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Citation de Partemps


POÈME POUR LA FEMME
SYU THONG-KHING (2)
Lentement ils arrivèrent au carrefour des grandes routes.
Le mari descendit du cheval, entra dans la voiture.
Et tête à tête, il parla à l'oreille de sa femme :
« Je jure de ne pas me séparer de toi.
Retourne chez tes parents pour le moment.
Je dois aller à la préfecture,
Bientôt je reviendrai,
Compte sur moi, je te serai toujours fidèle ! »
Elle répondit :
« Je connais ton cœur. J'en suis touchée.
Si tu ne me délaisses pas.
Je t'attendrai toujours...
Tu es comme la roche solide.
Et moi, un simple jonc.
Les joncs encerclent fortement la roche
Qui ne veut pas non plus bouger.
Mais j'ai un père et un frère,
Leur caractère est impétueux comme la foudre ;
Je ne crois pas qu'ils me laissent libre
Et qu'ils ne blessent mon cœur ! »
Ils se dirent longtemps de douces choses...
Puis arrivant chez elle, elle marcha péniblement.
Son attitude manquait de fermeté.
Sa mère, la voyant arrivée, cria :
« Oh ! tu viens toute seule !
A treize ans, je t'apprenais à tisser,
A quatorze ans, tu savais couper,
A quinze ans, tu jouais de la musique,
A seize ans, tu connaissais les rites,
A dix-sept ans, je t'ai mariée.
J'espère que tu es toujours obéissante...
Quelles fautes as-tu donc commises ?
Pour retourner ici sans que j'aille te chercher ? »
« Ma mère, as-tu honte de moi ?
Sache bien que je n'ai commis aucune faute ! »
La mère fut bien triste.
Dix jours après son retour,
Le maire de la commune envoya un messager :
« Le maire a un troisième fils
Qui est charmant et sage.
Agé de dix-huit à dix-neuf ans.
Il est très instruit et plein de talent. »
La mère en parla à sa fille :
« Tu peux aller lui répondre ! »
La fille, les larmes aux yeux, reprit :
« Quand je quittai la maison de mon époux,
A plusieurs reprises, il me dit,
Qu'il fallait nous jurer de ne jamais nous séparer.
Si je trahis notre amour,
Ne sera-ce pas trop ridicule ?
Il convient d'interrompre les pourparlers.
Sans le froisser, refuse-le. »
La mère vint dire à l'entremetteur :
« Notre famille pauvre n'a que cette fille,
A peine mariée, elle est renvoyée.
Déjà indigne d'être femme d'un fonctionnaire.
Comment mériterait-t-elle le fils d'un maire ?
Ne pouvant combler votre désir.
Nous vous serons obligés de chercher ailleurs. »
Mais quelques jours après,
Le préfet fit venir son chancelier :
« J'ai entendu parler de la jeune fille d'une famille
Descendant des hauts dignitaires.
Mon cinquième fils
Doux et élégant n'est pas marié.
Comme tu es habile à parler,
Tu iras chez elle en qualité d'entremetteur. »
Le chancelier arriva et dit franchement :
« Le Préfet a un fils très beau.
Il désire demander la main de votre fille,
C'est pourquoi il m'a envoyé chez vous. »
La mère le remercia :
« Ma fille a fait un serment.
Moi, sa pauvre mère, je n'ose la contrarier. »
Le frère l'ayant entendu
Se tourmenta dans le cœur.
Il dit à sa jeune sœur :
« Pourquoi ne les compares-tu pas ?
Tu fus d'abord mariée à un fonctionnaire,
Tu peux devenir femme d'un fils du préfet.
Quelle différence entre ces deux sorts !
Le second t'honore hautement,
Si tu refuses de l'épouser,
Alors où comptes-tu aller ? »
La jeune femme levant la tête dit :
« Oui, tu as peut-être raison.
Je quittai ma famille pour suivre mon mari.
Au milieu de ma vie, je suis retournée ici.
Dispose de moi selon ton désir.
Oserai-je agir librement ?
Malgré mon serment au fonctionnaire.
Nous n'aurons plus l'occasion de nous revoir.
Tu peux accepter ce qu'on nous a proposé.
Préparons tout de suite le mariage ! »
L'entremetteur s'en alla immédiatement :
« Oui, oui,... bien,... c'est ça... »
A son retour, il dit au préfet :
« Votre serviteur, suivant votre ordre
A fait la démarche avec succès. »
Le préfet fut joyeux d'apprendre cette nouvelle.
Consultant l'almanach et d'autres livres,
Il fit venir son fils et lui dit :
« Ce mois-ci est le mois propice.
Le trentième jour est favorable,
Aujourd'hui, nous sommes le vingt-sept.
Va vite te marier. »
On commença à faire des préparatifs.
Les gens se suivaient comme des nuages flottants ;
Les bateaux étaient sculptés d'oiseaux et de cigognes
Portant aux quatre coins des bannières peintes de dragons ;
Les voitures dorées aux roues ornées de jade
Étaient traînées par de beaux chevaux noirs ;
Les selles étaient parées de fils d'or.
On apporta trois millions de sapèques
Enfilées sur des cordes de soie bleue,
Et trois cents pièces de draps multicolores ;
Puis, des poissons rares et des objets précieux.
Quatre ou cinq cents serviteurs suivaient le cortège
Qui arriva devant la porte de la ville.
La mère ordonna à sa fille :
« Le préfet vient de m'envoyer une lettre
M'annonçant que demain l'on viendra te chercher.
Ne manque pas cette belle cérémonie.
Pourquoi ne confectionnes-tu pas tes habits ? »
Mais sans rien répondre
Elle se couvrit la bouche d'un mouchoir et sanglota.
Ses larmes coulaient comme un torrent.
Poussant son canapé incrusté de cristal
Jusqu'au devant de la fenêtre,
Avec des ciseaux et une règle,
Elle coupa les satins et les crêpes.
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