches ;
Peut-être me comprendras-tu difficilement !
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NGAN-TON-PIN

Si triste et si déchirant
Le vent du nord rugit, la neige tombe.
Le chemin d'eau n'est plus communicable.
Routes et sentiers, tout a disparu !
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JE FILTRE... SEUL !

Je filtre tout seul, je filtre tout seul...
Que l'eau est profonde, que la terre est sale !
Cette vilaine boue ne me gêne en rien.
L'eau profonde pourrait me tuer !
Si gais et si doux, deux canards sauvages
Jouent au bord d'un champ.
Je voudrais les tuer,
Mais qu'il est cruel de les séparer.
L'épée, dans son fourreau, semble faire du bruit.
Suspendue au lit, elle n'a jamais servi.
Mais alors, pour moi, que me sert de vivre,
Si je ne venge pas mon père !
Avec leurs peaux tachetées, les féroces tigres
S'amusent de la vallée à la montagne,
Et s'ils veulent s'attaquer à quelqu'un,
Ils n'épargnent même pas les sages ni les héros.
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LES TROIS-GORGES

Parmi les Trois-Gorges
La Gorge Ou est la plus longue.
Les singes y gémissent tristement.
En les écoutant, mes larmes coulent sur ma robe.
Dans les Trois-Gorges
Les singes gémissent tristement.
En les écoutant, mes larmes coulent sur ma robe.
Là-bas, près du rivage.
Les roseaux poussent sous l'ombrage.
Peu à peu, mon ami s'éloigne de mes yeux.
Serait-ce un éternel adieu ?
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POÈME POUR LA FEMME
SYU THONG-KHING (3)
Dans la matinée, elle finit une jupe brodée,
Dans la soirée, des chemises minces.
Tout était sombre, le soleil allait disparaître,
Triste, elle sortit de sa maison et pleura.
Le fonctionnaire apprenant cette mauvaise nouvelle,
Demanda un congé et revint chez lui.
A deux ou trois li de sa demeure,
Son cheval hennit péniblement.
La jeune femme qui connaissait la voix de l'animal
Vint au devant de son mari.
Le cœur brisé, elle le cherchait partout.
Enfin l'ancien époux arriva.
Il frappa la selle de son cheval,
Elle poussa des soupirs à déchirer le cœur.
« Depuis que tu m'as quittée,
Bien des événements sont arrivés !
Toi, tu ne sais pas tout ce qui se passe ici !
Oui, on veut s'opposer à notre vœu.
J'ai des parents, puis des frères...
Ils veulent tous me contraindre...
Ils m'ont promise à un autre.
Te voilà de retour, mais rien à espérer ! »
Le fonctionnaire dit à la jeune femme :
« Je te félicite d'un bel avenir.
La roche est toujours large et épaisse
Capable de résister un millier d'années.
Mais le jonc ne l'enlace qu'éphémèrement,
Il peut s'en aller du matin au soir.
Tu deviendras de plus en plus noble.
Moi seul, je pars vers le pays des morts ! »
La jeune femme lui répondit :
« Oh ! pourquoi parles-tu ainsi !
Tous les deux nous sommes si opprimés,
Notre sort est aussi malheureux pour l'un que pour l'autre.
Au revoir, nous nous retrouverons sous la terre.
N'oublions pas notre serment ! »
Ils se serrèrent la main,
Puis chacun prit son chemin...
Hélas ! quelle triste histoire
Quand les vivants se font les adieux des morts !
Hélas ! Ils vont quitter ce monde.
Personne ne pourra les réunir !
Le fonctionnaire rentra dans sa maison,
Il monta dans la salle pour saluer sa mère :
« Aujourd'hui que le vent est triste et froid
Il flétrit tant d'arbres du bois.
Les gelées glaciales congèlent les orchidées.
Je pars bientôt vers les ténèbres
Je te laisserai seule désormais.
J'ai fait moi-même ce pénible projet.
Ne maudissons pas les esprits.
Que ta vie soit aussi solide que les pierres !
Que ta santé soit toujours florissante ! »
La mère pleura en l'écoutant :
« Tu es un fils de grande famille,
Tu travailles pour les services publics,
Ne meurs pas pour une femme !
Le sentiment d'un noble doit être faible envers une servante.
Notre voisin de l'est a une fille bien sage,
Sa beauté est célèbre dans toute la ville,
Je vais demander sa main pour toi.
Tu l'auras du jour au lendemain. »
Le fils se prosterna deux fois.
Entra dans sa chambre vide.
Et soupira longuement.
Il tourna la tête vers la porte
Méditant pour exécuter sa décision.
La tristesse le tourmentait et l'oppressait.
Au dehors, le cheval hennissait et le bœuf beuglait.
La femme arriva dans son pavillon,
Lorsque le silence régnait au crépuscule.
Alors les bruits s'éteignirent, tout fut calme.
« Ma vie touche à sa fin aujourd'hui,
Mon âme part, seul mon corps reste ! »
Ayant soulevé sa jupe et quitté ses souliers,
Elle se jeta dans un étang limpide.
Le fonctionnaire apprenant cette nouvelle,
Pensa aux séparations éternelles,
Il allait et venait promenant ses regards,
Puis se pendit aux branches d'un arbre.
Les deux familles demandèrent qu'on les enterrât.
On les enterra ensemble au penchant de la montagne Fa.
A l'est et à l'ouest, on planta des sapins et pins,
A gauche et à droite des dryadras et aleurites.
Leurs branches se croisaient les unes les autres,
Et les feuilles flottaient entremêlées.
Là se trouvaient deux petits oiseaux
Appelés Ying-ying,
Levant la tête et s'appelant mélancoliquement
Jusqu'au point du jour.
Les passants s'arrêtaient pour les écouter,
Les veuves les entendaient avec perplexité.
Que les futures générations prennent garde !
Faites attention de ne pas oublier cela !
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POÈME POUR LA FEMME
SYU THONG-KHING (2)
Lentement ils arrivèrent au carrefour des grandes routes.
Le mari descendit du cheval, entra dans la voiture.
Et tête à tête, il parla à l'oreille de sa femme :
« Je jure de ne pas me séparer de toi.
Retourne chez tes parents pour le moment.
Je dois aller à la préfecture,
Bientôt je reviendrai,
Compte sur moi, je te serai toujours fidèle ! »
Elle répondit :
« Je connais ton cœur. J'en suis touchée.
Si tu ne me délaisses pas.
Je t'attendrai toujours...
Tu es comme la roche solide.
Et moi, un simple jonc.
Les joncs encerclent fortement la roche
Qui ne veut pas non plus bouger.
Mais j'ai un père et un frère,
Leur caractère est impétueux comme la foudre ;
Je ne crois pas qu'ils me laissent libre
Et qu'ils ne blessent mon cœur ! »
Ils se dirent longtemps de douces choses...
Puis arrivant chez elle, elle marcha péniblement.
Son attitude manquait de fermeté.
Sa mère, la voyant arrivée, cria :
« Oh ! tu viens toute seule !
A treize ans, je t'apprenais à tisser,
A quatorze ans, tu savais couper,
A quinze ans, tu jouais de la musique,
A seize ans, tu connaissais les rites,
A dix-sept ans, je t'ai mariée.
J'espère que tu es toujours obéissante...
Quelles fautes as-tu donc commises ?
Pour retourner ici sans que j'aille te chercher ? »
« Ma mère, as-tu honte de moi ?
Sache bien que je n'ai commis aucune faute ! »
La mère fut bien triste.
Dix jours après son retour,
Le maire de la commune envoya un messager :
« Le maire a un troisième fils
Qui est charmant et sage.
Agé de dix-huit à dix-neuf ans.
Il est très instruit et plein de talent. »
La mère en parla à sa fille :
« Tu peux aller lui répondre ! »
La fille, les larmes aux yeux, reprit :
« Quand je quittai la maison de mon époux,
A plusieurs reprises, il me dit,
Qu'il fallait nous jurer de ne jamais nous séparer.
Si je trahis notre amour,
Ne sera-ce pas trop ridicule ?
Il convient d'interrompre les pourparlers.
Sans le froisser, refuse-le. »
La mère vint dire à l'entremetteur :
« Notre famille pauvre n'a que cette fille,
A peine mariée, elle est renvoyée.
Déjà indigne d'être femme d'un fonctionnaire.
Comment mériterait-t-elle le fils d'un maire ?
Ne pouvant combler votre désir.
Nous vous serons obligés de chercher ailleurs. »
Mais quelques jours après,
Le préfet fit venir son chancelier :
« J'ai entendu parler de la jeune fille d'une famille
Descendant des hauts dignitaires.
Mon cinquième fils
Doux et élégant n'est pas marié.
Comme tu es habile à parler,
Tu iras chez elle en qualité d'entremetteur. »
Le chancelier arriva et dit franchement :
« Le Préfet a un fils très beau.
Il désire demander la main de votre fille,
C'est pourquoi il m'a envoyé chez vous. »
La mère le remercia :
« Ma fille a fait un serment.
Moi, sa pauvre mère, je n'ose la contrarier. »
Le frère l'ayant entendu
Se tourmenta dans le cœur.
Il dit à sa jeune sœur :
« Pourquoi ne les compares-tu pas ?
Tu fus d'abord mariée à un fonctionnaire,
Tu peux devenir femme d'un fils du préfet.
Quelle différence entre ces deux sorts !
Le second t'honore hautement,
Si tu refuses de l'épouser,
Alors où comptes-tu aller ? »
La jeune femme levant la tête dit :
« Oui, tu as peut-être raison.
Je quittai ma famille pour suivre mon mari.
Au milieu de ma vie, je suis retournée ici.
Dispose de moi selon ton désir.
Oserai-je agir librement ?
Malgré mon serment au fonctionnaire.
Nous n'aurons plus l'occasion de nous revoir.
Tu peux accepter ce qu'on nous a proposé.
Préparons tout de suite le mariage ! »
L'entremetteur s'en alla immédiatement :
« Oui, oui,... bien,... c'est ça... »
A son retour, il dit au préfet :
« Votre serviteur, suivant votre ordre
A fait la démarche avec succès. »
Le préfet fut joyeux d'apprendre cette nouvelle.
Consultant l'almanach et d'autres livres,
Il fit venir son fils et lui dit :
« Ce mois-ci est le mois propice.
Le trentième jour est favorable,
Aujourd'hui, nous sommes le vingt-sept.
Va vite te marier. »
On commença à faire des préparatifs.
Les gens se suivaient comme des nuages flottants ;
Les bateaux étaient sculptés d'oiseaux et de cigognes
Portant aux quatre coins des bannières peintes de dragons ;
Les voitures dorées aux roues ornées de jade
Étaient traînées par de beaux chevaux noirs ;
Les selles étaient parées de fils d'or.
On apporta trois millions de sapèques
Enfilées sur des cordes de soie bleue,
Et trois cents pièces de draps multicolores ;
Puis, des poissons rares et des objets précieux.
Quatre ou cinq cents serviteurs suivaient le cortège
Qui arriva devant la porte de la ville.
La mère ordonna à sa fille :
« Le préfet vient de m'envoyer une lettre
M'annonçant que demain l'on viendra te chercher.
Ne manque pas cette belle cérémonie.
Pourquoi ne confectionnes-tu pas tes habits ? »
Mais sans rien répondre
Elle se couvrit la bouche d'un mouchoir et sanglota.
Ses larmes coulaient comme un torrent.
Poussant son canapé incrusté de cristal
Jusqu'au devant de la fenêtre,
Avec des ciseaux et une règle,
Elle coupa les satins et les crêpes.
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POÈME POUR LA FEMME
SYU THONG-KHING

Un paon s'envole vers le sud-est,
Tous les cinq li, il va et vient.
Tristement une jeune femme dit à son mari :
« A treize ans, je pouvais tisser,
A quatorze ans, j'apprenais à couper,
A quinze ans, je jouais de la musique,
A seize ans, je lisais poèmes et histoires,
A dix-sept ans, je devins ta femme.
Mon cœur est toujours triste et peiné.
Toi, tu es fonctionnaire de la préfecture.
Voulant t'être fidèle, mon amour est constant.
Mais que je suis seule dans cette chambre vide !
Tous les jours, je te vois si rarement.
Dès que le coq chante, je commence à tisser.
Chaque nuit, jamais je ne puis me reposer.
Je fais cinq pièces en trois jours.
Tes parents me reprochent d'être trop lente.
Oh ! ce n'est pas qu'au métier que je suis lente !
Dans ta famille, une épouse est malheureuse !
Je ne puis être esclave,
A quoi sert d'y rester encore !
Va t'en parler à tes parents,
Qu'ils me renvoient tant qu'il est temps ! »
Le fonctionnaire entendant cela,
Monta dans la salle et dit à sa mère :
« Déjà le sort de ton enfant n'est pas brillant.
Mon seul bonheur est d'avoir une charmante femme.
Ensemble nos cheveux ont été noués,
Ensemble nous couchons dans le même lit.
Ensemble nous voulons rester amis sous la terre !
Éternellement nous serons unis !
Depuis quelques années à peine nous sommes époux,
Ce n'est pas de longtemps...
Cette femme se conduit sincèrement.
Pour quel motif la blâmes-tu ? »
Furieuse, la mère lui répondit :
« Mon fils, que te considères-tu si bas !
Impolie et manquant de respect,
C'est à son gré seul qu'elle veut agir.
Depuis longtemps ma décision est prise.
Te crois-tu donc tout à fait libre ?
Notre voisin de l'est a une gentille fille
Qui s'appelle Lou-fou ;
Rien n'est comparable à son beau corps !
Je vais la demander en mariage pour toi.
Renvoie vite cette maudite femme.
Qu'elle ne reste plus ici ! »
A genoux, le fonctionnaire supplia :
« Écoute-moi, écoute-moi, ma mère !
Si tu renvoies ma pauvre épouse,
Je passerai ma vieillesse solitaire. »
La mère l'entendant parler ainsi
Frappa le lit et éclata en colère :
« Mon petit, tu n'as donc rien à craindre,
Tu oses plaider la cause de ta femme !
Oui, je suis méchante et peu généreuse,
Mais jamais je ne me soumettrai ! »
Le fonctionnaire sans répondre
Saluait deux fois sa mère et rentrait dans sa chambre.
Il voulait en raconter à sa femme,
La gorge si serrée, qu'à peine il pouvait parler :
« Ce n'est pas moi qui te chasse...
Mais ma mère l'exige...
En attendant, rentre d'abord chez toi,
Moi, je vais à la préfecture.
Et sous peu, je reviendrai.
A mon retour, j'irai te chercher.
Calme ton cœur en pensant à moi.
N'oublie pas mes paroles ! »
La jeune femme répondit à son mari :
« Ne discutons plus...
Souviens-toi qu'autrefois,
Au moment de notre mariage,
C'était le dixième mois de l'année,
Je quittai ma famille pour venir dans la tienne.
Obéissante aux ordres de mes beaux parents,
Je n'ai jamais dirigé les affaires moi-même.
Jours et nuits, je travaille sans cesse.
Quoique fatiguée et seule,
Je n'ai jamais osé me plaindre.
Je me crois sans défaut
Et espère de vivre paisiblement.
Oh ! malgré tout mon dévouement,
Je suis chassée et renvoyée !
Pourquoi parler de revenir !
J'ai une belle jupe brodée,
Ses franges lumineuses scintillent ;
Une moustiquaire doublée de soie rouge,
Des sachets parfumés se balancent aux quatre coins.
J'ai encore une soixantaine de malles
Entourées de fines cordes bleues et vertes.
Tous les objets diffèrent les uns des autres :
Tout est là, dans ces caisses.
Abjecte comme je suis,
Mes objets sont donc comme moi, méprisables,
Indignes de faire partie du trousseau
De celle qui viendra à ma place.
Garde-les quand même pour les distribuer en aumônes
Dès aujourd'hui, nous ne nous reverrons plus !
Console-toi, mon cher ami.
Jamais ne nous oublions ! »
Au dehors, les coqs chantaient et le jour parut.
La femme se leva et se coiffa gentiment ;
Elle revêtit une jupe de belle broderie ;
Quatre ou cinq fois, elle s'examina.
Aux pieds, elle mit des souliers de soie ;
Sur la tête un peigne d'écaille brillante.
Sa taille enveloppée de crêpe blanc
Est comme de l'eau qui serpente.
Deux jades ronds croissants de lune pendent à ses oreilles.
Ses doigts si fins ressemblent à des oignons taillés.
Et sa bouche aux perles rouges est si jolie !
Doucement elle s'avança à petits pas
Gracieuse et exquise, sa beauté n'a pas de rivale.
Elle arriva dans la salle et salua sa belle-mère,
Celle-ci ne cessa de se fâcher.
« Née d'une famille humble,
Je n'ai pas d'éducation,
Aussi ai-je honte d'être épouse d'un noble.
J'ai reçu tant d'argents et d'étoffes,
Je ne puis travailler selon votre volonté.
Aujourd'hui je retourne chez moi,
Je regrette de vous laisser seule
A supporter les fatigues du ménage ! »
Puis elle fit ses adieux à sa petite belle-sœur.
Ses larmes tombent comme des perles désenfilées :
« Quand j'arrivai ici,
Tu ne pouvais que t'appuyer sur le lit.
Aujourd'hui je suis chassée,
Tu es haute comme moi.
Sois dévouée à tes parents.
Aide-les soigneusement.
Aux jours de congé, en t'amusant.
Pense à moi !... »
Elle quitta la porte, monta dans la voiture et s'en alla.
Ses larmes coulent sans cesse.
Le cheval du fonctionnaire marcha en avant,
La voiture de sa femme le suivit.
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LES ORCHIDÉES

Ces orchidées sont si belles
Parmi les herbes odorantes !
Je les ai cueillies toute la matinée,
Mais, hélas ! jusqu'au soir,
Je n'en ai que peu dans mes bras.
Les cueillir, pour qui ?
Celui à qui je pense est si loin de moi !
Les parfums s'envolent.
Les fleurs se fanent si vite !
Je sens languir mon cœur...
Je te cherche partout.
Par le vent, je t'envoie mes souvenirs.
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