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EAN : 9782070729951
224 pages
Gallimard (03/09/2009)
4.08/5   60 notes
Résumé :
« J'avais depuis longtemps le désir de réaliser un film sur un héros, un vrai, si possible mort jeune et beau, quand j'appris l'histoire de Thomas Elek, dit « Tommy », un lycéen parisien, Juif hongrois, qui combattit le nazisme aux côtés du groupe Manouchian, et figura sur la fameuse Affiche rouge. En découvrant Gabriel, un adolescent d'aujourd'hui lui ressemblant comme un frère, je crus tenir le comédien idéal pour incarner Tommy, soixante ans plus tard.
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Le tombeau de Tommy, qui oscille entre roman et biographie, fait partie de ces livres qui – me semble-t-il- passent « à la trappe du succès », sans que l'on sache pourquoi…. ?
Je ne saurais donc que vous le conseiller, car bien PLUS qu'un livre sur la résistance, c'est un livre fait pour MAINTENIR LA VIE.

L'histoire : le tombeau de Tommy ou Comment filmer un héros ?

Il s'appellait Thomas Elek, alias Tommy, mort fusillé au fort du Mont Valérien, à 19 ans.
Il était Juif d'origine Hongroise et se rapprocha du groupe FTP-MOI de Manouchian qui s'est illustré en menant contre l'occupant une série d'attentats spectaculaires. Son nom et sa photo figuraient, parmi dix autres, sur l' « Affiche rouge » - placardée par les Allemands avec la mention :
« ELEK JUIF HONGROIS, 8 DERAILLEMENTS ».

Elle s'appelait Hélène. Hélène Elek. La mère de Thomas.
Résistante communiste, aimante et affolée, elle donna à son fils tout son Amour comme une Arme. L'un et l'autre se vouaient amour et complicité. Il la voulait toute à lui. Elle le voulait près de lui : toujours disponible pour qu'il se blottisse contre elle tel un enfant apeuré ; toujours prête à entendre le récit de ses exploits.

Ce sont ces scènes qui vont entraîner le narrateur-réalisateur dans l'aventure d'un film. Inspiré qu'il était par la vie brève et fulgurante du héros bien réel que fut Tommy. Pour le réaliser, il cherche l'acteur IDEAL pour incarner le rôle. Il souhaite, avant tout, ne pas trahir LA mémoire, et proposer au spectateur des images justes, fidèles.

Après de nombreux casting ratés,… un jour d'hiver, alors que le cinéaste marche dans la rue, vient vers lui « une silhouette penchée, ondulante, couronnée de blond et perchée sur des roulettes ». C'est Gabriel.
Gabriel d'une beauté juvénile, « nimbé d'évidence et de mystère », dont « la grâce de danseur effleure les ombres et l'intensité du regard cherche la lumière ». Gabriel EST celui qui interprétera le rôle de Tommy.

Une fois la distribution des rôles faite, c'est une projection à trois voix qu'Alain Blottière fait défiler sous nos yeux.

Pour moi, la force de ce livre, réside dans la quête d'un IDEAL et la force de CONVICTION pour y accéder.
Pour moi, Tommy, Hélène et Guillaume sont HABITES.
Habités par une force qui les guide dans leur intention de promouvoir, de propulser, de faire (re)-connaître des idées, des convictions, des sentiments, face à la barbarie, l'intolérance, le scepticisme, le désenchantement. Cette force de conviction, cette croyance, donne sens à leurs actes, à leur vie. Elle les anime pour, au final, rayonner de ses bienfaits POUR et SUR les Autres.
Cette sorte de vitalité universelle, propre à l'homme, ne serait-elle pas, alors, le moteur de changement, qui donnerait sens à leur vie ?… (et à la vie)

Ecrit dans une langue simple, forte et pudique, Alain Blottière, tout en nous éclairant sur le destin de Thomas Elek – depuis son enfance d'émigré hongrois jusqu'à son exécution-, tout en nous impliquant dans la description du scénario du film – reconstitution sobre de moments clés de la vie de Tommy-, tout en s'interrogeant quant à l'identification dévorante de Guillaume pour Tommy, -identification qui lui servira de tremplin pour « grandir »-, rend un hommage bouleversant à la mémoire de tous les jeunes résistants.

Au final, un livre magnifiquement BEAU.
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Roman d'un tournage, roman en miroir où le passé prend corps dans le présent sous les traits d'un adolescent que rien ne prédisposait à priori à tourner un tel rôle, à l'endosser avec une telle force, comme si instinctivement tout l'y poussait, comme s'il en allait de sa vie même.
Comment expliquer qu'un adolescent, à priori comme les autres, libre comme l'air, insouciant, bascule peu à peu dans une réalité à milles lieues de lui jusqu'à la faire sienne. Soixante cinq ans séparent Tommy et Gabriel, et toutes ces années ne comptent plus…

« A ce moment-là, dès le premier jour de tournage avec Gabriel, après avoir entendu sa démarche et entendu sa voix, l'idée de possession m'est venue à l'esprit. Après mille précautions. Je n'ai jamais pensé à une incarnation surnaturelle, à un prodige spirite ou autre grande farce grand-guignolesque. Non, mais à un phénomène seulement étrange, qui venait peut-être de mon vertigineux désir de revoir Tommy revenir et s'incarner. »

L'irruption de Gabriel dans le film, comme s'il était prédestiné, bouscule grandement les plans du cinéaste en même temps qu'il les sert et les magnifie au-delà de toute espérance. Et c'est là toute l'ambigüité… Au départ, il n'était pas question pour le cinéaste de réaliser un film trop « sentimental », trop facilement mélodramatique, d'où le choix de Tommy plutôt que celui de Rayman ou de Wajsbrot. « Je ne voulais pas aimer Gabriel, tout comme je ne voulais pas aimer Tommy. ». Une seule ligne directrice : être au plus proche de la réalité historique, ne pas trahir, ne pas inventer surtout, ne pas sur jouer, ni embellir, mais être au plus près de la réalité, telle qu'elle fut.
Mais c'était sans compter Gabriel. Gabriel qui endosse le manteau de Tommy pour ne plus le quitter, Gabriel qui le rend présent, presque tangible. Gabriel qui se fait l'interprète (au sens premier du terme) de Tommy auprès du cinéaste…
Etrange jeu de miroirs… Tandis que la caméra tourne, la vie de Tommy défile sous les projecteurs, dans toute sa complexité, alors que celle de Gabriel se métamorphose, s'emplit et bascule.

« Comment filmer un héros ? »…
Oui comment ? sans le diminuer, le tromper… ou sans l'incarner, totalement, sans restriction et sans limite, au péril de sa vie…
Lente descente aux enfers dans un processus d'identification, de fusion, dangereuse et bouleversante. L'adolescent touche du doigt, dévoile ce que l'adulte ne peut percevoir, dans un face à face quasi mystique. Et tandis que le film s'infléchit, riche de cette confrontation entre deux adolescents que soixante cinq ans pourtant séparent, le cinéaste découvre, dans cette mise en abyme, un sentiment qu'il avait inconsciemment mis à l'écart, qu'il n'avait pas su voir, avant, l'attachement d'un père pour son fils, le secret de Gabriel, peut-être…

Le tombeau de Tommy est aussi celui de l'enfance de Gabriel, de son innocence et de son insouciance. Gabriel n'est pas un acteur, il n'a pas joué, il a été… Tommy. Son double, celui qui le sauve de l'oubli, cette deuxième mort. Celui qui offre une sépulture, un "tombeau" à celui qui en fut privé, assassiné, un certain 21 février 1944, au Mont-Valérien. Mais le prix est lourd à payer, lourd de retentissements intimes, imprévisibles et dévastateurs…

Comment filmer un héros ? Comment transmettre l'Histoire, celle de ces héros, si jeunes, dont l'existence après avoir été brisée, menace de sombrer dans l'oubli…
Comment transmettre… Faire comprendre (prendre avec, tout contre soi) sans trahir…
Histoire de transmission, d'héritage, de sens à donner à la vie….

Il faut lire « le tombeau de Tommy » et l'aimer dans toute sa complexité, dans ce face à face entre le présent et le passé, dans ce face à face avec un tout jeune homme, Tommy, qui va tout au bout de ses actes pour que l'espérance et la liberté ne soient pas de vains mots.
Ce livre m'a transpercée plus que je ne saurais le dire.
Un grand coup de coeur.
Lien : http://lily-et-ses-livres.bl..
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Poème pour Thomas Elek

Inspirer expirer inspirer expirer
21 février 1944
le ciel a détourné son visage de tulle noir en se mordant les lèvres
sous les mains des musiciens les violons ont éclaté
un oiseau a pleuré

est-ce que le monde est monde encore lorsqu'un enfant est fusillé ?

août 2016
tu t'es fracassé contre moi
tu as tout envahi tout retourné tout saccagé
le grand frère qui me manque et que j'aurais tant admiré
je l'ai trouvé je l'ai chéri je l'ai estimé j'ai tremblé pour lui
mais à peine ai-je eu le temps de l'aimer que déjà on me l'arrachait

21 février 1944
le / monde / est / devenu / fou

pourquoi n'es-tu pas resté bien au chaud chez toi ?
pourquoi a-t-il fallu que tu les défies et les railles ?
héros tu l'étais déjà par tes croyances tes refus tes valeurs ton intégrité
j'imagine ta silhouette grave et majestueuse dans l'aube améthyste
ton air désabusé et conquérant
tes yeux trop purs dans ton regard trop vieux
mais qu'est-ce que tu foutais là-bas tommy ?

21 février 1944
dix-neuf ans est-ce légal ?

mille cloches carillonnent dans ma tête en un requiem démentiel
ton exécution est une fissure dans la chair du monde
elle n'a ni logique ni tombeau
as-tu au moins connu l'amour ?
as-tu au moins connu la joie ?
comment peut-on te consoler ?
mais as-tu encore besoin d'être consolé puisque ton corps a pris la forme raffinée des arcs-en-ciel
puisque tes yeux ont pris la substance laiteuse des étoiles cuivrées
je te vois là-haut chanter et rire et courir sur la peau des nuages
j'entends tes rires perler contre la lune inconsolée
j'aimerais être un oiseau pour m'élever jusqu'à toi et frôler tes cils du bout de mes ailes
j'aimerais être l'Espace pour t'étreindre de mille paillettes
mais je ne suis que moi avec un violon dans les doigts pour auréoler ton sommeil d'un rideau de dentelle
entends-tu ma musique ?
est-elle suffisamment vaporeuse et gracile pour se hisser jusqu'à ton nouveau domaine et s'enrouler autour de tes boucles blondes ?

libre
dis-moi que tu es libre et intact
délivré de ton corps souffrant
dis-moi que tu ne manques de rien
dis-moi que PLUS PERSONNE NE TE FAIT MAL
dis-moi que la douleur blanchit

j'entends ta voix dans un endroit de mon corps qui n'existe pas
je sens sur moi le poids lourd de tes yeux lavande
laisse-moi imaginer qu'ils sont lavande
laisse-moi te recréer
laisse-moi imaginer que tu te tiens près de moi pendant que j'écris et que tu souris dans le vide
je tourne la tête et tu es là
digne et magnifique dans ton beau manteau marine
j'aperçois la fenêtre de ma chambre à travers ton corps de satin

est-ce possible que tu sois vraiment mort ?

ton regard scintille comme s'il était brodé de mille perles de pyrite
tu flamboies comme une symphonie encore incomposée
tu poétises ma vie éteinte et ordinaire
tu la rends plus profonde moins creuse et moins déserte
puisqu'à présent je connais un garçon qui s'appelait Tommy et qu'il respire à travers mon propre pouls
mais tu es tellement immense et je suis tellement
petite

tu as surgi comme une gifle pour mieux t'évaporer
ton fantôme cristallin glisse sur les marches de ma peine
si gracieux si digne si grandiose et si jeune
chez toi le claquement des bottes SS résonnaient sur les pavés
chez moi des bombes humaines tentent de s'approprier le jour
le monde a-t-il vraiment changé ?
qu'aurais-tu dit qu'aurais-tu fait
je respire à l'envers
je n'entends pas les lendemains qui chantent
mon violon est en pleurs et un kaddish de topaze se pose sur mes notes

poursuis-moi peuple-moi protège-moi brille-moi élève-moi
apprends-moi le courage apprends-moi la droiture
aide-moi à ne jamais désespérer même lorsque l'horizon renonce

tommy c'est à cause de toi que je pleure
tommy j'ai peur du monde j'ai peur des hommes
tommy je n'entends pas tes lendemains qui chantent

est-il possible de te démourir ?
est-il possible de te démourir

TOMMY

une journée une heure une pulsation au poignet du monde
les anges ont de la chance
j'imagine ta tête posée sur les genoux des nuages
dis-moi que tu es bien
dis-moi qu'ils ne t'ont pas brisé
dis-moi que tu es
libre
libre
LIBRE

Tommy

le la s'éparpille comme une gemme sur la corde de mi
dernière note pour le prince moderne qui a troublé ma vie
quel honneur mon archet glissant sur les cordes de ta beauté
quelle pureté ton nom inscrit sur les paupières de l'éternité

Envoyé à Alain Blottière, le 09/08/2016, en remerciement pour son merveilleux roman.
Lien : https://lechemindeslivres.wo..
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Une technique littéraire originale: le narrateur veut réaliser un film sur la courte vie de Thomas Elek, jeune juif d'origine hongroise qui a adhéré au mouvement de résistants FTP-MOI.,qui fut arrêté et exécuté avec le groupe Manouchian, ceux de l'Affiche Rouge, le 21.2.44.
Il choisit comme acteur Gabriel,17 ans, jeune lycéen sans expérience cinématographique. Jeune des années 2000, sans idéal, sans rêve d'avenir,va totalement s'identifier au personnage, au risque de perturber son équilibre psychologique.
Le texte alterne entre scènes de tournage du film, références précises aux évènements réels,réflexions du cinéaste sur son rôle et son efficacité à transmettre L Histoire, et analyse psychologique des différents protagonistes. Les rapports mère-fils, présentés à partir des mémoires de Hélène Elek,qui a survécu aux déportations sont particulièrement émouvants.
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Alain Blottière se met dans la peau d'un metteur en scène qui fait un film sur la vie de Thomas Elek, résistant fusillé pendant la seconde guerre mondiale pour avoir fait dérailler des trains.

Tout au long du livre, on suit le récit, exprimé à la première personne, des recherches de documentaliste entreprises par le cinéaste et on découvre au fur et à mesure les scènes du film qu'il a tournées avec Gabriel dans le rôle de Tommy.

Le ressort de l'intrigue tient aux conséquences de ce rôle. Pendant le tournage, Gabriel, l'acteur principal, semble habité par la personnalité du résistant Tommy et quand on sait que le personnage réel et mort fusillé, on nourrit les plus grandes craintes quant au sort final de Gabriel.

À plusieurs reprises, l'auteur affirme, dans la bouche du cinéaste, qu'il ne veut rien inviter, ou du moins le minimum. J'aurais pourtant aimé qu'Alain Blottière ne reste pas à mi-chemin.

Les petits paragraphes présentés en italique correspondent aux scènes du film qu'ils tournent. Chaque scène est séparée de la suivante par des justifications du cinéaste sur le résultat de ses recherches documentaires. J'ai pourtant eu l'impression que c'était l'auteur du livre qui parlait le plus souvent.

Résultat : Il m'a été impossible de me plonger dans le film puisque les chapitres, les scènes, ne se suivent pas. Bien souvent, les explications données à la première personne par le cinéaste semblaient émaner d'Alain Blottière lui-même.

J'aurais préféré lire une histoire sous forme de roman retraçant les activités de résistance de Thomas Elek. D'autant que l'auteur en a manifestement le talent. Ce livre est merveilleusement écrit et bien des phrases sont magnifiques de virtuosité et d'élégance.

Un roman aurait évité ces coupures entre scène de film et explications sur la réalité de l'époque à la première personne des recherches de documents. Un roman m'aurait permis de m'identifier avec le résistant, de vivre ses actes de sabotage et de trembler avec lui pendant les jours les plus pénibles.

Evidemment, sous forme de roman, cette histoire n'aurait pu contenir l'intrigue de l'identification de l'acteur avec le résistant. Mais cette question, si souvent annoncée au fil des pages comme finissant en tragédie connait finalement un dénouement qui m'a laissé sur ma faim.

Je tire de cette lecture un bilan mitigé. L'architecture du livre faite d'une succession de plans de film et de chapitre d'explications ne m'a pas convaincu. L'écriture est pourtant sublime. En conclusion, je considère donc que l'auteur n'a pas tiré le meilleur parti de ses recherches, de cette histoire vraie poignante et de son talent.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
On découvre dans cette scène la relation singulière qui se noua entre Hélène la rebelle et son fils en armes. Engagée elle-même dans la Résistance, la mère encouragea son fils au combat. Non pas directement, mais par un soutien et un amour constants, une présence affectueuse, un lien presque magique : "Je suis Antée, et toi tu es la terre, lui disait-il, quand je te touche, j'ai de la force".
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J'ai imaginé un Tommy en état de choc, diminué, sans défense, rapidement vaincu, ne réagissant par le silence qu'à la première question puis à celle de sa judéité. Non pasprécisément la sienne, mais l'image de la judéité que fabriquait la propagande nazie, à laquelle il ne voulait pas qu'on l'assimile, qui l'avait entraîné à prendre les armes et qu'on voudrait forcément, désormais, lui coller à la peau. Je ne sus quelle fut pour Tommy la plus grande souffrance morale, à partir de ce jour, entre sa mère perdue, sa dignité perdue, sa vie perdue... Mais je parierais que pour lui, l'orgueilleux, grand prince blond, fils de reine, l'offense d'être rivé de force, sans moyen de s'en défaire, à cette image vermineuse et simiesque fut l'une de ses douleurs. Plus forte que l'avilissement des coups.
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Son sourire d'enfant, son sourire du plus beau de l'homme, est une lumière dans la nuit d'horreur que d'autres hommes, ivres d'instincts animaux, font tomber sur le monde.
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Ce court bonheur fut-il terni par cette dernière humiliation de figurer ce à quoi les tâcherons de la propagande voulaient les réduire : des monstres épuisés, transis, hirsutes. Tommy dut ressentir durement cet outrage. Pourtant, sur ces photos, de tous les dix (jeunes résistants) émanent, à l'inverse, une noblesse d'hommes libres, un orgueil de vagabonds, un panache d'aristocrates au pied de l'échafaud. Tout le contraire de la vulgarité grégaire et lâche d'un matamore S.S., comprimé dans son ridicule uniforme amidonné.
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Passé les premiers jours et le choc de la lecture du scénario, ces garçons - à l'inverse de Gabriel qui avait quitté le monde présent, ses rollers, son look, ses sorties - portaient toujours, greffés, leur portable, leur iPod, et papillonnaient gaiement entre les amusements de leur jeunesse insouciante. Au moment du tournage, alors que ma longue infusion dans le monde de Tommy parvenait à son paroxysme dans la recréation de ce monde, le contraste, déchirant, m'empêchait de les aimer vraiment. Comment pouvaient-ils incarner des jeunes Juifs combattant le nazisme avec la quasi-certitude d'en mourir, et de ne se préoccuper que de l'organisation d'une soirée à venir, de la réservation en août de leur club de vacances ? J'ai admis bien plus tard seulement que Wajsbrot, Fingercweig et Goldberg s'étaient battus pour cela, pour cette futilité dont ils devaient rêver, cette liberté de l'inconsistance, cette jouissance de la vanité.
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