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Citation de Partemps


POÈME POUR LA FEMME
SYU THONG-KHING (3)
Dans la matinée, elle finit une jupe brodée,
Dans la soirée, des chemises minces.
Tout était sombre, le soleil allait disparaître,
Triste, elle sortit de sa maison et pleura.
Le fonctionnaire apprenant cette mauvaise nouvelle,
Demanda un congé et revint chez lui.
A deux ou trois li de sa demeure,
Son cheval hennit péniblement.
La jeune femme qui connaissait la voix de l'animal
Vint au devant de son mari.
Le cœur brisé, elle le cherchait partout.
Enfin l'ancien époux arriva.
Il frappa la selle de son cheval,
Elle poussa des soupirs à déchirer le cœur.
« Depuis que tu m'as quittée,
Bien des événements sont arrivés !
Toi, tu ne sais pas tout ce qui se passe ici !
Oui, on veut s'opposer à notre vœu.
J'ai des parents, puis des frères...
Ils veulent tous me contraindre...
Ils m'ont promise à un autre.
Te voilà de retour, mais rien à espérer ! »
Le fonctionnaire dit à la jeune femme :
« Je te félicite d'un bel avenir.
La roche est toujours large et épaisse
Capable de résister un millier d'années.
Mais le jonc ne l'enlace qu'éphémèrement,
Il peut s'en aller du matin au soir.
Tu deviendras de plus en plus noble.
Moi seul, je pars vers le pays des morts ! »
La jeune femme lui répondit :
« Oh ! pourquoi parles-tu ainsi !
Tous les deux nous sommes si opprimés,
Notre sort est aussi malheureux pour l'un que pour l'autre.
Au revoir, nous nous retrouverons sous la terre.
N'oublions pas notre serment ! »
Ils se serrèrent la main,
Puis chacun prit son chemin...
Hélas ! quelle triste histoire
Quand les vivants se font les adieux des morts !
Hélas ! Ils vont quitter ce monde.
Personne ne pourra les réunir !
Le fonctionnaire rentra dans sa maison,
Il monta dans la salle pour saluer sa mère :
« Aujourd'hui que le vent est triste et froid
Il flétrit tant d'arbres du bois.
Les gelées glaciales congèlent les orchidées.
Je pars bientôt vers les ténèbres
Je te laisserai seule désormais.
J'ai fait moi-même ce pénible projet.
Ne maudissons pas les esprits.
Que ta vie soit aussi solide que les pierres !
Que ta santé soit toujours florissante ! »
La mère pleura en l'écoutant :
« Tu es un fils de grande famille,
Tu travailles pour les services publics,
Ne meurs pas pour une femme !
Le sentiment d'un noble doit être faible envers une servante.
Notre voisin de l'est a une fille bien sage,
Sa beauté est célèbre dans toute la ville,
Je vais demander sa main pour toi.
Tu l'auras du jour au lendemain. »
Le fils se prosterna deux fois.
Entra dans sa chambre vide.
Et soupira longuement.
Il tourna la tête vers la porte
Méditant pour exécuter sa décision.
La tristesse le tourmentait et l'oppressait.
Au dehors, le cheval hennissait et le bœuf beuglait.
La femme arriva dans son pavillon,
Lorsque le silence régnait au crépuscule.
Alors les bruits s'éteignirent, tout fut calme.
« Ma vie touche à sa fin aujourd'hui,
Mon âme part, seul mon corps reste ! »
Ayant soulevé sa jupe et quitté ses souliers,
Elle se jeta dans un étang limpide.
Le fonctionnaire apprenant cette nouvelle,
Pensa aux séparations éternelles,
Il allait et venait promenant ses regards,
Puis se pendit aux branches d'un arbre.
Les deux familles demandèrent qu'on les enterrât.
On les enterra ensemble au penchant de la montagne Fa.
A l'est et à l'ouest, on planta des sapins et pins,
A gauche et à droite des dryadras et aleurites.
Leurs branches se croisaient les unes les autres,
Et les feuilles flottaient entremêlées.
Là se trouvaient deux petits oiseaux
Appelés Ying-ying,
Levant la tête et s'appelant mélancoliquement
Jusqu'au point du jour.
Les passants s'arrêtaient pour les écouter,
Les veuves les entendaient avec perplexité.
Que les futures générations prennent garde !
Faites attention de ne pas oublier cela !
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