Chargée de sacs, la vieille femme traversa la stadhouderskade comme si sa vie en dépendait, obligeant le chauffeur d'une camionnette à piler en poussant un juron. Dans les tourbillons de neige, elle avançait le long du canal du Singelgracht, tête baissée, tel un bélier. Qu'elle pût voir où elle allait tenait du miracle, et, à en juger par sa détermination si singulière -les passants s'arrêtaient pour la dévisager-, c'était un sens bien plus fort que la vue qui guidait ses pas.