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Citation de thepretender


Agnès Boucher
Le quatorze mai 1847, Fanny Mendelssohn-Hensel assure la répétition de la Walpurgisnacht de Félix. Depuis de très longues années, elle est sujette aux maux de gorge et de dents et souffre de violentes hémorragies nasales. Ces symptômes peuvent être l’expression extérieure d’un mal-être intérieur et silencieux qui la consume. La chose étant, les Mendelssohn ne possèdent pas une bonne santé et sont victimes de troubles cardio-vasculaires. Leur énergie est avant tout nerveuse et non physique. Seule la volonté développée depuis l’enfance leur donne leur endurance, mais à quel prix ! Fanny ressent ce jour-là comme un engourdissement des mains ; elle les rince au vinaigre chaud, reprend sa tâche plutôt que de se reposer puisqu’on ne s’écoute pas dans cette famille. La paralysie revient de plus belle, se généralise. Elle n’a que le temps de réaliser qu’elle est en train de faire une attaque comme sa mère décédée cinq ans plus tôt et perd connaissance. Elle meurt le soir même, un peu avant minuit, à quelques mois de ses quarante-deux ans.

Henry Chorley, critique du journal musical anglais The Atheneaum, écrira à l’annonce de sa mort :

« Si Madame Hensel avait été la fille d’un homme pauvre, elle aurait été connue du monde entier aux côtés de Madame Schumann et de Madame Pleyel, comme une femme pianiste de la plus haute qualité. Comme son frère, elle avait dans ses compositions une touche de cette vivacité méridionale si rare chez les allemands. Plus féminin que le sien, son jeu montrait une forte ressemblance avec celui de son frère, par sa flamme, sa netteté et sa solidité. Comme lui, elle était également aussi complètement accomplie que spécialement douée »

Quand Félix Mendelssohn Bartholdy apprend la nouvelle, il s’évanouit. Sa femme l’oblige à de longues vacances. Mais le décès de sa sœur – de son double et de son modèle - vient s’ajouter à un épuisement nerveux extrême, conséquence de sa carrière aux multiples fonctions à Leipzig et Berlin, et de ses voyages incessants à travers l’Europe. Après trois attaques successives, il meurt finalement le quatre novembre 1847, à trente-huit ans, et rejoint Fanny au cimetière de l’Eglise de la Trinité de Berlin.

Accablé par la disparition de celui qu’il considérait comme un pair et un ami, huit ans seulement avant la tragédie de sa propre disparition, Robert Schumann eut cette épitaphe :

« Avait-il le sentiment d’avoir accompli sa mission ? Je crois que oui »
in Comment exister aux côtés d'un génie
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