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Citation de Charybde2


Les événements sont liés aux balustrades. On se penche et on se plie de tout notre corps, on se casse les os, les mains fermées et adossées contre le fer forgé lisse pour contempler l’émoi qui brame plus bas, dans la fosse. Il n’y a pas de mécanique, c’est ainsi, le tout est un silence que l’on aperçoit d’une alcôve, d’un cocon dessiné par le coude d’une rambarde ; rien d’étonnant, en somme, que le siècle de l’Histoire et de l’événement en France soit celui du corps qui se cintre le long des balcons longilignes d’Haussmann. Ils disaient balcons-filants comme les étoiles ; ce qui passe vite, trop vite, en un éclair, ce qui reste coincé derrière les paupières lorsqu’elles ont barricadé l’irréversible. Du haut de la balustrade on voit passer les mythes car l’événement advient là où l’on sait y reconnaître des images, c’est une plongée, la tête la première, les yeux écarquillés et fragiles, c’est un clin d’œil borgne détraqué par le doute : est-ce cela, est-ce bien cela qui vient d’entrer dans le fond de ma rétine, est-ce cela qui soudain colle sur mon pont aveugle, le défilé en boucle d’images en cadence, cadenas, closes ici, qui reviennent et rabattent ce que nous pensions avoir laissé ailleurs, au coin, dans le fœtus de l’enfance ? Est-ce bien cela ?
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