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Citation de Mekina


Dans un de nos vastes villages d'Afrique occidentale, à quelques mètres de la berge d'un fleuve impétueux, par le petit matin du quatorzième jour de juillet, un homme sortait de sa case et longeait la grand-rue déserte au milieu des logis encore tout couverts de brume. Son apparence semblait devoir produire l'effet contraire à tout ce dont on peut s'attendre de la part d'un robuste sexagénaire. Sa mine pourtant n'avait rien d'extraordinaire à part de grands yeux vifs et rusés qui s'harmonisaient bien avec des oreilles en pointe et sa bouche rentrée, mais ses vêtements se jouaient de lui. Si c'était une défroque militaire, on ne pouvait en être de toute façon certain qu'après un examen sérieux de ces espèces de loques grotesques, toutes fraîches sorties de quelque malle humide. La doublure de la veste droite et ample retombait par derrière jusqu'à mi-jambe ; l'état des poignets maintes fois reprisés donnait l'idée d'un tricot arrêté par la plus sinistre des Parques, la filasse déodorée des épaulettes emmêlées au velours autrefois marron permettait la même comparaison ; quant au col, raide soutien du menton bien rasé, il portait la trace indélébile de plis noirâtres, et le pantalon était tout fripé, tout usé. La couleur initiale de cet ensemble curieux avait dû être le blanc comme toutes les grandes tenues des années coloniales, car tout compte fait, c'était bel et bien la tenue de parade d'une époque que cet homme avait endossée.
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