Alain Gardinier

Quand Renaud Garreta m’a proposé d’écrire le scénario d’une bande dessinée axée autour du surf, j’ai presque aussitôt décidé de la situer à la fin des années soixante. Cela me permettait, outre le fait de décrire ce moment de transition révolutionnaire (les longboards deviennent shortboards), de replonger dans cette période unique où le surf français était encore à ses balbutiements. Mais cette immersion m’offrait aussi la possibilité de m’imprégner d’une autre de mes passions : la musique, plus précisément celle du Flower Power, de l’ère psychédélique qui naquit dans le San Francisco des alternatif de la fin des années sixties. Pierre, le héros de cette histoire, est en fait un condensé de deux personnages j’ai eu la chance de croiser dans ma vie : Alain Dister, jeune photographe devenu écrivain, qui se retrouva dans les rues de Haight-Ashbury et put côtoyer et se lier d’amitié avec les membres de Grateful Dead, Jim Morrison ou encore Janis Joplin. Témoin privilégié au cœur de cet incroyable mouvement, il le raconta dans des magazines et des livres qui fascinèrent le gamin que j’étais. Alain est décédé en 2008. L’autre, le plus présent dans ce récit, se nomme François Lartigau. Fin 1969, ce cador du surf français, solaire, libre et déterminé, prit la route pour l’Afrique du Sud puis l’Australie en quête de l’été sans fin. Il lui arriva mille aventures jusqu’à son retour à Biarritz quatorze ans plus tard. Surfeur, mais aussi dessinateur, graphiste et musicien, Murphy me demanda, quelques jours semaines avant de parti d’un cancer, de façonner le livre de sa vie de voyageur explorateur des plus beaux spots du monde, un ouvrage regroupant ses textes, photos et superbes dessins. Surfing Moments est sorti en mai 2017, quelques mois après son décès. Je suis très fier d’avoir pu ainsi rendre hommage à mon ami, et Hippie Surf Satori est un nouveau salut que je lui adresse d’ici Hey Murphy : Surf’s up ! – Alain Gardinier, 03/2023