Le hall de l'aéroport. Même la vie passe à la douane.
Des fonctionnaires tricotent leur ennui.
Des voix de l'arrière piratent les signes.
Elles éclusent les fausses notes.
Elles n'y parviennent pas.
Ils n'y parviendront jamais.
Visages Archipel
Des hommes sans nom jetés dans la gueule des cyclones
jetés hors du Mozambique sans la tribu des transes
hors du Coromandel sans les temples du safran
hors des récifs de Bretagne sans la houle des pardons
des hommes vaincus par le vide dans le silence des racines
des hommes sans nom cueillaient les baptêmes amoureux
des floraisons massives.
Et danse maloya le Port n'est pas assez beau
Et parle créole l'esclavage est à fleur de peau
Et nous voici nègres jusqu'au bout de la peau
Je ne dis pas nègre de couleur
Mais nègre de combat comme Lumumba d'Afrique
Nègre en liberté avec Simandef sur la plus haute montagne
Nègre-bidonville
Nègre cafre
Nègre tamoul créole
Nègre de Canton
Nègre d'Arabie
rescapé recalé interdit de séjour
dans le langage étranger venu de la fraude
Nègre asphyxié brûlé rhum de campement
Tout oublier jusqu'à demain matin
ne plus être un homme tout venant
qui ne va nulle part
Un nègre-comédie française.
Nous vivons pays-Maloya
jusqu'au bout de nos regards
Et nous montrons du poing
sur le perron de fer de la maison
la verte plaine de Savannah
où nos frères sont morts de peine
où nos mères se sont effacées sous les labeurs
où nos pères furent détruits par la boutique