J'avais choisi Tommy plutôt qu'un autre en partie pour m'épargner un encombrant pathos, et voilà que les forces du mal penchées sur son épaule, devant ma caméra, désarmaient sa dureté, sa violence, pour me le rendre en oisillon transi que j'aurais aimé réchauffer entre mes paumes. Comment le dire ? Il va de soi que je devais cette soudaine et tendre compassion à ce qui me reliait désormais à Gabriel. Le jour de cette aube grise oùnous avions pour nous le haut de la rue Mouffetard, le voyant marcher comme sûrement Tommy marchait avec sur ses pas un homme en costume sombre, les deux garçons se confondaient et j'ai pensé, avec effroi, que Gabriel lui aussi pouvait mourir.