Sa mort fut d'abord en moi une énergie intense se libérant. Si j'étais peiné, je ne l'étais pas vraiment, ayant perdu sa trace, fait deuil de sa présence depuis déjà longtemps. Et notre mère l'avait tant humilié en nous, mon frère et moi, et il avait tant ressemblé à l'image humiliante qu'elle en donnait qu'il était devenu vite pire que mort en nous. Le temps passé, au moins lui aura redonné une présence plus conforme. Et il m'arrive désormais, sinon de le pleurer, de le regretter ; et de regretter de ne pouvoir le pleurer.