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3.75/5 (sur 2 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) à : Québec
Biographie :

Crayon à mine ou clavier à la main, Alain Boucher partage son temps entre écritures personnelle ou commandée, d’écrivain de la mer à rédacteur professionnel spécialisé en navigation.

Grandi en pleine modernisation socioculturelle du pays – la Révolution tranquille, entreprise en 1960 –, Alain Boucher chevauche durant ses jeunes années sur le Québec d’hier et celui de demain. Son milieu familial érudit, ses études classiques et sa pratique des bibliothèques l’ont naturellement mené à la création, d’abord en milieu muséal puis publicitaire et enfin littéraire. Après avoir écrit de tout pour de nombreux clients dès 1975, il publie désormais, depuis 2010, ses propres œuvres de genres essai, récit, roman et nouvelle chez des éditeurs reconnus.

Il habite la ville de Québec et transite volontiers sur les rivages, du Québec à l’Europe.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Par le haut de la grave, je m'avançai résolument jusqu'au centre de la courbe de l'anse et me posai là . En silence. J'étais sans voix, ébahi par tant d'animation tranquille, ce bouillonnement de nature immaculée, originelle. Une image des onze mille vierges me vint à l'esprit, une conception de trésor et de richesse différente m'apparut, nouvelle, inédite et inouïe à moi qui n'avais connu que la pauvreté. J'avais péché déjà des cent milliers de morues, que je ne voyais qu'une à une, qui disparaissaient immédiatement dans les cales et appartenaient au capitaine dès qu'elles étaient ferrées. Voici que je touchais terre au Nouveau Monde pour la première fois et que je pouvais en un seul coup d'oeil primitif embrasser l'éden et siéger sans peurs ni même craintes parmi tous ces animaux rassemblés là sereinement, et qui n'étaient la propriété de personne.
J'en fus étourdi : me voilà soudain riche comme saint Pierre ; je faisais fortune en Terra Nova à cet instant précis, fortune d'une richesse qui appartenait à la fois en propre au Babordais et collectivement à tous. Le trésor était là sous mes yeux, mais je ne parvenais absolument pas à le désirer tant il était incommensurable.
Page 125
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Ce soir-là, un dimanche, l’équipage au grand complet fit force ripaille à bord de Magdalena. Rompant avec la tradition millénaire des beuveries de bousins de ports à la veille de l’appareillage, de Artalequ offrait le festin à ses hommes, mais à son bord. Les victuailles et boissons sans limites venaient de terre, pour ne pas entamer les rations de cambuse, et il nous était interdit de quitter la caravelle. Le capitaine était ainsi assuré qu’aucun des précieux mate- lots qui participaient à son succès et à sa réputation ne courre le risque d’être invalidé dans une rixe d’ivrognes concurrents, d’être dérouté par une plantureuse sirène de quai ou, pire des malheurs, qu’il rate la passerelle au petit matin pour la dernière fois de sa vie et disparaisse entre le quai et la muraille du navire en un solitaire, ultime et sinistre glouglou.
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La vie a fait autrement et suis resté ici, sur ma mer de Cocagne. Depuis, Laurence m’a peut-être pleuré ; aurait-elle souffert de mélancolie ? puis de nostalgie ? Enfin, après toutes ces années de disparition, fermant les yeux, elle m’aura remplacé possiblement, oublié probablement. Moi pas. Si dans les brumes du temps j’oublie un peu les détails de son visage et l’odeur de son sillage, le froufrou de la robe bleu-plaisir de mon amie m’accompagne sans cesse, tous les jours de ma vie.
Froufrous en bleu, en verts tourbillonnants de joie ; plis calmes et bien pris en turquoises bleutés de passion ; volants claquant en tempêtes de gris de craintes chagrines ; délicats balancements chaloupants sensuels en bleu-vert de tendresse, à garnitures blanches. Autres souvenirs sensoriels des qualités de la fille, outre la fraicheur de son vin rosé, elle portait aussi un tablier blanc hiver, que constellaient les indices du menu du jour sur fond d’effluves de soupes chaudes. Les froufrous colorés de sa robe m’habitent entièrement, tous mes jours de Mer. Seuls son visage et son corps ont changé, bien que certaines courbes et rondeurs lui soient restées.
Toutes ces années, j’ai navigué. Avec Laurence, sous ses traits nouveaux, éblouissants, sensuels.
Je cherchais de l’or, j’ai trouvé la richesse ; je cherchais la fuite, j’ai trouvé l’Ailleurs ; je cherchais l’horizon clair, j’ai trouvé le Saint-Laurent. J’ai pensé rentrer, finir mes jours auprès d’une amie ; je coule plutôt des jours infinis sur une mer qui porte son nom. Elle m’a tout donné, tout partagé. À boire et à manger sans fond, les craintes et la sécurité à la fois, chaud et froid, ses humeurs mauvaises et belles des jours changeants, ses amis et ses lumières de tous horizons, des caresses de vents et ses richesses, ses couleurs du jour maintenant, ses douleurs des négligences, ses marées de mortes et vives-eaux des treize lunes et mille saisons. L’amour de la Vie et tant d’autres aventures.
Toutes ces années, par Laurence et avec Jambe-de-chien, j’ai navigué en mer de Cocagne. Ils sont mes amis, ils sont moi, je suis eux.
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