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4.36/5 (sur 7 notes)

Nationalité : Syrie
Né(e) à : Alep , le 09/07/1885
Mort(e) à : Le Caire , le 22/06/1902
Biographie :

Abd al-Rahmân ibn Ahmad al-Kawakibi (En arabe : عبد الرحمن الكواكبي), né à Alep en juillet 1855 et mort au Caire en juin 1902, est un intellectuel syrien, dont l'œuvre a eu une profonde influence sur le développement des mouvements nationalistes arabes. Le panarabisme était un mouvement pour l’union des paysans arabes à la fin du XIXème siècle et pendant la première moitié du XXème siècle.

Source : https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Abd_al-Rahman_al-Kawakibi
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Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "La Mère des Cités" de Abd al-Rahman Al-Kawâkibî (Sayyid al-Furati) aux Editions Héritage.


Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Les plus zélés vont jusqu'à dire que la religion et la raison sont antagonistes et que le premier pas vers le progrès commence quand la religion se meurt. Ils ajoutent que le degré d'avancement ou de décadence chez les hommes et les nations, d'hier et d'aujourd'hui, se mesure à la force ou à la faiblesse de leur attachement à la religion.
Toutes ces opinions sont valables, voire indiscutables, mais elles s'appliquent surtout aux religions mythologiques ou contraires à la sagesse, comme celle qui conçoit l'unité dans la trinité ou la trinité dans l'unité. L'acquiescement à l'irrationnel est une aberration et c'est pourquoi le monde civilisé en est venu à considérer la fidélité à une telle croyance comme une honte, car sa devise est insensée.
Ce n'est pas le cas des religions, comme l'islam, fondées sur la raison. Je ne parle pas de celui qui est pratiqué aujourd'hui par la majorité des musulmans, mais de l'islam du Coran, accessible à toute personne qui n'est pas sous l'emprise de telle interprétation ou telle autorité.
Il est certain que la religion fondée sur la raison est le meilleur rempart contre les superstitions et les excès, l'argument le plus fort pour l'élévation morale, le soutien le plus précieux face aux difficultés de la vie, la plus grande incitation à entreprendre une grande œuvre et le meilleur renfort des nobles principes. Elle permet en somme la plus juste mesure du progrès ou de la décadence des nations comme des individus.
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En cette fin du 19ème siècle, l’Empire ottoman, et avec lui le monde musulman, est au plus mal. Les nations européennes, au faîte de leur puissance, animent l’espoir et la rivalité de dépecer cet empire musulman en plein déclin.

En effet, c’est depuis la deuxième partie du 19ème siècle que l’Empire ottoman reçoit le surnom d’« Homme malade de l’Europe ». On doit en effet cette appellation au Tsar russe Nicolas 1er (1825-1855) qui, lors d’un entretien en 1853 avec le diplomate britannique Sir George Hamilton Seymour (1797-1880), le qualifia ainsi.

Au même moment, de nombreux appels à la réforme de l’Empire virent le jour dans ses provinces orientales ; les réformes à l’occidentale, appelées les

, poursuivies par les sultans Selim III (1789-1807) Mahmûd II (1808-1839) et ‘Abdulmajid 1er (1839-1861) n’aboutirent guère aux résultats escomptés.

Puis vint le règne du sultan Abdulhamîd II (1876-1909) qui, à son tour, tenta de régénérer l’Empire et lança une série de réformes prenant pour repère le système de valeurs musulman. On se souviendra d’ailleurs notamment de ce fameux projet panislamique consistant à souder les peuples et minorités musulmans autour du califat ottoman en vue de conjurer le danger que représentait les ambitions coloniales européennes.

Toutefois, ces réformes ambitieuses, même si elles permirent de retarder l’effondrement de l’Empire pour les quelques décennies suivantes, ne purent enrayer pour autant les maux profonds qui le rongeaient depuis longtemps, incarnés par une bureaucratie paralysante et à bout de souffle, une corruption endémique, un autoritarisme et un arbitraire exaspérants exercés par des gouverneurs sans scrupule qui ne manquèrent pas de dresser contre eux leurs administrés avec son lot de répressions punitives.

Et c’est dans ce contexte assez particulier que vit le jour le 9 juillet 1855 le Cheikh ‘Abderrahmân Ibn Ahmad Al-Kawâkibî à Alep, au nord de l’actuelle Syrie, alors wilaya (province) ottomane.

Issu d’une famille pieuse, aisée et versée dans la science dont la noble lignée remonte à la Demeure prophétique (

), et bien que sunnite, il eut comme aïeul le Shah Isma’îl 1er (1501-1524), le fondateur de la dynastie chiite des Séfévides qui régna sur la Perse.

Il perd très tôt sa mère ‘Afîfa Bint Mas‘ûd Âl-Naqîb, fille du mufti d’Antioche, qui décède alors qu’il n’avait que six ans pour être ensuite élevé à Antioche même par sa tante maternelle Safiyya qui exercera une très grande influence sur sa personnalité.

Il reçut ensuite sa formation dans l’école Al-Kawâkibiyya dirigée par son père, éminent savant de la ville d’Alep, qui y enseigna également. Il y apprit les sciences religieuses, la logique, les sciences naturelles ; et y étudia aussi l’arabe, le perse et le turc. Étudiant brillant et à peine âgé de vingt ans, il obtint les diplômes les plus élevés et devint enseignant.

Lecteur effréné, lisant aussi bien des œuvres arabes qu’européennes traduites, il se passionne pour des domaines aussi divers que la politique, la philosophie et le droit normatif. Et concernant ce dernier champ de la connaissance, il l’investira par une étude approfondie au point d’exceller dans ce domaine.

La presse, étant à l’époque la tribune médiatique la plus influente pour exposer ses idées, il se voit confier en 1876, à l’âge de vingt-et-un ans, la fonction de rédacteur en chef du journal L’Euphrate, un organe de presse gouvernemental local publiant des articles dans les deux langues arabe et turque.

Mais très vite, esprit libre, il démissionne pour fonder un an plus tard, en collaboration avec un autre intellectuel du nom de Hâshim Al-‘Attâr son propre journal intitulé Al-Shahbâ’ (La rousse, surnom donné à la ville d’Alep).

Hélas, ce jeune journal, dans lequel le Cheikh ‘Abderrahmân Al-Kawâkibî composa des articles vibrants, critiquant l’état général de délitement dans lequel sombrait son pays, ne tarda pas à être interdit par les autorités ottomanes locales. Seuls seize numéros paraîtront de celui-ci.

Cependant, intrépide, il ne s’avoua pas vaincu et créa en 1879 un autre journal du nom de

(Modération) qui connut ensuite le même sort que le précédent.

Et si ‘Abderrahmân Al-Kawâkibî fut un écrivain remarquable au ton souvent virulent, il n’en demeure pas moins que les autorités turques locales savaient le ménager et lui confieront des postes importants de responsabilité. Il fut ainsi, entre autres, maire d’Alep, membre de la Commission des comptes et de celle de l’enseignement public de sa ville tout comme il prit place aussi au sein de la Commission des travaux publics en tant que président d’honneur. L’Histoire lui retiendra d’ailleurs de nombreuses réformes qu’il introduisit dans sa ville natale.

Mais c’était sans compter sur l’indépendance farouche et la parole libre de notre personnage qui ne se laissait pas amadouer par des fonctions publiques et qui n’affaiblirent en rien son militantisme intellectuel et politique à travers lequel il avait à cœur de dénoncer inlassablement le despotisme et ses méfaits sur la nation et la société.

Ses prises de position bien tranchées lui valurent deux emprisonnements, des tentatives d’assassinat et la confiscation de biens.

Entre 1898 et 1900, afin d’échapper quelque peu à cette ambiance pesante d’oppression politique, il entreprit plusieurs voyages dans les contrées arabes voisines, en Afrique de l’est, en Asie et dans le sous-continent indien où il ne manqua pas d’étudier de près la situation politique et socio-économique de ces zones géographiques visitées. Ces voyages furent aussi l’occasion de nouer des liens avec les élites religieuses et intellectuelles locales, éprises comme lui de réformes politiques et sociales.

Ne supportant plus le poids de l’autoritarisme et de l’arbitraire qui sévissaient dans son pays, il décida en 1900 de s’exiler en Égypte, dirigé à l’époque par le Khédive ‘Abbâs II Hilmi (1892-1914), où il y trouva une plus grande liberté d’expression et de pensée.

C’est là qu’il se nouera d’amitié avec les ténors du réformisme musulman tels que Muhammad ‘Abdû (m. 1905) et Muhammad Rashîd Ridâ (m. 1935), tout en s’abreuvant d’idées au contact de l’effervescence intellectuelle et religieuse présente dans la capitale égyptienne.

Là, il poursuivra son militantisme et ses activités intellectuelles en publiant essentiellement des articles traitant de questions religieuses, politiques et sociales dans de nombreux périodiques locaux dont notamment dans la célèbre revue Al-Manâr dirigée par le Cheikh Muhammad Rashîd Ridâ.

Sa mort fut tragique, il mourut en effet empoisonné en 1902 au Caire dans ce pays où il trouva terre d’asile en vue de poursuivre son combat contre l’injustice, l’arbitraire et la tyrannie, et pour la réforme politique, religieuse, morale et sociale.

Réformateur dans l’âme, il avait à cœur de voir la société musulmane sortir de son marasme et de s’affranchir des facteurs de sa régression. Situation qu’il résume très bien dans cet ouvrage que nous présentons en ces termes : « La question de la régression apparut il y a 1000 ans ou plus avec la décadence des peuples musulmans dans tous les domaines à tel point que certains peuples nous dépassèrent dans les sciences et les arts qui éclairent les connaissances. Ils réunirent leur puissance et étendirent leur influence sur nombre de pays musulmans et non musulmans. Les musulmans restèrent dans leur torpeur au point que celle-ci s’installa dans toutes les parties du corps de l’Empire islamique. Ce qui protégea la splendeur de cette religion tous ces siècles durant, c’est la force de ses fondements. »

Sa vie durant, son combat fut double : d’un côté, il travailla à l’élévation du niveau religieux et moral de ses concitoyens par la promotion de l’éducation et de l’enseignement, et la mise en place de nombreuses associations dans ce sens. Et d’un autre côté, il s’attela à mettre à nu les causes profondes de la tyrannie et du despotisme.

Figure majeure du réformisme arabo-musulman, il légua deux ouvrages qui firent sa notoriété jusqu’à nos jours. Tous deux furent écrits avant son départ pour l’Égypte.

Le premier est notre présent livre La Mère des cités (Umm Al-Qurâ)La, qu’il rédigea sous le pseudonyme de Sayyid Al-Furâtî et dans lequel il imagina un congrès international réuni à La Mecque en 1898, berceau de l’islam, rassemblant vingt-deux savants représentant les contrées musulmanes venus discuter et débattre des causes de la décadence du monde musulman et des moyens d’y remédier. Une façon pour notre auteur de présenter ses visions réformistes sous la forme innovante d’un récit fictif.

Le second est celui qu’il dédia à l’analyse du despotisme, de ses causes et de ses ramifications, il opéra une véritable autopsie de ce mode de gouvernance déviant. Il s’intitule Les caractéristiques du despotisme et les luttes contre l’asservissement ((Tabâ’i‘ al-isti’bâd wa masâri‘ al-isti‘bâd). À ses yeux, le despotisme constitue l’une des principales causes de la décadence des musulmans à travers l’histoire.

Son livre représente à coup sûr l’un des grands chefs d’œuvre de la pensée politique musulmane contemporaine.

Quant à La Mère des cités que nous préfaçons, il incarne un véritable plaidoyer qu’adressa le Cheikh Al-Kawâkibî aux élites religieuses, politiques et intellectuelles du monde musulman afin qu’elles se donnent les moyens nécessaires d’entreprendre la renaissance tant attendue permettant à la Oumma de retrouver sa place dans le concert des nations.

Les idées réformistes qu’il y consigna demeurent toujours d’actualité et méritent qu’elles soient redécouvertes et étudiées.

Et s’il faut lire ce livre comme un récit fictif, il n’en demeure pas moins vrai qu’il rend également compte de l’état de la société et du monde musulmans prévalant à son époque, et des idées de réformes qui furent pensées lors de cette période cruciale de l’histoire de l’islam.

Que
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Le despotisme est le mal suprême par lequel Dieu Se venge de Ses créatures apathiques et qu’Il n’épargnera que lorsqu’ils se repentiront de s’être laissé humilier. Oui, le despotisme est le mal suprême, car il est la source permanente de sédition et de stérilité. C’est un incendie incessant de privations et de spoliations, un déluge emportant toute civilisation. Il installe une peur brisant les cœurs, une obscurité aveuglante, une douleur qui ne faiblit pas, une furie sans merci, un mal interminable. Me demande-t-on pourquoi Dieu inflige les despotes à Ses créatures ? La réponse évidente est que Dieu est juste et Sa justice, infinie. Il ne laisse le despotisme s’exercer que sur des despotes. Car si l’on observe attentivement les victimes du despotisme, on trouve au fond de chacune d’entre elles un tyran en puissance, prêt à soumettre sa femme, sa famille, sa tribu, son peuple et même son Créateur à ses ordres.

Les despotes se laissent dominer par un despote tandis que les hommes libres sont toujours gouvernés par des hommes libres. C’est bien le sens de ce hadîth du Prophète : ‘’Tels que vous êtes, vous serez gouvernés.’’

Celui qui se trouve assujetti quelque part ferait mieux de partir ailleurs, là où il pourrait jouir de sa liberté, car un chien libre vaut mieux qu’un lion enchaîné. (p. 27)
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L'Occidental est matérialiste, fort en caractère, dur à fréquenter, soucieux d'accaparer et de se venger, n'ayant rien conservé des grands principes et des nobles sentiments dictés par le christianisme oriental. Le Germanique par exemple est de tempérament sec, il considère que le faible mérite la mort, que toute vertu est fondée sur la force, elle même fondée sur la fortune. Il aime le savoir et la gloire, mais pour acquérir de l'argent. Le Latin est prétentieux et nonchalant, il confond raison et liberté, vie et indécence, noblesse et faste, courtoisie et profit, bonheur et domina tion, et ne trouve son plaisir qu'à table et au lit.
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En somme, c'est l'homme qui étudie, tandis que l'université et les enseignants ne sont que des outils pour comprendre. Ton aptitude personnelle, ton école et le temps dont tu disposes te permettent l'accès à tout ce que tu veux. Cela à condition que tu te consacres au travail sérieux sans perdre de temps dans les hésitations et que tu poursuives tout ce que tu commences jusqu'à le maîtriser et sans te lasser et passer à autre chose.
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En conclusion, le despote est un individu impuissant sans ses glorificateurs tandis que le peuple, quel qu'il soit, ne peut compter que sur lui-même et ne doit être dirigé que par des sages éclairés et constants.
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Plus que cette corvée inutile, la conscription pervertit la morale de la nation en lui inculquant la violence, l'obéissance aveugle et la subordination, et en tuant en elle l'énergie et l'esprit d'indépendance, tout en lui coûtant financièrement un prix exorbitant. Tout cela pour soutenir le sinistre despotisme : celui, d'une part, des gouvernements qui dirigent les forces armées et celui, d'autre part, des nations qui oppriment d'autres nations.
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Le despotisme brouilla également l'histoire de la famille du Prophète, ce qui aboutit à la division de ses partisans en imamites, ismaéliens, zaydites, druzes et autres.
En conclusion, les hérésies qui brouillèrent la foi et les religions s'étaient engendrées les unes les autres avec le même objectif : servir le despotisme.
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Celui, par exemple, qui dit que l'origine du mal est la négligence des obligations religieuses se trouve embarrassé quand il se demande pourquoi il en est ainsi. Celui qui considère que le mal provient des divergences d'opinion ne parvient pas à en expliquer la cause. S'il dit que c'est l'ignorance, il est bien obligé de reconnaître que les divergences entre savants sont plus fréquentes que parmi les ignorants, et il se retrouve dans un cercle vicieux. Il décrète alors que c'est la volonté de Dieu, oubliant ce que lui dictaient la raison et la religion, à savoir que Dieu est sage, juste et miséricordieux.
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Me demande-t-on pour quoi Dieu inflige les despotes à Ses créatures? La réponse évidente est que Dieu est juste et Sa justice, infinie. Il ne laisse le despotisme s'exercer que sur des despotes. Car si l'on observe attentivement les victimes du despotisme, on trouve au fond de chacune d'entre elles un tyran en puissance, prêt à soumettre sa femme, sa famille, sa tribu, son peuple et même son Créateur à ses ordres.
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