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Citation de CorpusChristi


M. de Hûgel pose comme postulat que le savant doit croire et que le croyant doit savoir. Il écrivait, à un de ses correspondants, le 1er juin 1903 :

« Nous avons à vivre et à créer, non une chose simple : la science sincère, mais une chose complexe, — complexe, coûteuse, mais consolante, comme est toute vie réelle et vécue, — la science sincère en et avec une religion profonde et historique, en et avec un catholicisme vivant parce que toujours renouvelé et réexpérimenté. Or, c'est tout juste en cette combinaison que réside la difficulté: lui dédier sa vie, c'est ce qu'il y a, je crois, de plus glorieusement dévoué et douloureusement fécond au monde. Car je ne me fais point d'illusion sur ce point : s'il semble bien dur qu'on ne puisse vivre et mourir en savant sincère (savant, bien entendu, en des matières historico-philosophico-religieuses) en l'Eglise, sans doubler cette activité par un dévouement d'homme profondément intérieur; s'il paraît que l'on ail le droit de dire halte à Dieu et aux hommes et d'insister qu'ils n'ont pas le droit d'exiger de nous plus que la solidité et persévérance d'un honnête homme moyen : tout cela est faux, tout cela croule et craque, de fait, dans les circonstances qui ont été faites, lentement, depuis plusieurs siècles, pour le savant catholique d'aujourd'hui. Et pour ma part, vu la profonde réalité de la vie intérieure, et que là, au fond, se trouve la vraie grandeur et joie de l'homme, — j'ai fini en bénissant Dieu (dans les moments de résignation laissés libres par les crises et par les chocs) de cette nécessité en apparence si brutale, de me faire pardonner mes idées par ma vie et mon aspiration spirituelles et m'adoucir et m'apprivoiser moi-même à tout ceci, comme instrument de mon assouplissement fortifiant. »

Si touchante que soit cette philosophie mystique, il est peu probable que l'esprit moderne la goûte. Il est trop porté à croire que tout homme, qu'il soit né chrétien, israélite, musulman ou bouddhiste, doit, avant tout, pour être sûr de ne pas se tromper, créer une chose simple : la science sincère,
science qui n'exclut sans doute pas une religion profonde, mais qui pourrait bien exclure les croyances réputées orthodoxes dans les confessions religieuses auxquelles on appartient par la naissance.

Chapitre quatrième. Le libéralisme religieux à l'étranger
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