La distinction du bien et du mal, du vrai et du faux, n’est autre chose que leur opposition irréductible ; la conscience morale est ainsi une révélation innée et intime de l’absolu, qui dépasse nécessairement toutes les données empiriques. C’est sur ces principes seuls que pourront être édifiées les véritables bases de la morale.
Si un chimiste prend une goutte d'eau de mer et l'analyse, il peut arriver par là à connaître la composition de la mer tout entière De même, en analysant quelques faits bien choisis, il est possible de découvrir la nature ou la constitution des choses de ce monde en général. Le phénomène de la vision nous offre l'exemple d'un de ces faits caractéristiques.
La tache de la philosophie est donc de chercher la connaissance inconditionnellement vraie, de nous élever ainsi au-dessus de la déception naturelle. de connaître tes objets tels qu'ils sont vraiment et réellement. Si la philosophie parvient un jour à se constituer, elle sera la seule science réellement a positive », la seule science dont les doctrines seront vraies sans restriction, ce qui n'est pas le cas pour les sciences expérimentales, maigre leurs succès et leur triomphe.
Si l’on accomplit une bonne action, une œuvre charitable, dans l’espoir de récompenses futures, ou avec l’arrière-pensée plus ou moins avouée d’en retirer quelque avantage personnel, on fait une chose utile sans doute, mais qui est dépourvue de tout caractère véritablement moral.
Si, maintenant, nous considérons notre nature et notre vie intime, psychique ou spirituelle, nous y rencontrons aussi des faits qui ne peuvent pas être expliqués par les seules données de l'expérience.
Descartes avait déjà reconnu que la seule vérité d'expérience dont nous soyons immédiatement assurés, est le fait de conscience. Mais faute d'une vérité rationnelle, immédiatement certaine elle aussi, et nécessaire pour y suspendre toutes les vérités dont la certitude ne peut être que médiate, ce grand homme avait laissé la philosophie retomber dans l'ornière des anciens systèmes.
La philosophie sera-t-elle toujours une vaine recherche, et comme une sorte de chasse où le plaisir de la poursuite finit par l'emporter sur le besoin d'atteindre la vérité ? Ou bien, comme l'ont cru jusqu'à présent, sans jamais pouvoir justifier leur loi, tous les grands penseurs, peut-elle nous donner la certitude?
« S'étonner, c'est le commencement de la philosophie », a dit Platon ; or les raisons de s'étonner, en ce monde, ne manquent pas. Ce qui frappe d'abord le spectateur qui le considère, c'est sa grandeur et la prodigieuse diversité des objets qu'il renferme.
La doctrine exposée par moi est la vraie, mais je n’en suis pas l’auteur. Je n’ai été, pour ainsi dire, que le sol où elle a germée et s’est développée d’elle-même avec une lenteur extrême au cours des longues années.