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Citation de fabriceverdure


Sylvie avait lu Philip Roth, elle avait lu Romain Gary, d’autres encore, ces écrivains mâles dont l’impudeur était réjouissante. On y apprenait tout, de leurs premiers émois jusqu’à leurs pannes récentes, en passant par leurs idiosyncrasies masturbatoires et leurs fréquentes mictions nocturnes. On demeurait, toutefois, sur la rive masculine. De l’autre côté de l’eau, c’était le silence. Silence sur les marées des montées de lait, sur l’écartèlement des tissus au moment de donner naissance. Les premières règles faisaient sujet, l’avortement aussi, parfois, car ils allaient dans le sens de la conquête, le triomphe de la nubilité, la victoire de la liberté.
Il lui semblait qu’elle avait connu le goût du sperme avant de l’avoir sur la langue. Et pendant ce temps, durant toute cette effarante logorrhée de l’homme, sexe brandi page après page, la femme muette tentait de raconter une autre histoire, la sienne, qui paraissait n’intéresser personne, pas plus ses semblables que les garçons dont on comprenait aisément la moue dégoûtée.
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