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Critiques de Alain Santacreu (3)
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Généalogie du dieu argent

Pourquoi l'activité préférée de tant de gens est-elle le lèche-vitrine ? Pourquoi tant de gens courent-ils après les marchandises ?

Parce qu'ils ont l'illusion renouvelée d'y saisir un peu de bonheur ; bonheur qui ne réside pas tant dans l'usage qui sera fait de la marchandise, que dans la satisfaction qu'il y a à pouvoir l'acquérir, dans la jouissance de cette acquisition.

C'est pourquoi les marchandises doivent se faire belles ; avoir du brillant.

Mais - bien plus que leur mise en scène publicitaire -, c'est l'argent qu'elles représentent qui leur communique ce brillant : c'est par-dessus tout l'argent qui brille dans chaque marchandise.

Et c'est avant tout de ce brillant dont les consommateurs - malades de la grisaille de leurs vies esclaves -, sont avides.

"Généalogie du dieu argent" est juste la thérapie radicale.







INFORMATIONS EDITEUR :

En librairie sur commande (fin janvier).

Dès à présent disponible :

- Par chèque, à l'ordre de "Contrelittérature" : Revue Contrelittérature, L'ancien presbytère, 28170 Saint Ange (port gratuit).

- Par PayPal sur le site de la revue (Port gratuit.)

- sur Amazon



Nouveau depuis mars 2024 :

Le livre est désormais disponible en PDF gratuit sur le site de l'observatoire situationniste.
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En quête d'une gnose anarchiste

L’ouvrage d’Alain Santacreu est simultanément une « quête » et une enquête. Une enquête sur la nature et les causes de la conscience anarchiste ; et une quête de la sorte de connaissance qui se déploierait dans une société anarchiste.



Cette connaissance ne serait assurément pas une doxa et pas plus un ensemble de dogmes, car la première évasion anarchiste, que chacun peut expérimenter, s’opère contre « la domination de l’opinion ».



Cette connaissance relève de l’anarchie positive – en opposition créatrice aussi bien à la domination qu’à l’anarchie dans le sens du désordre – anarchie positive qui tient ensemble les contraires, non dans leur effacement ou leur dilution, mais dans le dynamisme propre à la vie elle-même ; dynamisme qui signale la conscience éclairée : « pour voir, il faut se tourner à la fois vers la lumière et vers l’ombre, voir le noir et blanc simultanément. »



Faute de quoi l’on retombe et l’on retombera dans « l’homogénéisation totalitaire », qui rend la vue grise, quelle que soit la profusion des couleurs de nos écrans.



Il s’agit d’œuvrer à cette “dialectique de l’équilibre” qui faisait dire à Proudhon que « la plus haute perfection de la société se trouve dans l’union de l’ordre et de l’anarchie. »



Le dynamisme de la vie, Alain Santacreu s’en approche en convoquant la notion complexe de « tiers inclus » (héritée de Stéphane Lupasco), dont on se contentera ici de souligner qu’elle ruine l’absoluité du principe de non-contradiction, invitant à sortir de la binarité, en assumant la tension créatrice qui non seulement permet les dépassements, mais vit de sa vie propre.



L’auteur développe de là une pensée de l’interstice, de « l’intervalle » par où « il est possible de s’extraire du rêve imposé par la “Société du spectacle” » (un camarade nous a fait remarquer qu’on trouve aussi cette notion d’intervalle, et de manière persistante, dans la culture japonaise ancienne. Le Ma, l’espace entre les choses mais qui est dans le même temps ce qui les relie et où se concentre l’essentiel de la tension. S’y rajoute également la notion de seuil, ce par quoi l’on accède).



A cette idée d’intervalle s’adjoint celle de talvera : les dictionnaires en donnent une signification négative : « espace qu’on ne peut labourer ». « Pourtant, poursuit l’auteur, il existe en occitan le verbe talverar qui signifie « travailler les bords d’un champs ». En effet, si la lisière du champ peut être laissée en friche pour servir de chemin entre les parcelles cultivées, il est possible de la travailler d’une autre manière que le champ.

C’est ainsi, qu’aux sillons labourés dans la longueur peuvent s’en substituer d’autres, tracés dans la largeur par le piochage, le bêchage et le sarclage de la terre. On y produit alors des cultures “mineures” : choux, betteraves, pommes de terre, etc. »

Et de poursuivre : « l’oubli de la talvera – non seulement du concept mais du mot qui le désigne – doit être mis en perspective avec toutes les dominations élitistes qui privilégient le centre aux dépens de la périphérie. Le concept de talvera prouve la nécessaire hétérogénéité de l’espace social. Il rompt l’uniformisation imposée par la réduction centralisatrice d’un modèle unique. »



Nous voici donc à la lisière d’un autre monde, intervalle d’où se conçoit, renaît et s’expérimente, pour reprendre les mots de Gustav Landauer, « la communauté primordiale et universelle : la communauté avec le genre humain et avec l’univers. »



Aussi prisonniers que nous nous trouvions du « camp globalisé », « réalisation finale de l’espace capitalistique, l’espace d’exception analysé par Agamben », « zone d’indistinction indéfinie de la marchandise », l’auteur peut donc relever que pourtant « chacun d’entre nous occupe un point de l’espace-camp d’où il lui appartient de s’élever pour renaître à l’humain. »
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Contrelittérature n°6

Nous pensons nécessaire de faire quelques remarques sur la revue elle-même, et pourquoi a-t-elle réussi à rassembler une telle richesse de contributeurs.

Le parcours de son créateur, Alain Santacreu, est lui-même singulier, et quoi qu’on en dise, rebelle à toute étiquette. La revue semble en effet avoir au moins à trois reprises fait peau neuve.

Il est frappant de remarquer, pour tout lecteur attentif, les changements survenus depuis le début, que ce soit dans l’optique intellectuelle, les choix éditoriaux, les contributions. Ces changements, qui furent sans doute parfois de véritables révolutions, sont en eux-mêmes le témoignage d’une pensée qui vit, respire, étouffe, reprend son souffle, guérit, se reprend et repart.

Le contraire d’un système, d’une idéologie, d’une mécanique conceptuelle.

Dans les aventures qui rejoignent l’imprévisibilité du vivant, le passé n’est rien d’autre que la matière première des créations présentes.

Alain Santacreu en témoignait récemment ainsi : « Ce site témoigne des strates de ma trajectoire intellectuelle, depuis la naissance de Contrelittérature, à l’orée de ce siècle, jusqu’à nos jours. Les textes qui semblent en contradiction avec mes prises de position actuelles peuvent donc s’expliquer par mon itinéraire personnel et les impasses idéologiques et religieuses où je me suis parfois fourvoyé. Aujourd’hui, le projet des éditions et de la revue Contrelittérature porte sur une critique radicale et transdisciplinaire de toutes les formes de la pensée de l’oppression, qu’elle soit religieuse, artistique, philosophique ou politique. »

Il n’est pas si fréquent (litote) de trouver des auteurs reconnaissant publiquement s’être fourvoyés et réalisant avoir abouti à des impasses.

Le réaliser est pourtant ce qui permet d’en sortir, et de ne pas y entraîner d’autres.

C’est peut-être ou sans doute cette humilité-lucidité qui a convaincu des auteurs déjà bien engagés dans cette « critique radicale de toutes les formes de la pensée de l’oppression » de l’accompagner et d’y prendre part.



Nous concernant du moins, cela mena quelques mois plus tard à la publication de la Généalogie du dieu argent par les éditions Contrelittérature, court pamphlet avec lequel elles commencèrent leur existence, suivi depuis par l’essai Enquête d’une gnose anarchiste, d’Alain Santacreu, dont nous avons déjà rendu compte.

Personne ne s’étonnera donc non plus que deux membres de l’Observatoire situationniste aient également contribué à ce numéro 6 de la revue.
Lien : https://observatoiresituatio..
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