– Ce n'est pas ce que je voulais dire. Je voulais dire qu'en fait tu es... plutôt pas mal.
– Josh, serais-tu en train de me faire un compliment ?
– Heu... oui, je crois qu'on peut dire ça.– Tu n'as aucune raison d'en être gêné.
– Je ne suis pas gêné.
– Si, tu es tout rouge.
Il la suivit dans l'escalier, et les marches craquèrent en rythme sous leur poids. Il n'aurait pas dû regarder la façon dont son charmant petit postérieur remuait tandis qu'elle grimpait, mais Mitch était un homme et les hommes ne peuvent pas s'en empêcher.
Il avait toujours considéré que la soi-disant galanterie masculine qui impose aux hommes de laisser passer les femmes devant eux dans les escaliers ne relevait absolument pas de la politesse. Tout ce petit jeu d'« après vous, ma chère » était en fait destiné à permettre aux hommes de se rincer les yeux tandis qu'ils estimaient leurs chances d'arriver à leurs fins une fois le palier atteint.
Rougissante, elle se déshabilla à la hâte, regrettant amèrement de n'avoir pas revêtu des dessous plus sexy que ce malheureux ensemble en coton blanc. Mais ce n'était pas ça qui allait l'arrêter. Oh non. A cet instant, rien n'aurait pu l'empêcher d'aller jusqu'au bout.
Elle aurait cet homme.
On pouvait tout faire par le truchement d’un ordinateur. Tout, sauf avoir des rapports sexuels, bien entendu. Il avait entendu parler de projets à l'étude dans ce domaine, mais il se doutait qu’il faudrait attendre encore longtemps avant que l’acte virtuel puisse remplacer l’acte réel de façon satisfaisante.
Elle n'avait jamais rien vu de semblable, sauf peut-être au cinéma, dans des vieux films de série B. Tout était rouge : le papier peint gaufré, les rideaux de velours et les divans de style victorien. Elle avait l'impression de se retrouver dans le vaisseau sanguin géant qu'elle avait vu au musée des Sciences autrefois, lors d'une visite scolaire.
Tout ce qui n'était pas rouge était doré, y compris le piano mécanique qui occupait un coin de la pièce et une grande armoire dans l'angle opposé. Les cadres des tableaux étaient eux aussi dorés. Tous représentaient des nus « artistiques ». Certains étaient des copies de tableaux célèbres, mais d'autres semblaient tout droit sortis du magazine Playboy.
Contempler le tableau de bord n'aurait fait qu’accroître son anxiété.Elle ne s'était pas attendue à ressentir une telle frayeur à bord du King Air. Elle avait toujours trouvé secrètement ridicule la peur que sa mère avait des avions. De plus, le vol qu’elle avait effectué entre le Tennessee et Hawaï onze ans auparavant ne lui avait pas laissé un mauvais souvenir. Mais elle n'avait que quinze ans, à l’époque. À cet âge-là, on n'a peur de rien.
Surveiller les gens à leur Insu amenait parfois à faire des découvertes gênantes... voire excitantes. Dans son travail de détective privé, il s'était régulièrement retrouvé confronté à des situations sexuellement embarrassantes - un homme en compagnie de plusieurs femmes, une femme en compagnie de plusieurs hommes, des hommes avec des hommes, des femmes avec des femmes, parfois même des hommes ou des femmes avec des animaux...
Si ironique que cela puisse paraître, faire l'amour de façon brusque et précipitée semblait être la meilleure solution. Ils traversaient une phase de crise ; or, depuis que le monde est monde, faire l'amour est le moyen le plus efficace pour faire baisser la tension engendrée par une crise.
Si elle devait coucher avec lui, il faudrait qu'elle conserve bien clairement à l'esprit les raisons qui l'incitaient à le faire. La curiosité, d'une part. Mais, surtout et avant toute chose, le besoin sexuel - les vibromasseurs n'offraient que de piètres substituts, dans ce domaine.
Quand on est petit, on croit que tout est possible. Je croyais que je serais une danseuse célèbre et que mon mari s'occuperait de gérer ma carrière. Qu'on passerait plein de temps ensemble à s'occuper de nos enfants. La version hollywoodienne de la gloire et du succès, quoi.