Le songe
Et si au fond de ce puits, au fond de cette inépuisable géhenne, si au fond de cette hébétude déchirée j'avais une pensée - s'il me restait un sentiment, c'était l'amer crève-cœur, c'était le déchirement, c'était le désespoir désert et glacé de savoir que des gens, par le monde, des hommes comme nous, avec une tête et un cœur, connaissent notre existence et notre vie, et qu'ils mènent leur vie à eux, leurs affaires d'argent, d'amour, et de table, qu'ils avancent chaque jour parmi les choses et dans le temps sans nous consacrer l'obole d'un souci. Et que même il en est d'autres, oui, qu'il en est d'autres, d'autres qui parfois songent à nous - et que cette pensée fait sourire.