AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.25/5 (sur 16 notes)

Biographie :

Professeur d’histoire à l’université de Metz et directeur du centre de recherche “Histoire et civilisation de l’Europe occidentale", Alfred Wahl a 65 ans. Il est l’un des spécialistes de l’histoire allemande et a publié notamment une "Histoire de la RFA" ainsi que "L’Allemagne de 1918 à 1945" (Armand Colin). Il fut également directeur de l’IHEE (Institut des hautes études européennes).
Alfred Wahl est actuellement responsable du comité scientifique en charge de la muséographie du Mémorial Alsace-Lorraine.

Source : http://mcsinfo.u-strasbg.fr/
Ajouter des informations
Bibliographie de Alfred Wahl   (14)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
(...) sous le régime allemand, les institutrices étaient obligatoirement célibataires : en cas de mariage, elles devaient démissionner. C'est pourquoi, jusqu'aux années 1960 au moins, les enfants et les parents des campagnes haut-rhinoises ne parlaient que de la Schüelmamzel (littéralement la demoiselle d'école) ou de la D'Mamzel tout court pour évoquer l'institutrice, même quand elle était mariée.
Commenter  J’apprécie          140
La sacralisation de la terre se retrouvait dans divers usages. Au début du XXe siècle encore, dans l'Alsace moyenne, à l'occasion de moments importants comme la fenaison, la moisson ou les vendanges, les femmes "se paraient d'un beau chapeau de paille, de blouses claires et de tabliers bariolés". Dans certains villages du Sundgau, la moisson faisait l'objet d'un véritable rituel de fécondité, avec la Glückhanfala (la touffe porte-bonheur). La dernière touffe du champ était "rassemblée par le haut et serrée avec quelques épis noués". Les moissonneurs se plaçaient alors autour pour réciter cinq Pater et cinq Ave. Le père coupait ensuite la touffe "en trois coups, à mi-hauteur, au nom du Père, du FIls et du Saint-Esprit". Le Glückhanfala était enfin coincé derrière le crucifix de la salle à manger afin de protéger la famille contre les mauvaises récoltes, les orages, etc., pour l'année à venir.
Commenter  J’apprécie          131
L'autorité militaire considéra les incorporés d'Alsace avec méfiance et les affecta presque exclusivement au front de l'Est pour éviter les tentations d'évasion sur le front français. La Grande Guerre fut aussi un guerre fratricide. De nombreux Alsaciens combattirent dans les rangs français comme engagés volontaires : des fils d'optants, des émigrants plus récents. Au moment de la déclaration de guerre, 18 400 Alsaciens et Lorrains avaient quitté le Reichsland pour rejoindre l'armée française. Trois fils de l'historien Rodolphe Reuss, qui avait fini par émigrer à Paris avant 1914, moururent sous l'uniforme français. En fin de compte, des familles alsaciennes pleurèrent des morts tombés au service de l'un ou de l'autre camp; ainsi, deux frères Lenhardt, de Wingen-sur-Moder, trouvèrent la mort revêtus de l'uniforme d'officier français pendant que deux autres Lenhardt furent tués comme soldats allemands.
Commenter  J’apprécie          120
La singularité du comportement électoral des Alsaciens, proche de celui des Allemands, se manifesta encore après la Seconde Guerre Mondiale. Le MRP draina les voix des fidèles de l'Eglise et donc celles de presque tous les ruraux catholiques. René Engasser décrit ainsi le rôle des curés dans la Hardt haut-rhinoise au cours des années 1950 : "Lorsqu'il s'agissait d'élections nationales, les curés déployaient leur verve pour convaincre leurs fidèles de donner leur voix au Mouvement républicain populaire. Ils... ne mâchaient pas leurs mots : tous ceux qui voteraient pour la gauche iront en enfer, car les communistes sont des damnés." En général, ils se contentaient de rappeler qu'il fallait "bien voter", c'est à dire pour le parti qui se réclamait du catholicisme.
Commenter  J’apprécie          120
A Strasbourg, à proximité immédiate du Rhin, au débouché du pont franchissant le fleuve, le monument Desaix jouait le rôle d'une borne frontière. Le monument avait été érigé en 1802 par l'armée du Rhin en hommage à son ancien chef. Le héros de Marengo avait à deux reprises livré des batailles décisives sur le Rhin, le 23 mai 1794 et le 20 avril 1797. Le monument raconte cette histoire. Après 1871, à la suite d'une convention avec la Prusse, le monument et le terrain qui l'entourait devinrent propriété de l'Etat français. Un invalide de guerre français en assurait la garde. Dès lors, il prit une dimension nouvelle en matérialisant l'ancienne frontière et en perpétuant sa mémoire et celle des luttes livrées par la France pour sa défense. Le monument Desaix était devenu une borne frontière face à Kehl mais aussi une pierre sacrée de la religion nationale à travers l'évocation d'un moment décisif de l'histoire de France, l'hommage rendu à l'un de ses héros et la nature du donateur : l'armée du Rhin, dont le chant de guerre avait été la "Marseillaise". Le monument Desaix perpétuait encore le souvenir d'un front militaire (expression qui est à l'origine du mot frontière) contemporain de la fondation de la République. Il avait d'autant plus de force symbolique qu'il redoublait la frontière dite naturelle.
Commenter  J’apprécie          111
De 1850 à 1950, la frontière connut, en Alsace, un tracé éminemment instable, tantôt fixé sur le Rhin, tantôt sur les Vosges. Avant 1870, la frontière avec la Suisse était plus étendue au sud, puisque le futur Territoire de Belfort faisait encore partie du département du Haut-Rhin. Après la Grande Guerre et jusqu'en 1930, il n'y eut pas, au nord, de véritable frontière, du fait de l'occupation de la Rhénanie par les vainqueurs. Plus qu'ailleurs peut-être, l'idée de frontière comme ligne "raide et abrupte", pour reprendre la formule d'Ernest Lavisse, avait du mal à s'imposer.
Dans le même temps, sa perception évoluait. Les Alsaciens de la première moitié du XIXe siècle étaient encore peu marqués par elle. Même s'ils n'étaient plus considérés comme des habitants d'une "province à l'instar de l'étranger effectif" depuis la Révolution, ils continuaient d'évoluer dans des espaces qui méconnaissaient largement les frontières. Au nord, le statut de la forêt du Mundat restait incertain et discuté. Tout au long du Rhin au cours aléatoire, les bans communaux des villages limitrophes empiétaient de part et d'autre du fleuve. Les frontières commencèrent à s'imposer seulement vers le milieu du siècle, avec l'exacerbation des mouvements sociaux.
Commenter  J’apprécie          110
(...) en 1940; les instituteurs (Alsaciens) comme les autres enseignants durent cette fois traverser le Rhin pour subir l'Umschulung, c'est-à-dire l'endoctrinement nazi, et bénéficier d'une formation accélérée dans la langue allemande. Tous les enseignants durent signer une déclaration d'allégeance au Fürhrer qui disait : "Le Fürher, après une lutte gigantesque, a réparé le crime du Diktat honteux de Versailles et regagné l'Alsace allemande au Reich. J'accepte le retour de mon pays au sein du Reich et je remplirai les obligations qui m'incombent en ma qualité d'éducateur et de fonctionnaire allemand, sans réserve et avec joie." Les fonctionnaires avaient l'obligation de signer la déclaration d'allégeance suivante : "Je suis décidé à me mettre au service actif du Fürher et de la Grande Allemagne nationale-socialiste, dans mon travail et mes autres activités."
Commenter  J’apprécie          100
Le paysan alsacien avait une conscience aigüe de cultiver un véritable champ de bataille. Dans ce contexte, il était naturellement d'autant plus attaché à sa parcelle de terre fertile que "la famille a acquise après des générations de guet attentif". La présence de la guerre était particulièrement forte puisqu'elle se matérialisait dans une frontière incertaine et changeante : sur le Rhin ou sur la crête des Vosges. Génération après génération, les exploitants des villages limitrophes de la frontière se retrouvaient avec des champs situés de part et d'autre de celle-ci du fait de sa mouvance.
L'incertitude de l'appartenance nationale, un territoire national mal défini ont sans doute fortifié l'identification au sol, à la terre et l'attachement à la propriété.
Commenter  J’apprécie          100
Autre facteur de division, de séparation et de perturbation, les "funestes mariages mixtes", entre catholiques et protestants, très rarement entre juifs et chrétiens. Ces liaisons mettaient en cause l'impénétrabilité des communautés.
Chez les catholiques, la règle était simple et sans appel : le mariage devait dans tous les cas être célébré par le curé et les enfants à naître baptisés à l'église catholique, sous peine pour la partie catholique de devoir renoncer au secours de la religion, y compris sur le lit de mort. Les prêtres recevaient sur ce point des instructions précises afin de pouvoir formuler les menaces à temps. Tout en étant opposées elles aussi aux mariages mixtes, les autorités protestantes n'avaient édicté aucune sanction à l'égard de ceux qui acceptaient de se marier à l'église catholique. Les mariages entre juifs et chrétiens faisaient l'objet d'un interdit tout aussi vigoureux. Dans la communauté juive, "partir avec une Schikse (jeune fille chrétienne), cela signifiait l'opprobre sur toute la famille.
En fait, les mariages internes à chaque communauté étaient la règle, y compris dans les villages mixtes. Le problème se posait davantage en ville où les membres de chaque communauté étaient moins nettement identifiés. Il restait cependant pour les jeunes gens la possibilité de s'assurer de la confession de la jeune fille rencontrée en vérifiant si elle portait un crucifix ou la croix huguenote. Cette méthode de différenciation s'est peu à peu imposée durant la seconde moitié du XIXe siècle, au fur et à mesure que les jeunes Alsaciennes abandonnaient leur costume traditionnel. Jusque-là, du nord au sud, des particularités ou couleurs avaient indiqué l'appartenance confessionnelle de celle qui le portait. Les coiffures spécifiques durèrent plus longtemps. Après 1945 encore, certaines jeunes protestantes continuaient à porter des nattes ramenées sur le front. Il est vrai qu'avec le brassage des populations, la recherche d'un ou d'une partenaire de même confession devenait un exercice de plus en plus aléatoire.
Le 30 octobre 1881, le Volksfreund, journal catholique, réclama l'interdiction des bals sous prétexte que des couples s'y formaient sans que ni l'un ni l'autre des partenaires ne s'informent de la confession de son cavalier. Il ne pouvait s'agir que des bals dans les villes. Le brassage des populations, le rejet du repli sectaire sur soi après 1918 contribuèrent à l'augmentation des unions mixtes. "On voit aujourd'hui des jeunes protestantes et des jeunes catholiques bras dessus, bras dessous avec des garçons de l'autre confession et lier amitié et bientôt les fiançailles se profilent à l'horizon", écrivait le pasteur du village mixte d'Obenheim, près de Sélestat, en 1923. Il regrettait l'ancienne coutume et accusait pêle-mêle l'enseignement post-scolaire non confessionnel et surtout les associations sportives d'avoir causé son rejet. A la même époque, le curé de Weitbruch cherchait encore à interdire aux jeunes filles catholiques de se promener dans les rues avec les protestantes, de crainte qu'elles ne rencontrent les frères de celles-ci.
Commenter  J’apprécie          80
Le retour de l'Alsace à la France en 1918 provoqua une nouvelle rupture au sein de nombre de famille. Les immigrés allemands et leurs descendants ainsi que les autochtones firent l'objet d'une vaste opération de triage qui s'apparentait à une discrimination mal supportée. Chacun reçu une carte d'identité selon son origine nationale. Dès le 14 décembre 1918, un arrêté ministériel institua quatre modèles de cartes : A, B, C, D. La carte A, barrée aux couleurs tricolores, était attribuée à tous ceux dont les parents et les grands-parents étaient nés en France ou dans le Reischsland. La carte B, barrée de deux traits rouges, revenait à ceux dont l'un des parents ou des grands-parents était d'origine allemande. La carte C, barrée de deux traits bleus, était réservée à ceux dont les branches paternelle et maternelle étaient originaires de pays alliés de la France ou neutres durant la guerre. La carte D, enfin, sans aucune barre était délivrée aux "étrangers des pays ennemis", donc aux Allemands, y compris ceux qui étaient nés en Alsace-Lorraine après 1871.
Ce classement créa des situations douloureuses, parfois absurdes. (...)
Commenter  J’apprécie          70

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Alfred Wahl (50)Voir plus

Quiz Voir plus

Les patronymes et autres joyeusetés cachées dans le texte

On était assis autour d'un feu de bois de tilleul, en train de tailler une bavette avec Gastibelza l'homme à la carabine et sa mère la vieille Moghrabine d'Antequara. Cette dernière nous raconta l'histoire de l'orang outan échappé du zoo de Malaga en se reversant un verre de ce vin doux et liquoreux provenant des vignobles alentours de cette noble cité.

Campagne présidentielle de 2007
Campagne présidentielle de 1981
Campagne présidentielle de 2012
Campagne présidentielle de 2002

1 questions
129 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur
¤¤

{* *}