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Citation de Nemorino


Je ressentais de l’affection pour Jan. Il avait toujours un mot gentil pour moi lorsqu’il venait. Un artiste célèbre : Jan Van Eyck, peintre de la cour de Philippe le Bon, notre duc de Bourgogne ! Les bourgeois de Bruges se l’arrachent. Tous veulent avoir leur portrait […]
Ce double me dérange ! Toute la journée je l’observe. Je ne supporte plus ce quadripède placé par Jan aux pieds des époux sur le panneau, tout petit, la queue en l’air, le poil long. Son regard amorphe surveille tous mes mouvements. […] Les chiens sont un symbole de fidélité et de prospérité, m’a dit Jan. […]
Chaque début d’après-midi, lorsque le soleil pénètre par les petits carreaux tout en haut de la fenêtre et inonde la pièce d’une lumière dorée, je m’installe confortablement pour regarder le couple immobile se tenant la main. […]
Elle, c’est Giovanna, la fille d’un banquier italien. […] Le peintre a su la mettre en valeur : superbe robe verte ourlée d’hermine. […] La coiffe blanche éclaire son joli visage poupin. […] Lui, c’est Giovanni Arnolfini. Il est riche et le montre.
[…] Aujourd’hui je suis seul. Mes maîtres sont sortis en ville […] Condamné à l’oisiveté, je me suis nonchalamment étalé sur le lit. Ce parfum… Chère Giovanna ! [...] Je l’aime. Toujours joyeuse, elle chantonne toute la journée malgré la mine lugubre de son nouveau mari. Heureusement il n’est jamais là.
Elle seule sait me caresser. […]
Décidément, cette peinture m’horripile ! Je ne comprends pas ma maîtresse qui accepte, passive presque servile, de poser ainsi sa main dans le creux de celle de cet homme qui va devenir son mari. […]
Je le trouve laid : profil chevalin, gros nez aux narines dilatées, yeux peu francs. De plus, il est maigrelet, les épaules étroites et tombantes. Ses mains blanches sont aussi fines que celles de sa femme. Je la plains…
Revêtu d’une tunique en velours, fourrée de vison, la teinte foncée du vêtement le rend encore plus triste… même macabre. Je n’ai jamais vu rire ce sombre personnage.
[…] Sera-t-elle heureuse avec cette brute qui ne cesse de me donner des coups de pieds dès qu’il me voit ? J’en doute…
[…] Pourvu que l'enfant ne ressemble pas au père ! *

* J’aime tellement cette nouvelle que j’ai fait un feu d’artifice de citations réunies en une seule ! Pour être fidèle au texte d’Alain Yvars, mon long extrait est criblé de crochets indiquant des coupures. C’est le chien, sorti de la toile de Jan van Eyck « Le portrait des époux Arnolfini », qui nous parle !
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