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Citations de Agnès Boucher (21)


..."C’est alors qu’un dernier visage lui apparaît, jamais oublié car inoubliable entre tous, physionomie émaciée auréolée d’une chevelure de jais, la bouche souriante, les yeux sombres tellement mobiles… Gustav… Comment pourrait-elle l’occulter, lui qui est lié à jamais à sa vie, qui a décidé de sa destinée en jetant un seul regard sur elle, l’amenant à se révéler en tant que femme malgré lui et malgré elle ? Et lui, le maestro, quel sentiment a-t-elle éprouvé pour lui ? Jamais elle n’a pu démêler le vrai du faux à ce sujet.

Aujourd’hui encore elle se sert sans vergogne de sa gloire éclatante, de sa célébrité tellement plus en vogue que celle de Franz, qui au contraire voit sa cote d’amour disparaître dans les limbes de la littérature mondiale. Gustav qui ne l’a jamais comprise, la dominant avant que de se soumettre, la négligeant avant que de l’aduler, la houspillant avant que de la noyer sous ses poèmes amoureux quotidiens.

Avec tout ça, la vieille dame s’est assoupie et la ville continue de bourdonner."...
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… Dans ma tête, mon plan est clair. Je dois transformer cette formation musicale brinquebalante en un véritable orchestre ; et dans le même temps, il faut permettre à un maximum de femmes et de filles de survivre, alors que leur statut les condamne à une mort certaine...
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… Un coup de sifflet retentit. Les colonnes de femmes se déploient à perte de vue ; placées en rang par cinq, elles sont prêtes à partir trimer et parfois mourir, dans des besognes absurdes, en dehors du camp...
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C'est Dieu qui l'a dit : que la lumière soit ! Seulement, Roussel doute fort qu'en s'exprimant ainsi, l’Éternel ait pensé à ce qui s'offre à ses yeux stupéfaits. Il n'y croit pas. Il a tort.
Sans un mot. Sans une once de début d'explication. Le coup part, nouvel élément d'une longue série, avant le feu d'artifice final.
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A Paris, un serial killer sévit et commet des meurtres de femmes particulièrement atroces. Les policiers sur les dents cherchent par tous les moyens à regrouper les indices et appréhender le tueur. Une jeune femme, Victoire Meldec, témoin d’un des meurtres devient l’élément clé de l’affaire.
Sur cette trame, Agnès Boucher conduit un polar rondement mené. Les dialogues sont bien dans l’air du temps et les personnages découvrent leurs failles et leurs zones d’ombre au fil des chapitres. Ce roman noir est original à plus d’un titre. Le suspense va grandissant et les méandres de l’enquête brouillent les pistes comme le lecteur.
Comme dans tout bon polar, l’auteur tisse avec soin sa toile pour surprendre constamment le lecteur. Elle sait avec précision nous dresser le profil glacial du tueur et décrire des scènes de meurtres dans un Paris impersonnel et mystérieux. La vie du commissariat, le portrait de Victoire, héroïne au caractère bien trempé, se dévoilent au fur et à mesure. Dans les règles de l’art, le dénouement final nous laisse sur le carreau.
Pour un premier roman noir, c’est très prometteur. Agnès Boucher s’avère être une vraie dame du polar. Je pense que certaines images, scènes resteront gravées dans ma mémoire. Comme quoi, ce livre pourrait aussi prétendre à un destin cinématographique.
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Agnès Boucher
..."Comme sa sœur excelle en tout – pianoforte, contrepoint -, Félix finit presque par se sentir normal et ses dons exceptionnels semblent bien relatifs en regard de ceux de Fanny. Virtuose, elle est également douée d’une mémoire exceptionnelle qui lui permet à l’âge de treize ans de jouer par cœur les vingt-quatre préludes du premier cahier du Clavier bien tempéré de Bach. C’est bien elle l’enfant prodige, plus encore que Félix. Encouragée par l’amour exigeant de ses deux parents, comment pourrait-elle imaginer que les mêmes vont se charger de lui couper les ailes et cantonner cette somme de talents aux quatre murs d’une splendide demeure berlinoise ?

Léa Mendelssohn Bartholdy se retrouve rapidement dépassée par le talent de ses deux aînés ; ceux-ci prennent alors des leçons avec les plus grands maîtres : piano avec Marie Bigot[1] en 1816 à Paris et Ludwig Berger[2] à Berlin ; initiation à la musique de chambre avec Pierre Baillot[3]. En 1818 ils apprennent la composition et le contrepoint avec Carl Friedrich Zelter[4], celui-là même qui participera à creuser le fossé entre Fanny et Félix, n’emmenant que le garçon rendre visite au grand Goethe sans jamais proposer à la jeune fille de les accompagner, ni que celle-ci trouve à redire de cette injustice flagrante mais socialement normale à l’époque.

Car tout finit par basculer pour Fanny, à mesure qu’elle avance dans l’adolescence, et dans la foulée pour Félix : la première est rejetée dans l’ombre du second qui prend définitivement son essor. Elle a quatorze ans et lui onze. Elle reste meilleure que lui dans de nombreux domaines mais mine de rien, on commence à lui accorder moins d’attentions et d’avantages qu’au petit frère."...

in Comment exister aux côtés d'un génie
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Agnès Boucher
..."Alma est insatisfaite et frustrée, offensée par ce détachement. Si Gustav trouve dans la musique de quoi sublimer l’amour qu’il lui porte, elle n’a trouvé que l’alcool comme refuge à son amertume. Il l’ignore, trop absent et méditatif pour le remarquer. Oh ! Elle ne boit pas comme une ivrogne. Elle préfère au fil de la journée se verser un verre qui saura lui faire recouvrer la vitalité qui l’abandonne toujours davantage, contrainte à une abstinence sexuelle qu’elle abhorre. Où mieux chercher la perpétuelle insatisfaction où elle se débat, sa nervosité croissante, sa quête inassouvie de dérivatifs ? Alma a besoin de vie et d’animation autour d’elle. Quoiqu’elle en dise, elle est plus femme du monde que créatrice, et l’isolement silencieux où son mari la confine la laisse insatisfaite et blessée. Elle en regrette presque d’avoir résisté à Klimt, et aussi à Alexandre et à Max. Tous trois ont finalement mieux compris sa soif de plaisir et d’absolu.

Seulement voilà, elle voulait un génie pour amant, et être l’Unique à ses yeux. Elle n’a reçu que la solitude et la privation, décuplant sa neurasthénie et la poussant à user d’une coquetterie sans joie réelle pour quelque beau jeune homme, fasciné par sa beauté et par le nom de son génial époux."...
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... On a fait croire à mon départ et j'évite de marcher trop près des fenêtres ; personne ne doit soupçonner ma présence depuis l'immeuble d'en face ou les autres étages...
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… J'ai conduit Anna jusque dans la bibliothèque. J'aime à demeurer dans cette pièce ; le piano et les murs couverts d'étagères me rassurent et me soutiennent comme une cuirasse invisible et bienfaisante...
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En face de lui, Geneviève Maudouit semble tétanisée. Tout compte fait, la fiction est plus reposante, Navarro reste poliment confiné dans la télé. Même la grimace que s’autorise Agnelli pour la renvoyer derrière son petit écran ne la rassure pas vraiment.
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Surtout ne pas verser dans un sentimentalisme de mauvais aloi, cela rendrait les choses plus difficiles bien inutilement. Il va falloir lui faire peur. La jouissance n’en sera que plus forte.
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Son ange gardien a mis les voiles avec sa sœur la chance, et tous deux l’ont abandonné à la terrible réalité de son sort, laissant leur copine la déveine prendre la place laissée vacante.
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Ce siècle fou de jeunisme a beau prétendre le contraire, chacun ira pourrir sous terre, lifté ou pas.
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Son patron l’encourage d’un hochement de tête, pour l’inciter à déguerpir plus vite. Et, finalement, qu’est-ce qu’il en a à faire si l’autre lui casse la figure ? De toute façon, ce n’est qu’un salaud de riche ! Le syndicat le dit assez souvent ! Blain ne cesse pas de les entuber, lui et ses camarades, à longueur d’année. Il les pressure, n’accordant aucune augmentation alors qu’il mène la grande vie dans sa gentilhommière. L’ouvrier cède donc à la pression et fait demi-tour, disparaissant sans demander son reste, même s’il n’est pas convaincu que les deux hommes sont vraiment des amis comme Pierre Blain le prétend.
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Agnès Boucher
Le quatorze mai 1847, Fanny Mendelssohn-Hensel assure la répétition de la Walpurgisnacht de Félix. Depuis de très longues années, elle est sujette aux maux de gorge et de dents et souffre de violentes hémorragies nasales. Ces symptômes peuvent être l’expression extérieure d’un mal-être intérieur et silencieux qui la consume. La chose étant, les Mendelssohn ne possèdent pas une bonne santé et sont victimes de troubles cardio-vasculaires. Leur énergie est avant tout nerveuse et non physique. Seule la volonté développée depuis l’enfance leur donne leur endurance, mais à quel prix ! Fanny ressent ce jour-là comme un engourdissement des mains ; elle les rince au vinaigre chaud, reprend sa tâche plutôt que de se reposer puisqu’on ne s’écoute pas dans cette famille. La paralysie revient de plus belle, se généralise. Elle n’a que le temps de réaliser qu’elle est en train de faire une attaque comme sa mère décédée cinq ans plus tôt et perd connaissance. Elle meurt le soir même, un peu avant minuit, à quelques mois de ses quarante-deux ans.

Henry Chorley, critique du journal musical anglais The Atheneaum, écrira à l’annonce de sa mort :

« Si Madame Hensel avait été la fille d’un homme pauvre, elle aurait été connue du monde entier aux côtés de Madame Schumann et de Madame Pleyel, comme une femme pianiste de la plus haute qualité. Comme son frère, elle avait dans ses compositions une touche de cette vivacité méridionale si rare chez les allemands. Plus féminin que le sien, son jeu montrait une forte ressemblance avec celui de son frère, par sa flamme, sa netteté et sa solidité. Comme lui, elle était également aussi complètement accomplie que spécialement douée »

Quand Félix Mendelssohn Bartholdy apprend la nouvelle, il s’évanouit. Sa femme l’oblige à de longues vacances. Mais le décès de sa sœur – de son double et de son modèle - vient s’ajouter à un épuisement nerveux extrême, conséquence de sa carrière aux multiples fonctions à Leipzig et Berlin, et de ses voyages incessants à travers l’Europe. Après trois attaques successives, il meurt finalement le quatre novembre 1847, à trente-huit ans, et rejoint Fanny au cimetière de l’Eglise de la Trinité de Berlin.

Accablé par la disparition de celui qu’il considérait comme un pair et un ami, huit ans seulement avant la tragédie de sa propre disparition, Robert Schumann eut cette épitaphe :

« Avait-il le sentiment d’avoir accompli sa mission ? Je crois que oui »
in Comment exister aux côtés d'un génie
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Agnès Boucher
L’objet de ce livre est de mettre en perspective trois destinées féminines assez spécifiques, qui ont connu le mariage et la maternité même si au départ leur vie et leurs aspirations tendaient vers un tout autre but. Les deux premières ont traversé le dix-neuvième siècle ; allemandes et musiciennes, Fanny Mendelssohn Bartholdy et Clara Wieck se sont connues, reconnues et appréciées, de manière certes fugace mais bien réelle ; Alma Schindler est la troisième, qui aurait pu être leur petite fille viennoise et mettre en œuvre ce que ces deux annonciatrices n’avaient pu mener à terme. Le paradoxe veut qu’elle soit sans doute celle qui s’est le moins réalisée par elle-même.

Ce sont trois portraits de vie : ces femmes ne sont pas comme les autres, riches de talents plus ou moins féconds. Cependant, elles paraissent ne pouvoir échapper à la confrontation avec leur époque, et dans le même temps semblent ne jamais être tout à fait à leur place, quoi qu'elles fassent. Ce livre est le récit imparfait de leurs réactions - ou absence de réaction ! -, de leur soumission, de leur stratégie, de leur rébellion aussi face aux apriorismes, aux idées reçues, face aux hommes enfin, pétris de leurs croyances et de leurs peurs, et face à la société arbitraire qu’ils ont conçu.
Toutes trois aspiraient à être compositrices et en ont été peu ou prou empêchées.
(...)
Il existe au moins trois liens entre Fanny Mendelssohn Bartholdy, Clara Wieck et Alma Schindler. Le premier réside dans leur nom ; seule la première l’a reçu de naissance sans que le perdre à son mariage ne la libère de la tutelle excessive de son père, puis de son frère. La seconde s’en est fait un, celui de son père, en même temps qu’un prénom en tant que « fille de », et a renouvelé le processus en épousant son génial Saxon. Nous verrons comment la dernière a su user – voire abuser – du patronyme fameux que lui a laissé son premier époux, dans une quête effrénée, permanente et même quasi pathologique, de reconnaissance et de gloire.

Leur second point commun est la musique, l’amour de cet art, que l'on a exigé pour chacune de transformer en passe-temps, voire en « support » pour soutenir et accompagner le génie masculin à s’épanouir. Seule Clara Wieck ne céda que brièvement devant son époux.

Le troisième lien - et sans doute pas le dernier -, est d’avoir voulu non seulement vivre mais avant tout exister aux côtés d’un génie, dans une société profondément paternaliste, phallocrate et conservatrice, et de n’être parvenue qu’à survivre dans son ombre envahissante. Une nouvelle fois Clara Wieck est une forme de contre-exemple. Veuve très jeune - une chance ? -, elle put continuer de se révéler dans toute sa magnificence de pianiste virtuose pendant plus de quarante ans ; mais par loyauté vis-à-vis de l’homme aimé et trop tôt perdu, elle s’est d’elle-même interdite toute velléité de composer.
(...)
En effet, on ne peut dissocier Fanny Mendelssohn Bartholdy de son frère Félix, Clara Wieck de Robert Schumann, et Alma Schindler de Gustav Mahler. Le souvenir des trois femmes a survécu jusqu’à ce jour en grande partie parce que leur destin s’est trouvé lié à des compositeurs hors du commun ; et même si Alma Schindler a croisé d’autres monstres tels Gustav Klimt, Oskar Kokoschka ou Walter Gropius, c’est avant tout par Gustav Mahler qu’elle est identifiée comme « la » muse par excellence.
(...)
À aucun moment, je ne veux considérer ces trois hommes - voire quatre si on inclut Johannes Brahms contre lequel Clara Wieck dut également batailler, même si de manière moindre - comme coupables, si ce n’est de leur temps et des siècles de préjugés sexistes que leur éducation charriait. Pas davantage je ne remets en cause la portée de leur œuvre : ils ont, chacun à leur manière, marqué leur époque et enrichi la musique d’une créativité novatrice exceptionnelle, devenant - notamment pour Robert Schumann et Gustav Mahler -, source d’inspiration pour leurs héritiers. J’ai plutôt voulu comprendre la nature et les motifs de leurs conduites respectives en regard des femmes qu’ils aimaient mais qu’ils ont cherché malgré tout à dominer, volontairement ou non. Leurs attitudes sont notablement différentes, mais les raisons qui les ont motivés semblent assez similaires, avec notamment un amour immodéré des convenances sociales et un esprit petit bourgeois, assez indignes d’eux et de leurs talents. Leur part de responsabilité est fluctuante suivant leur histoire et leur personnalité.
(...)
Paradoxalement, ce sera peut-être Fanny Mendelssohn Bartholdy qui restera dans la mémoire collective de manière la plus tangible à mesure que renaît de ses cendres une vraie reconnaissance pour ce qu’elle a fait et été. Rendons ici hommage aux interprètes qui la redécouvrent et la révèlent dans toute sa dimension de compositrice.
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Agnès Boucher
..."Mais elle lui éclate de rire au nez, s’éloigne en dansant à pas léger sur la terrasse, ouvre ses bras pour accueillir en son sein le lac déchaîné par la tempête. Gustav se trompe d’interlocutrice. Elle n’a rien à voir avec cette petite mijaurée devenue sa légitime, soumise et ignorante des choses de la vie. Elle est une diva, la diva, adulée de tous. Elle ne se soumet à un quelconque diktat que lorsque c’est elle qui l’a décidé. Elle lui fait de nouveau face.
- Votre pacte, devriez-vous dire. Vous ne voulez plus de moi qui vous adore et vous me préférez une gamine que vous pourrez modeler à votre guise, qui ne vous contrariera en rien, qui, j’en suis bien certaine, ne comprend rien à votre art et n’en pénétrera jamais les plus subtils arcanes !
- Ne le prenez pas sur ce ton, c’est indigne de vous. Je ne veux pas de scène !
- Il fut pourtant un temps où cela ne vous dérangeait pas. Je me souviens même que cela enflammait notre intimité.

Oh ! Combien Alma voudrait ne pas avoir découvert le petit sourire rêveur que son mari affiche aux souvenirs évoqués par la soprano et qui semble ouvrir des perspectives que jamais il ne lui a laissé entrevoir depuis leurs noces.
- Ce temps est révolu et nos vies privées ont pris des voies différentes – finit-il par répondre – même si nos arts nous amènent à collaborer et si j’ai toujours pour vous une profonde et réelle affection… Amicale, évidemment, purement amicale ! ajoute-t-il d’un ton affolé, craignant qu’elle n’interprète à tort ses propos.
- Gustav ! Tu sais pourtant… – comprenant son erreur, elle se reprend très vite – vous savez que c’est moi que vous aimez ! Vous ne pouvez avoir oublié vos débuts à l’opéra ! Vous savez combien je vous ai encouragé et soutenu.
- Et je vous en ai toujours été reconnaissant – répond-il sèchement, comprenant où elle veut le mener et voulant l’en empêcher – notamment en vous donnant de fort beaux rôles ces dernières années. Nous sommes quittes ma chère.
- Quittes ? Quittes !"...
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Agnès Boucher
« "Tu me parles de nouvelles pièces de Fanny et me dis que je devrais la convaincre de les publier. Tu loues ses nouvelles compositions et cela n’est vraiment pas nécessaire pour que je m’en réjouisse de tout mon cœur et que je les tienne pour belles et remarquables, car je sais bien de qui elles sont. Je n’ai pas non plus besoin de dire un mot sur le fait que si elle se décide à publier, je l’aiderai autant que possible et lui épargnerai toute peine superflue. Mais la convaincre de publier, cela je ne le peux pas, car c’est contre mes idées et mes convictions (…) Publier est quelque chose de sérieux et je crois qu’on ne doit le faire que lorsqu’on veut toute sa vie se présenter comme un auteur et le rester (…) Et Fanny, telle que je la connais n’a pas l’envie ni la vocation de devenir auteur, elle est beaucoup trop une femme qui se respecte pour cela elle s’occupe de sa maison et ne pense ni au public, ni au monde musical, ni même à la musique, sauf quand son occupation première est accomplie. La publication ne pourrait que la déranger en cela et je ne peux pas me réconcilier avec cette idée. C’est pourquoi je ne la convaincrai pas. Si elle se décidait de son propre chef ou pour faire plaisir à Hensel, je suis prêt comme je l’ai dit à l’aider autant que je peux, mais l’encourager à quelque chose que je ne trouve pas bien, cela je ne le peux pas"

(Lettre de Félix Mendelssohn Bartholdy à sa mère, Léa Mendelssohn Bartholdy, le 2 juin 1837)

Tout est dit. Félix sait mieux que Fanny ce qui est bon pour elle, ce qu’elle désire faire de sa vie et quelles sont ses priorités. Il est définitivement sourd. La lézarde apparait plus nettement entre le fils prodige et le reste de sa famille. Les conditions de son mariage qui a lieu le vingt-six mars 1837 n’arrangent pas les choses, célébré avec une femme que nul n’a eu le droit ou l’honneur de rencontrer et sans qu’aucun membre du cercle familial proche n’assiste à la cérémonie. Certains dédouaneront Félix en arguant qu’il a cherché à éviter de vivre les réactions en temps réel de sa mère, jusque-là rétive aux unions de ses enfants, même si elle révise ensuite son jugement. Mais là encore, il n’est plus solidaire de ses frère et sœurs alors qu’il se pose en chef de famille. Cécile Jeanrenaud est luthérienne, fille de pasteur et dotée de dons réels en peinture et dessin. La similarité de ce nouveau couple avec le sien n’échappe nullement à la sagacité de Fanny. Dans le même temps, elle comprend que définitivement elle ne peut plus compter sur Félix.»
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Les gens adorent sortir des horreurs sur les autres. Ça évite qu’on en dise trop sur leur propre compte.
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Je hais la paix, elle ressemble trop à la mort.
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