Adam Chaouat

Extrait de Sam Eastwood, par Adam Chaouat, publié aux éditions Maia sous L'ISBN : 978-2-37916-604-4 et Dépôt légal : février 2021

Chapitre 1

Lundi 30 Août 2012

Seize ans que je lui échappe à ce satané ange à flèches de cœur. Pourquoi a-t-il fallu qu'il m'attrape dès la rentrée ? J'étais bien avant.

Moi ? C'est Esteban de la Mia del Sol, ou Seb pour les intimes. Je suis assez connu dans le milieu de la musique : guitare, clavier, batterie, même harpe et violon. Rien ne me résiste. Pour plus de discrétion, je ne dirais pas où j'habite (vous comprenez, question de fan en délire au pied de ma porte). J'ai des cheveux blonds descendant aux épaules, des muscles ni trop, ni pas assez, qui me donne accès à tous les regards des filles. Et surtout, un mètre quatre-vingt sept, pour soixante-douze kilos.

La foule en délire devant moi. Les lumières qui me grillent les rétines, mes doigts en sang de part mes riff's de guitare déchainés. Une fille me lance un soutien gorge. Je ne vois pas son visage, mais le soutif est bien joli. 95D probablement. Et Rose. J'adore le rose sur ce genre de vêtements. Je vois une fille assez mignonne. Enfin, avec la lumière, je ne vois pas son visage, mais sa poitrine en revanche... Elle a marqué un message : « APPELLE MOI », écrit à la peinture rouge, avec, sur son ventre, son numéro de téléphone : « (555) 157-4... »

- Samuel ! Réveille-toi ! Tu vas être en retard pour ta rentrée ! Et adieu mes rêves... Bonjour réalité de merde.

Donc, non, je ne suis pas Esteban de la Mia del Sol, "ou Seb, pour les intimes". Juste Sam Eastwood, seize ans, lycéen dans un lycée paumé de Cleveland, Ohio, tellement hype qu'il n'apparaît même pas dans les registres : The Company High School, bahut réservé aux personnes riches. Enfin, dont les parents gagnent plus de trois cent mille par an à deux quoi. Parce que dire que des gosses sont riches ? Absolument, mais putain de faux ! Tu profites juste que tes parents aient de hautes positions dans une entreprise pour dire que t'es un riche. Non. T'es un gosse de riche, c'est différent.

Moi ? J'en fais partie, malheureusement. Je vous vois déjà venir : « ouais Sam, t'as pas de problème, t'as la belle vie bla bla bla. » PAS DU TOUT ! Que des choses dégueulasses à manger (je n'ai jamais goûté un hamburger. Enfin, un vrai hamburger. Avec de la graisse qui dégouline de ta bouche, une viande d'origine inconnue avec juste le nom du fast-food comme preuve de qualité.), je ne vois jamais mes parents vu qu'ils travaillent sans cesse (surtout mon père, mais bon, ça tombe bien, je le hais)

Enfin bref, après m'être rendormi trois fois, réveillé de nouveau trois fois par ma mère, sans qu'Esteban de la Mia del Sol ne redevienne moi, je me lève. Vais sous la douche. J'en profite pour gagner du temps sur le passage dans la salle de bain. Je me brosse les dents et pisse. Ahh, meilleur moment de la journée !

Moi, dégueulasse ? Dixit les gars qui font ça dans une piscine ! C'est bon, on a tous déjà pissé dans la douche pendant que l'on était dedans !

Je sors au bout de cinq minutes. Comment je le sais ? Parce que c'est la durée totale de Thunderstruck d'ACDC. Je sors et m'habille en faisant de l'air-guitar. Je suis un dieu à cet instrument.

7h45.

Bon, je suis en retard pour ma rentrée. C'est cool ça. D'ailleurs, en parlant de cette rentrée, Dieu, Bouddha, Zeus, Jésus, Râ, ou je ne sais qui, pitié, Pi-tié, faites qu'il n'y ait pas de jolies filles cette année encore. Pas que des gars, surexcités par elles, se ruent, telles des lions affamés. Moi, je sais d'avance que je n'ai aucune chance, mais, je garde espoir. Ça fait maintenant seize ans que je n'ai pas été amoureux. Autant vous dire une petite partie de ma vie. Bon, ok, toute ma vie. Mais bon, ça tombe bien, je ne veux pas être amoureux. Jamais. Je veux vivre seul, avec un Berger Allemand qui s'appellera Cannelle. Parce que oui, un chien effrayant, avec un nom tout mignon, c'est drôle.

Je dévale les escaliers, plante une pomme entre mes dents, monte sur mon vélo, ouvre la porte et roule vers ce qui s'annonce une loooongue journée.

Sam Eastwood, c’est l’histoire d’un adolescent, Sam, en l’occurrence, appartenant à une famille riche. Très riche. Et dans un lycée pour enfants de riches. Riches, et snobs. Et tout le monde est riche. Et tout le monde est snob.
Enfin presque. Seuls quelques élus, dont Sam, font partie des gens normaux. Enfin, « normaux »… C’est un bien grand mot quand l’on fait partie du top 3 des élèves les plus riches du lycée grâce à, notamment et surtout, son père et sa mère.
Mais il n’empêche que ça a l’air d’être un gars bien, le petit Sam.
Et, bien sûr, que serait un livre pour adolescent sans la fille, d’un autre monde – arrivant dans ce lycée de riches grâce à une bourse gagnée durant un concours de dessin –, de laquelle le héros tombe amoureux dès le premier regard ?
Mais Sam ne veut pas tomber amoureux. Il se l’est promis. Alors il va tout faire pour ne pas tomber sous le charme d’Élaine, la nouvelle, sa petite tête brune préférée pour qui il va pourtant jusqu’à frapper le running back de l’équipe de football du lycée, dès le premier jour.
Finalement, Sam doit passer l’année avec Élaine, la petite Élaine Smith qui suit les mêmes cours que lui.
Au fait, vous ai-je dit que Sam jouait du violon ? Oui, j’ai dû le mentionner.