Payot - Marque Page - Abigail Seran - Jardin d'été
On ne savait jamais comment prendre Agathe. A la fois précieuse et distante, écorchée vive qui masquait sa sensibilité par un contrôle rigoureux. Il se souvint de l’enfance d’Agathe. Elé travaillait beaucoup. Voyages d’affaires, déjeuners professionnels, réunions tardives. Etant enseignant, c’est lui qu’Agathe trouvait à la sortie de l’école. Lui qui consolait des genoux écorchés et des chagrins d’amour. Agathe, timide et tendre, qui avait tant besoin d’un cadre pour s’épanouir. (p. 54)
Agathe se tourna vers sa fille. Iris se réveillait toujours au moment où les petits cailloux du chemin chaotique venaient frapper la carrosserie. Elle adorait l’endroit autant que sa mère le redoutait.
« Tu crois que les J sont déjà là ? »
June et John, Agathe les avait presque oubliés dans la précipitation à trouver en urgence une solution de garde pour Iris en ce mois de juillet.
« Je ne sais plus si Élé m’a dit qu’ils arrivaient un jour avant ou un jour après toi.
– Je me réjouis, je me réjouis, mais je me réjouis tellement ! »
Iris, malgré ses yeux embrumés de sommeil, avait sur le visage la joie d’un enfant qui découvre les cadeaux de Noël sous le sapin. Agathe en eut le cœur serré. (p. 13-14)
Il tournait en rond. S'était relevé trois fois. Avait rajusté ses oreillers, pris un livre, l'avait reposé. était redescendu se chercher un verre d'eau. Avait ouvert la fenêtre, arrangé les volets. Ventilé le drap. Élé attendait. Plusieurs décénnies de vie commune lui avaient appris qu'il avait quelque chose à lui dire. Quelque chose de difficile ou de désagréable. Élé avait aussi appris qu'attaquer frontalement était contre-productif. Il esquiverait, grommellerait et finalement ne répondrait pas.
Elle avait entendu s'éloigner les pas de sa fille. Le bruissement de l'herbe, fin, léger. Elle l'avait laissée partir. Elle avait dit. Ce qui si longtemps semblait indicible.
"J'adore cette ville. Des fois, je suis jaloux qu'Agathe vive ici et pas moi. Des fois, je suis jaloux de cette attention que tout le monde lui consacre. et puis je me trouve débile, j'ai passé l'âge de batailler contre ma soeur, mais je lui en veux...Et puis après, je m'en veux de lui en vouloir. Et..."
Mes courriels sont donc encore d'encre et de papier.
Mes lettres et moi redeviendrons-nous donc peut-être à la mode un jour, qui sait?
… Miguel … il était un homme "livre".
"Vivre et faire vivre" ce pourrait être une devise de médecin, ce sera la mienne, au nom de Marine.
L'amitié doit apporter et non coûter.
"Comment veux-tu que j'envisage les angles à un problème qui tourne en rond?"